Interview par Gwendoline Cuvelier

Jacques van den Biggelaar : 40 ans de carrière et de rires

À 63 ans, Jacques van den Biggelaar tourne actuellement sa dernière saison de présentation de l’émission “I Comme”. Après plus de 40 ans de carrière au sein de RTL, le journaliste-présentateur déborde de projets pour sa future retraite !

Était-ce votre rêve de devenir journaliste ?

« Oui ! Quand j’étais petit, je me souviens avoir vu le commentateur sportif de la RTBF Luc Varenne à l’œuvre lors d’une étape du tour de France et m’être dit “c’est ça que je veux faire”. J’étais très attiré par le travail de terrain. En 1982, en dernière année de Communications Sociales à l’UCL, j’ai eu la possibilité d’effectuer un stage chez RTL Luxembourg. Ensuite, je suis revenu à Bruxelles et je n’ai plus jamais quitté la chaîne, à l’exception d’une interruption de 8 mois pour mon service militaire, qui était obligatoire à l’époque. »

Aujourd’hui, vous êtes surtout connu comme “Monsieur I Comme”. Comment êtes-vous arrivé à ce poste ?

« Robert Diligent, le créateur de l’émission, venait de prendre sa retraite. Il fallait quelqu’un pour le remplacer au pied levé. J’avais 31 ans, j’étais reporter à la rédaction du journal télévisé, et j’aimais bien travailler sur des sujets drôles ou insolites. On m’a proposé de reprendre le flambeau. En bon bélier que je suis, j’ai foncé et j’ai accepté immédiatement. C’était une évidence ! »

Vous arrêterez, à votre tour, de présenter le magazine à la fin de l’été 2024. Qui sera votre successeur ?

« Nous ne le savons pas encore. L’idée n’est pas de trouver mon alter ego. Ce changement sera l’occasion de repenser et de moderniser l’émission. “I Comme” est né dans les années 80 et même si le format a évolué au fil des années, un petit rafraichissement serait le bienvenu ! »

J’ai une confiance aveugle, et peut-être déraisonnable, en l’être humain.

Vous avez réalisé un podcast intitulé “Un boulet en reportage”, dans lequel vous racontez vos gaffes de tournage. C’est comme ça qu’on vous appelle ?

« C’est plutôt le titre que je me suis moi même attribué ! Je suis un peu victime du syndrome de l’imposteur. J’ai encore parfois du mal à croire que j’exerce ce métier auquel j’aspirais tant étant jeune. Tourner tout à la rigolade est une façon de ne pas me prendre trop au sérieux. »

Quelle est la plus grosse bourde que vous ayez commise en tournage ?

« Nous venions d’arriver en bateau à New York avec l’équipe d’”I Comme”. Un taxi nous emmenait à l’aéroport en direction de l’Alabama pour un reportage. Au volant se trouvait un Haïtien, appelé Jean-Baptiste. J’étais tellement enthousiaste de rencontrer un francophone à notre arrivée aux États-Unis qu’on a parlé pendant tout le trajet, et j’ai complètement oublié le sac avec le matériel de la caméra dans son coffre ! J’ai remué ciel et terre pour retrouver ce chauffeur parmi les milliers de taxis jaunes new-yorkais. L’histoire finit bien, puisque nous avons pu récupérer tout le matériel ! »

Vous avez souvent participé aux pièces de théâtre de RTL au profit du Télévie. Est-ce un exercice que vous appréciez ?

« J’adore ! Devenir acteur a toujours été un rêve, et ça l’est d’ailleurs encore aujourd’hui. Cette année, nous avons présenté des sketchs lors du Télévie en Folie. C’était génial ! Quand je suis sur scène, je me sens vraiment dans mon élément. J’aime faire rire, m’approprier un texte drôle, entrer dans la peau d’un personnage… Pourquoi pas, à l’avenir, me lancer dans le stand-up ? »

Vous avez rénové une maison en Ardenne, où vous prévoyez de passer votre retraite. Qu’est-ce qui vous plaît là-bas ?

« C’est une maison de la famille de mon épouse. Au départ, nous voulions l’utiliser comme résidence secondaire. Nous avons emménagé pendant le confinement, en télétravail. Le coin est tellement agréable que nous avons décidé de nous y installer à plein temps ! Ce qui nous a séduit, c’est la nature environnante et surtout les gens, si charmants. L’Ardennais peut paraître rude au premier abord mais sa confiance gagnée, c’est quelqu’un de très agréable et  beaucoup moins individualiste que le Bruxellois d’aujourd’hui. »

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Vous avez 4 enfants et 4 petits-enfants. Quel style de grand-père êtes-vous ?

« Un papy gâteau ! Mes petits-enfants me surnomment “Panini”. En tant que fan de Winnie l’ourson, j’avais proposé qu’on m’appelle “Papy Winnie”, mais mon premier petit-fils en a décidé autrement. Quand il a commencé à balbutier, il a transformé le nom que je m’étais choisi en “Panini”, et c’est resté ! »

Êtes-vous inquiet pour leur avenir par rapport au réchauffement climatique ?

« Je suis plutôt optimiste. J’ai une confiance aveugle, et peut-être déraisonnable, en l’être humain. Bien sûr, l’état de santé de la planète est préoccupant. Je suis très critique par rapport à ma génération qui a laissé pourrir notre environnement, certes pas toujours en connaissance de cause, mais qui ne fait rien pour faire marche-arrière. Heureusement, je sens qu’il y a derrière Greta Thunberg toute une génération qui, quoi qu’il arrive, va changer les choses. J’ai confiance. »

Quel est votre secret pour rester jeune ?

« Aimer les gens ! Je suis persuadé que nous possédons tous le meilleur en nous. Je me lève chaque matin dans le but de rencontrer des personnes sur cette Terre qui vivent quelque chose de différent, et de découvrir leur monde à eux. Ce n’est pas une curiosité journalistique feinte, cela fait intrinsèquement partie de moi d’avoir envie d’apprendre à connaître les autres. »

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À quelle autre époque auriez-vous aimé vivre ?

« Je suis fasciné par Versailles et la vie des rois de France, mais je ne dirais pas que l’Ancien Régime était une belle époque. Je n’aurais pas pu vivre comme un noble qui ignore tout de la vie du peuple. Je préférerais être une petite souris. Une souris à Versailles, ça c’est bien ! »

28.09.2023
par Gwendoline Cuvelier
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