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Non, e-mobility n’est pas nécessairement plus cher

08.09.2022
par Bavo Boutsen

À l’heure actuelle, on pense que si l’on souhaite acheter une voiture électrique il faut y mettre le prix fort. Et on pense souvent aussi que cela implique d’électriser tout le parc automobile de l’entreprise. En réalité, il n’en est rien. 

Même si le prix moyen des véhicules électriques a considérablement diminué ces dernières années, les voitures électriques restent chères à l’achat. La majorité de la population pense donc qu’il est plus onéreux de rouler à l’électricité qu’avec un combustible fossile. « La mobilité durable est surtout l’apanage de quelques privilégiés », imagine-t on. 

Mais cette façon de penser est en décalage avec la réalité, explique Lieselot Vanhaverbeke, attachée au Centre de recherche sur la mobilité, la logistique et la technologie automobile (MOBI) à la VUB, qui mène des recherches sur l’impact socio-économique de la mobilité électrique.  Selon Lieselot Vanhaverbeke : « Si l’on considère ce que l’on appelle le Total Cost of Ownership (TCO), à savoir le coût total de possession d’un véhicule sur toute sa durée de vie, à l’heure actuelle une voiture électrique est parfois plus intéressante qu’une voiture diesel ou à essence classique. […] Cela s’applique en particulier au segment “haut de gamme”. Dans le segment intermédiaire, les coûts sont assez similaires. Les voitures traditionnelles sont donc toujours moins chères uniquement dans le segment des citadines, les plus petites voitures. »

Geert Degroote de Certipower, une entreprise qui installe des bornes de recharge, est également de cet avis : « Une voiture électrique est déjà très intéressante actuellement, surtout pour ceux qui parcourent de nombreux kilomètres par an ». Selon Lieselot Vanhaverbeke, peu de consommateurs tiennent compte du TCO d’un véhicule lorsqu’ils envisagent d’acheter une nouvelle voiture, c’est ce qui explique cette perception répandue de la majorité de la population en décalage avec la réalité. « Les recherches montrent que seul un quart des consommateurs raisonnent de cette manière. Le prix d’achat reste un facteur décisif. » 

Une voiture électrique est déjà très intéressante actuellement, surtout pour ceux qui parcourent de nombreux kilomètres par an.

- Geert Degroote, Certipower

On perçoit en même temps sur le terrain que l’approche TCO s’impose de plus en plus dans la population. « Tout le monde s’accorde sur le fait que les coûts de consommation prennent le dessus sur le prix d’achat, certainement en raison des prix actuels de l’énergie », explique Geert Degroote. Lieselot Vanhaverbeke prévoit dès lors que les augmentations actuelles des prix de l’énergie nous feront passer encore plus rapidement à une mobilité plus durable. « Les véhicules électriques sont plus efficaces en ce qui concerne la conversion énergétique et donc plus intéressants en période de forte hausse des prix du carburant. »

Qui plus est, ce décalage entre la perception et la réalité est, aujourd’hui, totalement révolu sur le marché des voitures de société. « Les entreprises raisonnent de toute façon toujours sur la base du TCO. Pour elles, le choix de l’électricité est donc une évidence. En outre, les voitures de société se situent généralement dans le segment légèrement supérieur », selon Lieselot Vanhaverbeke. 

Cela se reflète aussi dans les chiffres : l’an dernier, pas moins de 9 nouvelles immatriculations sur 10 concernaient des voitures de société. Dans la pratique, nous constatons que les entreprises misent de même pleinement sur les systèmes qui transposent la carte carburant traditionnelle à la nouvelle réalité électrique. Ainsi, de plus en plus d’entreprises font installer une borne de recharge au domicile de leurs collaborateurs et supportent elles-mêmes les frais d’électricité afférents.

Le cadre fiscal existant ayant pour objet d’augmenter l’attrait du passage aux voitures électriques joue un rôle majeur à cet égard. « On constate aussi que la politique de nos gouvernements est de plus en plus clairement axée sur la mobilité à plusieurs échelons. Dans ce cadre, le principe de base est le recours à différents modes de transport. L’Europe montre nettement la voie en la matière », ajoute Lieselot Vanhaverbeke. Cette dernière prévoit par conséquent que le problème de perception qui entoure le coût de l’électrification (sur le marché privé essentiellement) se dissipera au cours des prochaines années. 

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