Santé

Les bases de données, l’élément essentiel au développement de l’IA

07.03.2024
par Thibaut Van Hoof

Si l’intelligence artificielle prend de plus en plus de place et offre de nouvelles possibilités, la médecine va connaître, elle aussi, de profondes mutations. Au-delà de l’outillage et de la précision des diagnostics, la collecte des données est un élément essentiel.

Depuis quelques mois, on ne peut plus analyser un secteur sans évoquer l’intelligence artificielle. Les innovations sont partout et les possibilités sont infinies pour faire évoluer les métiers et notre vie de tous les jours. La Belgique doit prendre le bon wagon pour rester une place forte en matière de développement digital.

Le secteur de la santé n’échappe pas à la règle et va connaître de grands changements. Les cabinets et les blocs opératoires vont voir arriver de nouveaux outils, mais pour contribuer à une intelligence artificielle efficace et correctement nourrie, le développement de bases de données est essentiel.

Pour l’encadrer, l’État belge a déjà réfléchi à plusieurs outils, comme l’explique Mathieu Michel, secrétaire d’État à la Digitalisation, chargé de la Simplification administrative, de la Protection de la vie privée et de la Régie des bâtiments. « L’intelligence artificielle et la gestion des databases seront des éléments essentiels dans les années à venir, dans les soins de santé. », affirme-t-il. « Il faudra trouver le juste milieu entre la confiance des citoyens et l’innovation. C’est pour cela que nous avons élaboré un texte de loi qui vient réformer la protection des données des patients en Belgique, via la Health Data Agency. »

L’intelligence artificielle et la gestion des databases seront des éléments essentiels dans les années à venir, dans les soins de santé.

- Mathieu Michel, Secrétaire d’État à la Digitalisation

Mais on ne parle pas seulement de protection des données. C’est l’échange des données qui doit être plus efficient. « L’objectif est de sécuriser cet échange de données et de veiller à l’anonymisation des données des patients, mais aussi de légitimer ces échanges et de les rendre efficaces pour la recherche. Beaucoup de pays nous regardent depuis la création de cette agence, au printemps 2023. Ces données doivent améliorer les soins de santé dans les années à venir. »

La question est alors de savoir comment développer des outils concrets sur le terrain. Giovanni Briganti, chargé de cours Titulaire de la Chaire Intelligence Artificielle et Médecine Digitale à l’Université de Mons, nous éclaire. « La médecine digitale représente différents axes et applications très pratiques et déjà présentes dans de nombreux hôpitaux. Je pense d’abord à la médecine prédictive, qui peut émettre des risques précis pour les patients à quelques jours ou mois. Cette médecine préventive est appuyée par de nouveaux engins qui permettent des tests plus précis et efficaces. Au niveau du diagnostic aussi, des outils aident les médecins à mieux détecter et comprendre des maladies. »

En clair, l’intelligence artificielle peut venir aider le médecin dans son analyse et, parfois, proposer plusieurs solutions de traitement. Et plus l’IA sera nourrie par des données de patients et des traitements en cours, plus elle sera efficace. « C’est un outil majeur dans la médecine de demain. Cela concerne les données qu’on peut partager entre les hôpitaux, mais aussi avec les patients qui peuvent collecter eux-mêmes des données chez eux via des applications bien spécifiques, comme leur montre connectée. »

Cependant, des freins existent toujours pour le développement de ces bases de données. « Il y avait un frein technique, mais il a disparu, commente Giovanni Briganti. Deux principaux obstacles subsistent : l’implémentation et l’adoption. Il faut former les médecins et les soignants à ces nouvelles technologies et trouver le moyen de déployer ces technologies et les inclure dans nos standards de soins. Enfin, il reste la validation clinique des technologies utilisées, et cela prend du temps. »

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