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Energie

L’océan, la salle des machines du système climatique mondial

07.12.2023
par Caroline Beauvois

Élévation du niveau des mers, acidification… Véritable poumon de la planète, l’océan est aussi l’une des premières victimes du réchauffement climatique. Le point sur les initiatives mises en place pour le protéger et le nettoyer.

On ne l’appelle pas la planète bleue pour rien. Alors que plus de 70 % de la Terre est recouverte d’eau, l’océan joue un rôle essentiel et critique contre le changement climatique, en absorbant environ 90 % de l’excès de chaleur et 30 % des émissions de CO2 émises dans l’atmosphère par les activités humaines. « C’est la salle des machines du système climatique mondial », résume Rémi Parmentier, cofondateur du Varda Group, conseiller en développement stratégique et plaidoyer. Ce vétéran de la défense des océans préfère d’ailleurs parler d’un seul et même océan : celui qui nous unit et qu’il faut protéger.

Renforcer la résilience océanique

« On le voit, les phénomènes météorologiques extrêmes se multiplient autour de l’océan. Il faut prendre des mesures pour augmenter sa résilience face à ceux-ci. D’où l’importance des efforts pour créer des aires marines protégées, pour combattre la surpêche, la pêche illégale ainsi que les différentes pollutions qui infectent l’océan. » Trop longtemps délaissé des discours de stratégies de développement durable, le rôle de celui-ci dans la régulation du climat a enfin été reconnu lors du Pacte de Glasgow en 2021 (COP26). L’accord historique de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité en 2022 (COP15) vise la création d’aires protégées sur 30 % de la planète d’ici 2030, afin de protéger les écosystèmes terrestres et marins. Mais qu’en est-il des 70 % restants ? « Je pense qu’il est temps de faire de la protection de l’océan la norme et non seulement l’exception ! », lance Rémi.

D’ailleurs, le terme “d’aires marines protégées” fait toujours polémique ; le chalutage de fonds étant toujours défendu bec et ongles par les lobbyistes de la pêche industrielle. « Mais la destruction ne peut pas être compatible avec la protection », rappelle Rémi, qui facilitera les apports de la société civile lors de la Conférence des Nations-Unis sur l’océan, à Nice en 2025. « Cette conférence sera l’occasion de faire un bilan et de réfléchir sur les actions à prendre au-delà. » 31 ans après Rio, les objectifs liés à la conservation de l’océan n’ont pas été atteints. « Il faut mettre l’accent sur les technologies propres, qui évitent les rejets des substances persistantes, bioaccumulables et toxiques dans l’océan ainsi que les émissions de gaz à effet de serre. »

Il est temps de faire de la protection de l’océan la norme et non seulement l’exception !

- Rémi Parmentier, Cofondateur Varda Group

De la technologie au terrain

L’innovation passe aussi par le nettoyage des fonds marins, tapissés de millions de tonnes de microplastiques qui finissent dans nos assiettes. Parmi les projets innovants, on pense notamment au projet hollandais “The Ocean Cleanup” qui développe des technologies destinées à extraire la pollution plastique des océans et des rivières, via notamment des structures flottantes passives localisées dans le gyre océanique.

En Belgique, l’ONG anversoise River Cleanup, fondée en 2019 par Thomas de Groote, fait appel à des technologies intelligentes pour accélérer la collecte des déchets afin de nettoyer fleuves, rivières et rives polluées de plastiques avant qu’ils n’atteignent l’océan. Et depuis la première campagne de nettoyage le long du Rhin, l’organisation a bien grandi. Elle est aujourd’hui active dans pas moins de 97 pays, compte 230 000 bénévoles ainsi que cinq équipes principales sur trois continents. Résultat : Pas moins de 3,4 millions de déchets fluviaux ramassés ces dernières années ! « L’ONG vise à s’étendre et se renforcer via trois paliers : le nettoyage, l’éducation et la transformation. Trois projets à l’étranger sont en cours de préparation aujourd’hui, dans le Citarum en Indonésie, le fleuve Ishëm en Albanie et le Wouri au Cameroun, en collaboration avec des partenaires sur place. », explique Thomas. Et ce n’est que le début : l’ONG belge vise la centaine de rivières nettoyées d’ici 2025, pour atteindre le millier d’ici 2050.

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