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Carrière

Working women : comment prendre sa place en entreprise ?

20.03.2024
par Valérie Kinzounza

Prendre sa place en entreprise, se faire une place en entrepreneuriat en tant que femme reste encore aujourd’hui un chemin sinueux. L’occasion de faire le point sur les droits de la femme chez nous : comment la situation professionnelle des femmes en Belgique a-t-elle évolué ? Et que reste-t-il encore à faire ? 

Pour Véronique De Baets, Porte-parole de l’Institut pour l’Égalité des femmes et des hommes, « La situation a énormément évolué sur le marché professionnel ces vingt dernières années. On était à 52 % de taux d’emploi des femmes en 2003 et on est à 63 % aujourd’hui. Le taux de formation aussi a évolué puisque les femmes sont plus nombreuses à sortir diplômées que les hommes. »

S’il y a matière à se réjouir, car il y a de grandes avancées à différents niveaux, l’on reste toutefois toujours face à des inégalités persistantes et qui ont tendance à s’alimenter entre elles. L’écart salarial entre hommes et femmes diminue bien un peu chaque année (aujourd’hui à 8 %) mais il reste bel et bien présent. « Et l’une des inégalités majeures, c’est que plus de 4 femmes salariées sur 10 sont à temps partiel alors que cela concerne seulement 1 homme sur 10. Et cela a un impact considérable non seulement sur l’évolution de leur carrière (le fameux plafond de verre), mais aussi sur le fait qu’elles vont gagner moins, donc être plus dépendantes d’un conjoint ou d’une conjointe. Sans compter que cela a aussi des conséquences sur leur pension (26 % d’écart entre les hommes et les femmes !). », poursuit Véronique De Baets.

Les femmes trop peu favorisées

Pourtant, la Belgique dispose d’une excellente législation, très complète, qui garantit les mêmes droits pour les hommes et les femmes et cadre bien la lutte contre les discriminations, contre l’écart salarial, etc. Ce qui bloque est donc avant tout souvent une question de comportements. Au-delà des législations, il est donc encore nécessaire de faire évoluer la discrimination profonde, celle qui est ancrée dans les mentalités.

Aujourd’hui, outre la question du temps partiel qui est généralement un non-choix parce qu’il manque de solutions pour pouvoir s’organiser et travailler, d’autres écueils touchent les femmes : elles travaillent majoritairement dans des secteurs (soins, services, grande distribution…) très peu valorisés financièrement. Ce sont aussi elles qui, à force de trop assumer, sont majoritairement touchées par le burn-out. D’autant que « du côté du partage des tâches dans la vie privée, ça n’évolue plus, explique Véronique De Baets qui pointe du doigt la question de la place des hommes et des pères dans la sphère privée. « Il faut renforcer cette implication au niveau privé, car cela rejaillira forcément sur le côté professionnel ».

C’est plus difficile pour une femme, et encore plus pour une maman avec des enfants, de se projeter dans un rôle d’entrepreneuse.

- Emna Everard, Fondatrice et CEO de Kazidomi

La place cruciale des entreprises

Quelles solutions mettre en place pour valoriser la place des femmes et leur permettre de mener pleinement leur carrière ? Les entreprises ont un rôle crucial à jouer. « Il faut promouvoir l’égalité des genres partout dans l’organisation, mettre en place des politiques de diversité, d’inclusion, d’égalité de salaire » plaide Emna Everard, Fondatrice et CEO de Kazidomi. « Dans la culture des entreprises, il faut aussi pousser les femmes et les soutenir dans les rôles de leadership, car plus on a de femmes leaders, plus ça peut en inspirer d’autres. C’est un cercle vertueux. Enfin, c’est aussi super important de soutenir l’équilibre vie privée-professionnelle en offrant des horaires flexibles et des possibilités en télétravail. »

Véronique De Baets souligne d’ailleurs que l’une des pistes pour changer les choses serait d’instaurer dans les entreprises un climat “parents friendly”. Autrement dit, intégrer la parentalité dans le domaine professionnel, afin qu’elle soit reconnue comme une dimension à part entière dans le profil du travailleur. « Il y a tout un travail à faire du côté des entreprises pour que les femmes n’aient plus à subir une flexibilité non choisie. Par exemple, permettre une plus grande flexibilité pour les parents, revaloriser les statuts et les bas salaires, ou encore faciliter l’accès aux congés parentaux (surtout pour les hommes).  À l’heure actuelle, il est toujours compliqué pour un père de dire à son employeur qu’il aimerait prendre congé le mercredi après-midi pour s’occuper de ses enfants, car les attentes vis-à-vis d’un homme sont différentes… Là, on se rend compte qu’on arrive à une sorte de palier avec des freins. Cela demande des efforts aux hommes et aux employeurs de switcher vers une mentalité qui ne va pas de soi. »

Faire évoluer les mentalités

On en revient donc toujours à la question des mentalités, et de la persistance de certains stéréotypes sociétaux. Car aujourd’hui encore, « On met trop peu de mamans-entrepreneuses en avant, on met trop peu de jeunes femmes entrepreneuses en avant, etc.  Il faut donc continuer à stimuler tout ça pour montrer aux femmes que c’est possible, qu’elles peuvent avoir de l’ambition, qu’elles doivent avoir confiance en elles. Aujourd’hui, les quelques projets créés par des femmes sont encore trop souvent des projets à petite échelle parce qu’on se met des barrières, on a peur d’investir, de la croissance, d’embaucher, etc. »

Emna Everard poursuit en déplorant d’ailleurs le manque de “role models” féminins auxquels s’identifier quand on veut se lancer : « c’est plus difficile pour une femme, et encore plus pour une maman avec des enfants, de se projeter dans un rôle d’entrepreneuse. » Pour autant, et pour terminer sur une note positive, le fait d’être une femme a aussi été dans son cas une opportunité pour plein de choses : « que ce soit avec des journalistes qui voulaient mettre une femme en avant, avec des fonds qui devaient investir dans des boîtes fondées par des femmes, des partenaires… comme on est peu nombreuses, on est un peu mises en avant. »

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