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Des lunettes autofocales pour contrer la presbytie par simple pression sur un bouton

25.11.2022
par Fokus Online

Les lunettes multifocales sont une solution pratique pour ceux qui ont des problèmes de vision liés à l’âge. Mais cette technologie présente certaines limites : distorsions et vision en largeur réduite. Les lunettes autofocales offrent un plus grand champ de vision et un meilleur confort visuel.

Toutes les personnes âgées de plus de 40 ans seront tôt ou tard confrontées à la presbytie. C’est partant de ce constat que le Dr Jelle De Smet (imec et UGent) à mis au point une application de la lentille commutable qu’il avait développée pendant son post-doctorat : une paire de lunettes de haute technologie pour ceux qui, en plus de leurs troubles oculaires ordinaires, souffrent de presbytie. Avec son collègue Paul Marchal, le Dr De Smet a fondé Morrow Eyewear en 2016. Aujourd’hui, l’entreprise technologique gantoise lance la commercialisation de ses lunettes autofocales comme alternative intéressante aux solutions progressives classiques.

La presbytie fait partie du processus naturel de vieillissement, explique le Dr De Smet. « Notre œil abrite une petite lentille qui change de forme pour faire la mise au point sur des objets ou des lettres proches. À partir de 45 ans en moyenne, cette lentille perd de sa souplesse, rendant la vision de près plus difficile. »

La solution d’entrée de gamme pour ceux dont la vision est par ailleurs bonne est la simple paire de lunettes de lecture. Mais ceux qui souffrent déjà d’une déficience visuelle ont alors besoin de deux paires de lunettes : une pour voir loin
et une autre pour voir de près. « Aujourd’hui, les verres dits ‘progressifs’ ou ‘multifocaux’ offrent un remède discret aux deux affections oculaires en un seul verre. Les visions lointaine, intermédiaire et de lecture sont réparties de haut en bas. Vous voyez avec netteté selon l’endroit où vous regardez dans le verre. »

L’avantage est qu’il ne faut plus constamment changer de lunettes : one size fits all. Mais en raison du large gradient de dioptrie entre le haut et le bas du verre, sa surface présente une distorsion visible sur les bords. « Tant en vision de loin qu’en vision de lecture, cette distorion rétrécit le champ de vision. La montée des escaliers, par exemple, pose souvent problème. Et un texte n’est lisible que sur une longueur de ligne limitée. C’est pour cela que les porteurs de lunettes progressives bougent souvent la tête quand ils lisent. »

Les distorsions optiques des lunettes progressives réduisent le champ de vision, tant en vision de loin qu’en vision de lecture.

Pour éviter cet inconfort, la technologie des lunettes autofocales imite autant que possible le fonctionnement d’un cristallin sain, explique le Dr. De Smet. « Au bas du verre se trouve une petite lentille électriquement commutable, faite d’une sorte de film contenant des cristaux liquides : le même matériau utilisé dans les téléviseurs LCD. En appuyant sur un bouton, un courant est appliqué au film. La position des cristaux change et la lentille agit alors comme une loupe. »

Même en mode off, la lentille réduit la différence de dioptrie entre les parties supérieure et inférieure du verre. Ce qui diminue considérablement la distorsion caractéristique des verres progressifs, explique le Dr. De Smet. « Les porteurs de lunettes autofocales bénéficient d’une vision meilleure et plus large à presque toutes les distances. Le passage aux lunettes autofocales est également moins radical et le proces- sus d’ajustement plus agréable qu’avec des lunettes progressives. »

Sur le plan esthétique, les lunettes autofocales font le moins de compromis possible. « Bien sûr, il faut mé- nager de la place pour l’électronique, mais les lunettes doivent aussi être belles. Nos montures sont imprimées en 3D. Nous proposons actuellement environ 160 variantes dans différents modèles et couleurs. Et nous comptons intensifier notre coopération avec les fabricants de montures et les bureaux d’études spécialisés. »

La première version des lunettes autofocales a été lancée à l’été 2021. Depuis, le produit a passé la phase pilote, confirme Jelle De Smet. « D’ici la fin de l’année, la plage de prescription aura été étendue aux prescriptions de -6 à +4, soit 95 % de l’ensemble. » En ligne avec le prix des lunettes progressives haut de gamme, il faudra compter entre 1 000 et 1 500 euros pour une monture incluant les verres. Un investisse- ment de confort visuel offrant un retour indéniable, selon le technologue.

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