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Energie

À la recherche de l’équilibre entre économie et écologie

15.06.2023
par Fokus Online
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Tom Smidts, CEO Belux

Presque toutes les entreprises dans le monde réfléchissent aux moyens de fonctionner de manière plus durable. Mais est-ce plus facile ou plus difficile quand elles ont une certaine taille ? Réponse de l’une des plus grandes entreprises au monde.

Avec quelque 127 000 collaborateurs, un chiffre d’affaires de plus de 60 milliards d’euros et 400 marques en portefeuille, la société hollandaise Unilever est un géant à tous points de vue. En termes de durabilité, cela présente à la fois des avantages et des défis, explique Tom Smidts, responsable du Belux. « L’avantage, c’est qu’avec des changements parfois minimes, nous pouvons faire rapidement une différence considérable. Rien qu’en Belgique, nous vendons environ 300 millions de produits par an, via lesquels nous pouvons avoir un impact. Notamment en concevant de plus petits emballages, en utilisant de meilleurs matériaux ou en optimisant notre logistique et notre chaîne d’approvisionnement. Nous pouvons y travailler en tant que grande entreprise disposant des ressources et de l’attention nécessaires. L’inconvénient est que nous opérons dans de nombreux pays et que nous fonctionnons avec une chaîne d’approvisionnement mondiale. Il n’est donc pas évident de procéder à certains ajustements, en particulier pour la Belgique. »

Unilever souhaite devenir une entreprise « net zero » d’ici 2039, ce qui signifie que ses émissions nettes de CO2 seront nulles. « Au niveau des produits, nous avons déjà pris des mesures considérables », explique M. Smidts. « D’ici 2025, nous ne voulons utiliser que des emballages entièrement recyclables, recyclés ou compostables. En Belgique, nous en sommes déjà à 96 %. Nous réduisons massivement l’utilisation de « plastiques vierges » (plastique nouvellement produit, ndlr) et serons sous les 50 % d’ici 2025. Nous évaluons également nos émissions et notre impact dans la chaîne logistique. Nous réduisons au maximum les distances parcourues par nos camions et aux Pays-Bas, entre autres, nous expérimentons des camions électriques afin de réduire les émissions de CO2 ».

L'avantage de notre taille est qu'avec des changements parfois minimes, nous pouvons créer rapidement un impact considérable.

« Concernant l’approvisionnement de nos produits alimentaires, des programmes d’agriculture régénératrice sont en cours avec notre fournisseur Ardo pour récupérer, filtrer er réutiliser l’eau dans les cultures. Nous travaillons également avec Too Good To Go pour diminuer la quantité de déchets alimentaires et avons ainsi déjà pu éviter le gaspillage de plus de 15 000 portions depuis 2020. Chaque vendredi, nous organisons aussi notre FREE’day : nos collaborateurs se voient offrir un repas gratuit préparé avec les restes de la semaine. Ce qui nous évite de devoir les jeter juste avant le week-end. »

Mais tout cela n’empêche pas M. Smidts d’affirmer qu’il faut maintenir un équilibre entre économie et écologie. Car si ces efforts ne sont pas rentables sur le plan économique, ils ne seront bien souvent pas viables à long terme. Les consommateurs ont également un rôle important à jouer en modifiant leur comportement d’achat et de consommation. « Nous avons par exemple créé des « éco-recharges » pour Cif : de petites recharges dans lesquelles il suffisait d’ajouter de l’eau et qui contenaient 75 % d’emballages plastiques en moins. Le hic ? Les consommateurs s’imaginaient qu’ils disposaient ainsi d’une moindre qualité de produit. Nous avons rencontré le même problème avec les déodorants concentrés ou les produits de lessive. En outre, la durabilité entraîne un coût supplémentaire qui peut se traduire par un surcoût en magasin, ce qui peut constituer un obstacle pour les consommateurs ». Il est donc aussi de notre responsabilité de bien communiquer et de conclure de bons accords avec les retailers. Une dynamique positive s’est créée avec les principaux retailers, entreprises et fournisseurs pour mettre en place des initiatives, au-delà des frontières de l’entreprise, visant à rendre notre secteur plus durable.

Selon M. Smidts, des incitants gouvernementaux peuvent également jouer un rôle bénéfique. « En Belgique, nous subissons une accumulation de taxes, de droits et de charges qui contribuent à ce prix élevé et affectent négativement notre compétitivité par rapport à d’autres pays. J’invite donc les gouvernements et les parties prenantes à « récompenser » davantage les entreprises et les consommateurs qui font des choix durables, par exemple en réduisant les impôts, la TVA ou les aides à l’investissement. Ce qui bénéficiera à l’équilibre entre économie et écologie et à la durabilité dans son ensemble. »

C’est donc aussi notre responsabilité de bien communiquer et de conclure de bons accords avec les retailers. La bonne nouvelle est qu’une dynamique positive émerge avec les principaux retailers et fournisseurs pour mettre en place des initiatives, au-delà des frontières de l’entreprise, afin de rendre notre secteur plus durable.

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