quiet quitting
RH

Quiet quitting: une tendance ou surtout un symptôme ?

07.12.2022
par Bavo Boutsen

À une époque où le marché du travail semble souvent dominer le débat, le quiet quitting est devenu un des sujets majeurs de l’automne. Un indicateur de la perception du travail en 2022, mais aussi et surtout un phénomène symptomatique de notre époque. 

Le quiet quitting consiste à travailler juste assez pour éviter le licenciement. Les adeptes de ce principe exécutent donc leurs tâches, mais sans plus. Fini, donc, de répondre aux mails après les heures de travail, sans parler des heures supplémentaires ! En d’autres termes, on se fixe et on applique des limites très claires quant à la place du travail dans sa vie. 

Aucune preuve irréfutable 

Ce terme plutôt tendance pourrait laisser penser le contraire, or le phénomène n’est pas nouveau. « S’il ne portait pas d’étiquette auparavant, le phénomène est présent au sein de notre société depuis des décennies », explique Martin Valcke, professeur de pédagogie à l’UGent, dont les recherches portent notamment sur l’engagement des enseignants. « Rien ne prouve, selon moi, que l’on serait aujourd’hui plus nombreux à vouloir moins s’investir dans notre profession. Il y a toujours eu des personnes désireuses de travailler ainsi. Tout comme il y a toujours eu des travailleurs acharnés. »

« Scientifiquement, rien ne prouve non plus que les jeunes, auxquels ce terme est principalement associé, seraient moins engagés au travail », précise Anja Van den Broeck (KU Leuven), spécialiste de la motivation au travail. Anja mène chaque année une enquête sur le sujet, en collaboration avec le prestataire de services RH Tempo-Team.

Rien ne prouve, selon moi, que l’on serait aujourd’hui plus nombreux à vouloir moins s’investir dans notre profession.

- Martin Valcke, UGent

Pourquoi est-ce que je travaille ? 

Donc, pour l’instant, rien ne prouve que la tendance au quiet quitting se renforce. Voici dès lors la question qui se pose : pourquoi ce sujet fait-il désormais parler autant ? 

Réponse possible : il s’inscrirait dans l’état d’esprit actuel. Celui-ci se caractérise, d’une part, par une grande incertitude. D’autre part, ces émotions se manifestent dans un monde où les repères socialement définis de l’âge adulte, tels que l’indépendance financière, le mariage, les enfants et l’achat d’une maison, sont de plus en plus flous. 

Autrement dit, les réalités sociales et économiques soulevant, pour beaucoup, plus de questions que de réponses, l’incertitude quant à sa « raison d’être » professionnelle semble dominer chez de plus en plus de personnes. Beaucoup d’entre nous cherchent donc en permanence une place dans le système à plus grande échelle. En conclusion : tout comme le burn-out, qui a en partie les mêmes origines, mieux vaut ne pas sous-estimer l’importance du sens dans le quiet quitting, ni le cantonner à une simple tendance sur les réseaux sociaux. 

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