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L’e-commerce belge en quête de son mode d’emploi(s)

16.01.2019
par Fokus-online.be

Le boom de l’e-commerce fait bouger les lignes du monde belge du travail. Des jobs évoluent ou se créent, de nouvelles questions surgissent. Trois experts témoignent de l’évolution en cours.

Tobias Tousseyn
Country Manager Belgique-Luxembourg de Vente-Exclusive.com

Comment créer de l’emploi grâce au commerce en ligne?

« Vente-Exclusive.com est le plus grand employeur pure player du secteur e-commerce en Belgique grâce à son business model basé sur les ventes flash d’articles mode, déco, lifestyle et voyages. Notre siège et notre entrepôt emploient 400 personnes car nous préférons garder la main sur un max de facettes de l’e-commerce avec nos propres IT, marketing et service à la clientèle. Notre croissance est de 20 % par an. Ce succès nous permet d’augmenter sans cesse notre personnel et de fournir du travail à d’autres sociétés. Comme Katoen Natie qui traite nos articles de mode et vient en soutien logistique en moments de rush en mobilisant jusqu’à 200 personnes. Nous recourons aussi à 4 transporteurs pour livrer nos colis. »

Quels sont les profils recherchés dans l’e-commerce?

« Sur nos 400 employés, 150 assurent la logistique et la préparation de tous les colis. Quasi rien n’est automatisé chez Vente-Exclusive.com car les robots ne conviennent pas pour gérer des produits de formes et tailles différentes. C’est un travail pour des humains. Côté profils, nous cherchons régulièrement des opérateurs et chefs d’équipe. Mais aussi du personnel pour notre IT totalement développée en interne pour site Web, applis et support aux autres services. Le personnel du service ventes, du service clientèle, du marketing et des RH est aussi en augmentation. Notre philo repose sur l’innovation, l’esprit d’équipe et le bien-être élevé de nos employés. Cela nous a valu le certificat Great Place to Work 2018. »

Quel est l’impact de l’e-commerce sur l’économie belge?

« Les achats en ligne ne cessent de grimper en Belgique. Mais trop d’entreprises sont venues tard à l’e-commerce, souvent médiatisé sous un jour négatif. Alors qu’il est capital de voir son impact de manière positive et d’encourager tout notre secteur du retail à prendre ce virage numérique. Vente-Exclusive innove, crée des emplois directs et indirects et dégage un beau chiffre d’affaires. En plus d’être une plateforme de vente pour 2800 marques, nous sommes aussi leur allié marketing vers les clients grâce aux ventes flash qui peuvent donner envie de faire son shopping dans les vrais magasins. Enfin, notre label ‘J’achète belge!’ valorise les marques d’ici. Un autre vrai coup de pouce à notre économie. »

Sofie Geeroms
Directrice de BeCommerce

Comment créer de l’emploi grâce au commerce en ligne?

« Le boom digital du retail ne peut que profiter à l’emploi. Plus une société est rentable, plus elle crée des jobs. Et le commerce en ligne n’augmente pas au détriment du commerce traditionnel. Il est juste une façon alternative de consommer qu’un jour tout le monde utilisera. Ce secteur crée de plus en plus de jobs car derrière Internet il faudra toujours une présence humaine. Plein d’autres emplois commencent à connaître un boom comme les webcontents managers, les web analysts. Sur le terrain transport et logistique aussi, la création d’emplois s’intensifie et de nouvelles sociétés éclosent comme la société de transport Beedrop qui regroupe les livraisons de différents magasins. »

Quels sont les profils recherchés dans l’e-commerce?

« L’e-commerce c’est plus que du webshop, c’est aussi développer un autre business model. Le marketing digital restera essentiel pour gérer la vente, l’image, le ciblage des publics via Net et réseaux sociaux. Ce service nécessitera plus d’experts en gestion de data et d’analystes réactifs. Logistique, IT, développement software devront être renforcés. Et pour soigner l’expérience client, vont émerger des managers en fulfilment. Des métiers tout neufs aussi, comme la livraison par drones. Pour ce job, 15 premiers pilotes sont apparus en Flandre. Mais attention, l’e-commerce, synonyme de travail flexible et de nuit, n’est viable que dans le total respect des travailleurs niveau salaires, conditions de travail et lois. »

Quel est l’impact du commerce en ligne sur l’économie belge?

« Le retard considérable pris par la Belgique a permis aux acteurs étrangers – surtout nos voisins –  d’aspirer une grosse partie du potentiel e-commerce de notre marché domestique. Le vrai défi est que nos entreprises deviennent aussi plus attractives hors Belgique, que Hollandais ou Français achètent à l’e-commerce belge. C’est la condition pour qu’il s’impose en alternative crédible et vrai choix pour le consommateur. Choix entre achat offline et online et entre e-commerce belge et pure player étranger. BeCommerce soutient ses sociétés membres (80 % de l’e-commerce belge) en leur fournissant datas et résultats d’études actualisés. De précieux indicateurs pour ajuster leurs stratégies. »

Stijn Vandercruysse
Responsable national du syndicat CGSLB secteur Distribution

Comment créer de l’emploi grâce au commerce en ligne?

« Dans les sociétés impactées par cette évolution, nous voulons qu’une partie des travailleurs puissent switcher de fonction, volontairement, vers les nouveaux postes créés par cette nouvelle façon d’acheter. Le souci reste les conditions de travail et les rémunérations pas toujours décentes. L’e-commerce peut être une belle story s’il ne détruit pas l’emploi et respecte des horaires fixes et clairs pour permettre aux gens de planifier leur vie privée. Ce e-business pose de nouvelles questions au cadre législatif du travail. Notre rôle syndical est de négocier aussi en la matière de bons accords CCT. Ce qui est plus simple avec des sociétés où cohabitent magasins et e-commerce, qu’avec les pure players. »

Quels sont les profils recherchés dans l’e-commerce?

« L’ensemble de l’activité étant en croissance, tous les profils sont recherchés. Dans la logistique, la préparation des colis, les services de livraison à domicile. Sur d’autres aspects, cela dépend s’ils sont pris en charge en interne ou en externe. Fait-on grossir son petit service IT ou sous-traite-t-on toute son informatique à une autre société? Mais il est excessif de parler de création de nouveaux métiers. Dans bien des cas, ce sont des fonctions en déclin qui reprennent vigueur grâce à l’e-commerce. Par exemple, tout ce qui est lié au Service après-vente, vu que l’e-commerce offre toujours la possibilité de renvoyer sa commande. Chaque produit peut entraîner un double travail. »

Quel est l’impact du commerce en ligne sur l’économie belge?

« L’e-commerce, s’il est bien encadré, est un secteur d’avenir capable de renforcer notre économie. Mais jusqu’ici il a surtout bénéficié aux pure players basés à l’étranger au détriment de nos emplois, de notre environnement et des recettes de l’État belge. Une sensibilisation des Belges à favoriser l’e-commerce de proximité serait bienvenue. Pourquoi aussi ne pas créer un peu partout des points de retrait de colis, à retirer directement par les gens? Cela créerait de l’emploi et éviterait les livraisons à domicile par camion, catastrophiques pour l’environnement. Selon une étude, cette solution pourrait diminuer de 80 % la pollution en CO2 causée par l’e-commerce et de 50 % son coût de livraison! »

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