automatisation
RH

IA et automatisation : Des outils qu’il ne faut pas craindre

22.06.2023
par Bastien Craninx

IA et automatisation ne doivent pas être diabolisées. Elles ne sont pas prêtes à remplacer entièrement lhomme sur le marché du travail. Mais encore faut-il éviter lobsolescence des compétences.

Bien quelles concernent chacune des tâches dun ordre différent, lIA et lautomatisation marquent déjà de leur empreinte de nombreux métiers, bouleversant parfois leurs modes de fonctionnement . « Rien que le secteur RH a dû s’adapter à ces technologies », explique Giseline Rondeaux, chercheuse senior au Lentic (HEC-ULg). « Lintervention technique, les métiers de la relation client et du marketing et même une part non négligeable du processus de sélection et de recrutement (automatisation des échanges, tri des CVs,…) des candidats peut aujourdhui être réalisée grâce à des machines ». Mais à quel point ces nouveautés technologiques ont-elles un impact dans le monde du travail ? 

Cette évolution rapide a toujours alimenté les débats et voit lhumain être définitivement remplacé par le robot dans certains secteurs. Ce nest pourtant pas la conclusion à laquelle sont arrivées plusieurs études récentes sur le sujet. Même sil est clair que ce type de technologies modifie les tâches des travailleurs, les compétences métiers de ceux-ci resteraient importantes. « La réponse apportée par l’IA ne sappliquera effectivement pas dans certaines situations », poursuit la chercheuse. « Sans oublier que la machine ne remplacera jamais complètement les soft skills comme lempathie, linstinct ou linterprétation de la gestuelle et du non-verbal ».

L'automatisation ne remplacera jamais les soft skills comme l’empathie, l’instinct ou l’interprétation de la gestuelle et du non-verbal.

- Giseline Rondeaux, Lentic (HEC-ULg)

Les experts imaginent plus une transformation quune réelle disparition ou apparition de certains métiers. « Même si cela dépend du pays », nuance Amélie Alleman, fondatrice de Betuned. « Par exemple, une étude américaine a montré que 48% des entreprises qui ont adopté ChatGPT ont déjà procédé à des licenciements. Alors qu’en Europe et en Belgique, c’est moins clair. Mais cette analyse a ses limites car, si on est honnête, on ne connaît pas encore les conséquences réelles de son impact ». Cette mutation sera également plus marquée dans certains métiers et pour certaines tâches. « Les tâches répétitives et sans valeur ajoutée seront bien entendu le plus impactées ».

Mais dans lensemble, rien ne sert de céder à la panique. « Nous revivons actuellement les craintes quavaient pu vivre les secrétaires lors de lapparition de lordinateur», rappelle Giseline Rondeaux. « Au final, elles ont simplement dû sadapter et devenir des assistantes de direction plutôt que des spécialistes du traitement de texte ». Aujourdhui, croire que des Data Scientists remplaceront un jour lensemble des travailleurs dans nimporte quel secteur nest pas réaliste.

Ce glissement ne se fera cependant pas tout seul. Les entreprises comme les travailleurs doivent prendre des mesures pour éviter lobsolescence de leurs compétences. « Le point de départ est avant tout de comprendre que ces technologies ne doivent rester que de simples outils », poursuit Amélie Alleman. « Intégrées dans le processus de travail, elles offrent un gain de temps et permettent de se focaliser sur dautres activités, augmentant dès lors la valeur ajoutée ». Il est également important de garder en tête que cette mutation intensifie la charge mentale des tâches concernées en les rendant plus pointues. Ce qui aura, à coup sûr, une influence sur le bien-être des travailleurs. « Des évolutions dans le mode de fonctionnement doivent être mises en oeuvre », poursuit Giseline Rondeaux.

« Ce nest pas avec un simple manuel vidéo que lon familiarisera ses collaborateurs à cette nouvelle technologie. La présence de Key Users est par exemple indispensable ». Enfin, les deux expertes soulignent un point crucial pour que cette transition fonctionne : linformation claire et précise des entreprises vers leurs employés. « Ils doivent être rassurés concernant les finalités assignées aux technologies introduites et les impacts pressentis sur leur fonction », estime Giseline Rondeaux. Lexperte préconise ainsi de remplacer les craintes de licenciements par des plans concrets de formation et/ou de requalification. Après tout, la technologie doit toujours être vue comme une opportunité.

Article précédent
Article suivant