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Pénurie de personnel: « Ne cherchez pas la perle rare »

07.12.2022
par Sophie Pycke

La Belgique compte actuellement 1,3 million de non-actifs. Tant en Flandre qu’à Bruxelles et en Wallonie, le manque de personnel est criant. Comment les ministres compétents en matière d’emploi envisagent-ils la question et quelles solutions avancent-ils ? 

pénurie de personnelJo Brouns
Ministre flamand de l’Emploi (CD&V)

Comment expliquer l’importante pénurie de personnel dans votre région ? 

« Le nombre de travailleurs actifs en Flandre n’a jamais été aussi élevé. Le taux d’emploi est de 76,6 pour cent et le nombre de demandeurs d’emploi est historiquement bas, à 188 000. Pourtant, de nombreux postes vacants restent non pourvus. L’afflux de jeunes diplômés ne suffit pas à compenser les sorties du marché du travail. La réserve de main-d’œuvre est en revanche très importante. Plus de 700 000 personnes ne recherchent pas activement un emploi. »

Quels conseils donneriez-vous aux entreprises qui peinent à combler ce manque de personnel ? 

« Ne cherchez pas la perle rare possédant le diplôme idéal, une maîtrise parfaite des langues et une tonne d’expérience. Concentrez-vous plutôt sur la formation des candidats dont le potentiel correspond aux valeurs et aux normes de votre entreprise. Il existe de nombreuses aides à la formation pour les employeurs, que vous trouverez sur le site www.vdab.be. Vous y trouverez aussi des informations sur les outils qui vous aideront dans vos démarches. »

Quelles solutions votre gouvernement propose-t-il aux entreprises ?

« La Flandre se donne pour priorité d’orienter activement les demandeurs d’emploi vers le marché du travail et d’identifier le potentiel chez les personnes qui ne sont pas encore ou autrement actives. Nous aidons les employeurs à donner une place à la diversité sur le lieu de travail. Nos incitants financiers facilitent également l’embauche de personnes souffrant de handicaps professionnels. Une dernière piste serait de chercher des travailleurs en dehors des frontières de l’Union européenne. »

taux d'emploiBernard Clerfayt
Ministre bruxellois de l’Emploi (DéFi)

Comment expliquer l’importante pénurie de personnel dans votre région ?

« Près de 70 % des demandeurs d’emploi bruxellois sont peu ou pas qualifiés. À Bruxelles, le défi ne porte pas sur l’emploi, mais sur les compétences. En outre, il existe une forme de discrimination institutionnelle, dans la mesure où les emplois du secteur public – qui représentent près de 40 % des emplois à Bruxelles – ne sont accessibles qu’aux diplômés. Une partie du chômage, et donc de la pénurie de main-d’œuvre, pourrait être résolue grâce à l’équivalence des diplômes. »

Quels conseils donneriez-vous aux entreprises qui peinent à combler ce manque de personnel ? 

« La collaboration avec les services publics de l’emploi devrait être un automatisme. Actiris et Bruxelles Formation sont entièrement gratuits et aident les entreprises dans leur recherche de futurs collaborateurs. L’investissement dans la formation des futurs travailleurs est un autre pilier important. Les entreprises devraient contribuer davantage à la formation des talents bruxellois. Les entreprises qui forment leurs employés réussiront à trouver les profils qu’elles recherchent. »

Quelles solutions votre gouvernement propose-t-il aux entreprises ?

« À Bruxelles, nous avons créé une structure unique qui relie les services publics de l’emploi à une industrie. Nous mettons en commun les ressources des secteurs public et privé pour améliorer les compétences des Bruxellois et permettre aux entreprises de recruter les profils dont elles ont besoin. Chez Actiris, les demandeurs d’emploi inscrits seront soumis à un bilan de compétences et ceux inscrits depuis plus d’un an devront suivre une formation. »

pénurie de personnelChristie Morreale
Ministre wallonne de l’Emploi (PS)

Comment expliquer l’importante pénurie de personnel dans votre région ?

« La pénurie de personnel n’est pas propre à la Wallonie. Nombre de régions et de pays d’Europe en souffrent, y compris des pays affichant un bon taux d’emploi. Les causes de ce phénomène sont diverses. Il devrait y avoir une meilleure transition entre le monde de l’enseignement et celui du travail, et la formation devrait être plus accessible. En outre, certains secteurs ne sont pas assez attractifs du fait de mauvaises conditions salariales, du type de contrat proposé, des horaires de travail, etc. »

Quels conseils donneriez-vous aux entreprises qui peinent à combler ce manque de personnel ?

« Les entreprises doivent se montrer plus créatives et attractives, et offrir des conditions de travail favorisant l’épanouissement des travailleurs. Il ressort d’études récentes que les jeunes attachent une grande importance à la pertinence sociale de leur emploi. Les entreprises doivent répondre à cette attente en proposant des emplois qui encouragent le développement de l’individu et lui donnent une place significative dans la société. »

Quelles solutions votre gouvernement propose-t-il aux entreprises ?

« Nous collaborons avec les entreprises à l’élaboration de solutions pour différents secteurs. Nous avons notamment lancé un dispositif de « chèques permis de conduire » pour les demandeurs d’emploi en formation, car nous savons que l’absence de permis de conduire est un obstacle à l’obtention de certains emplois. Nous avons également mis en place des incitants allant jusqu’à 2 000 euros par personne pour la formation dans les secteurs du bois, de l’électricité et de la construction. »

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