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Lifestyle

L’importance du me-time

24.01.2023
par Ellen Van Hoegaerden

Me-time est un moment de ressourcement nécessaire au milieu d’un fatras de stimuli et d’éternels « il faut, il faut, il faut ». Comment apprendre à multiplier les rares moments de temps libre et à être à l’aise avec soi-même ?

Le me-time consiste à être seul.e, avec vos seules pensées pour compagnie. Certains appréhendent ces moments, d’autres les accueillent à bras ouverts. Fleur van Groningen, auteur de “Feeling Without a Filter” et dessinatrice, y voit surtout l’occasion de recharger ses batteries : « J’y parviens lorsque je suis seule ou avec quelqu’un avec qui je me sens bien. Il est important de ne pas avoir peur de sa propre compagnie. Le me-time, c’est aussi avoir un dialogue avec soi-même, percevoir ce qui se passe en soi et le ressentir pleinement. » 

Le me-time doit être envisagé dans le cadre des soins que l’on s’accorde à soi-même. « Ce n’est pas un luxe mais un besoin fondamental, un investissement en soi », explique Veerle Dobbelaere. « Il faut se débarrasser de l’idée que cela doit figurer en bas de notre liste de priorités ou qu’il faut y consacrer beaucoup de temps », poursuit l’actrice, coach de vie et fondatrice de la Breathing Space Academy. « C’est aussi simple et accessible que de se réserver une minute par jour. Regarder au loin pendant 60 secondes ou tout simplement respirer sont de petits gestes qui font une grande différence. » 

Les outils du me-time

Il faut donc commencer par se fixer des intentions. Mais au stade de la mise en pratique, les choses se compliquent souvent un peu. « Je médite une heure par jour, sauf quand je suis trop sous pression. Alors je médite deux heures », confie Veerle Dobbelaere en citant un vieux dicton zen. « Cela résume bien la démarche. Notre cerveau fonctionne moins efficacement lorsqu’il est en mode stress. Il est donc très important de faire régulièrement une pause pour revenir à soi. Il existe de nombreuses méthodologies et outils pour cela. » Fleur van Groningen, par exemple, décompresse dans la nature. « J’aime aussi être créative, je peins, j’écris et je médite. Ou je lis de beaux romans, de la vraie nourriture pour l’âme. » Elle compare le binge watching de séries et le scroll sur Instagram à du fast food pour l’âme. « Manger un hamburger de temps en temps n’est pas une catastrophe, mais ce n’est pas un repas à part entière. Ce type d’activité ne doit donc pas être votre seul moment de me-time. Cela dit, cela peut vous vider l’esprit et vous ne devez donc pas vous en priver radicalement. Et regarder un film d’art et d’essai exige assurément plus d’efforts qu’une émission de télé-réalité. »

Une autre raison pour laquelle les gens ne profitent pas de ces moments de solitude est la culpabilité qu’ils en éprouvent bien souvent. Fleur van Groningen, elle aussi, en a fait l’expérience : « J’ai dû apprendre à me l’autoriser. Enfant, je me négligeais souvent, en partie à cause de mon environnement familial, et je m’adaptais constamment. Mais alors vous n’apprenez pas à ressentir vos besoins et à les prendre en compte. J’avais l’habitude de ressentir beaucoup de culpabilité si je ne me rendais pas utile aux autres. De nombreuses personnes vivent cela. Nous sommes très rarement encouragés à prendre soin de nous-mêmes. »

Cela découle d’une certaine pression sociale : prendre du temps pour soi est censé être non prioritaire lorsqu’on a une famille à charge, en plus de toutes les attentes au travail ou à l’école. « Il n’y a rien de plus faux que de penser que prendre soin de soi est égoïste », déclare Veerle Dobbelaere. « C’est tout le contraire. Il s’agit d’abord de prendre soin de soi pour ensuite pouvoir faire de même pour quelqu’un d’autre. » Fleur van Groningen acquiesce avec conviction. « Si vous vous mettez à plat psychiquement, à long terme vous ne pourrez rien donner aux autres non plus. Mais si vous vous sentez bien, cela va rayonner sur tous ceux qui vous entourent. »

Il n'y a pas plus faux que de penser que prendre soin de soi est égoïste.

- Veerle Dobbelaere, Breathing Space Academy

Pas de paix de l’esprit sans fixer ses limites

L’outil le plus efficace pour prendre soin de soi ? Fixer des limites, ce qui implique pas mal de tâtonnements. Veerle Dobbelaere : « Notre éducation ne nous a jamais vraiment enseigné à poser des limites, on nous a appris à être silencieux et à marcher droit. Et on a vite tendance à croire que quelqu’un sera en colère ou déçu si nous disons non : nous pensons trop souvent à la place des autres. Ce qui est impossible. » La prise de conscience est essentielle ici : comment découvrir ce qui me rend heureux, quand je veux en fait dire non et être à l’aise avec moi-même ? « En fait, notre corps indique toujours quand on veut ou ne veut pas quelque chose. Écoutez-le, sentez où se trouve la tension et osez exprimer à haute voix vos besoins. »

« Je dois encore m’en convaincre tous les jours , confie Fleur van Groningen à propos de son propre processus d’apprentissage. Lorsque j’étais trop sollicitée – ce à quoi je dois faire très attention en tant que personne ultra sensible – je ressentais de la honte et j’y faisais face toute seule. Depuis, je fixe des limites. » Vous vous créez ainsi une sorte de cocon psychologique, un espace de sécurité. Après des années de sursollicitation passées à être la « pire version » de vous-même – pleurnicharde, anxieuse, nerveuse – apparaît alors soudain cette personne facile à vivre dont vous ne soupçonniez même pas l’existence. »

Et quoi de plus agréable que de passer du temps avec elle ? Alors prenez rendez-vous avec vous et profitez de votre propre compagnie. Fleur van Groningen : « Les gens s’inquiètent à tort d’aller seuls au restaurant ou au cinéma, par exemple. Mais les autres se soucient surtout d’eux mêmes, pas de vous. De plus, en votre propre compagnie, vous pouvez faire ce que vous voulez. C’est un peu comme redevenir un enfant. Et petit conseil supplémentaire : programmez vos moments de self-care avant vos autres rendez-vous. »

Un bon équilibre en termes de connexion est toutefois important, ajoute Veerle Dobbelaere : « Nous sommes biologiquement faits pour nous connecter. Il ne faut pas combattre cette inclinaison. Si vous n’aimez pas être seul.e, ne vous lancez pas dans un voyage en solitaire. Allez vous promener ou prendre un café. Encore une fois, commencez modestement et voyez après ce que cela vous a apporté. » Parce que, pour résumer, les émotions sont nos meilleurs professeurs pour nous apprendre ce dont on a vraiment besoin. 

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