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Opinion

Pennel : « La consumérisation du travail »

22.06.2023
par Fokus Online
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Denis Pennel, directeur général de la World Employment Confederation

L’individu veut reprendre le contrôle du contenu et des conditions de son travail pour les adapter à ses attentes. Des aspirations que devront parvenir à satisfaire les entreprises si elles veulent attirer les meilleurs talents.

Notre marché du travail fait face à une révolution sans précédent dans le chef des salariés et collaborateurs. Dans le rôle de déclencheur, on retrouve de nombreux facteurs comme l’impact des nouvelles technologies et la généralisation du travail à distance qui ont bousculé la relation employeur-employé. Sans parler des pénuries de main d’œuvre qui ont redonné le pouvoir aux candidats. Mais un élément marque particulièrement les esprits : les nouvelles attentes des individus en matière de relation avec leur travail. 

Auparavant, c’était à nous, individus, de nous adapter à notre vie professionnelle. Un état de fait qui a connu un véritable retournement de situation. C’est désormais à notre environnement professionnel de s’adapter à notre situation personnelle. Le travail est devenu un mode de vie, avec pour corollaire une soif de liberté et un appétit pour plus de choix et d’autonomie. Chacun  souhaitant reprendre le contrôle de ses conditions de travail et de son contenu. Adieu les reportings rébarbatifs et les tâches désincarnées, les travailleurs veulent être reconnus pour leurs compétences réelles. Le tout dans un cadre managérial bienveillant et avec des avantages sociaux ! Et de son côté, l’entreprise doit les soutenir et les accompagner dans leurs nouvelles aspirations.

Le travail est devenu un mode de vie, avec pour corollaire une soif de liberté et un appétit pour plus de choix et d’autonomie.

Si ce phénomène est spécifique au monde du travail, il s’intègre pourtant dans une conception bien plus générale ; celle de la société de consommation par excellence. De plus en plus, le travail est consommé comme tout autre service ou produit disponible sur le marché. L’essor des plateformes en ligne est passé par là… Et la qualité de ce bien de consommation implique qu’il soit consommé en toute liberté, de manière autonome et surtout, dotée de sens. Un travail utile avec un impact réel et une direction claire dans l’évolution personnelle et professionnelle. 

De leur côté, les employeurs ont bien du mal à gérer ce mouvement de consumérisation. Alors, ils cherchent des solutions. L’une d’entre elles serait de traiter leurs collaborateurs comme des clients. À l’expérience client viendrait donc s’ajouter l’expérience collaborateur au sein de laquelle l’individualisation des contrats et des conditions de travail semble devenir incontournable. Ce qui pose un nouveau défi pour les années à venir : parvenir à réaliser le juste équilibre entre cette quête d’individualisation et le maintien d’un collectif au travail. 

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