Banques en mutation : l’impulsion des millenials
Finance

Banques en mutation : l’impulsion des millenials

28.01.2021
par Frédéric Vandecasserie

Private banking

Quand on pense « private banking », on songe immanquablement à des clients fortunés, souvent âgés, disposant d’une ligne directe avec un banquier zélé pour placer leur argent au mieux. « Cette conception des choses existe encore », confirme Peter Van der Smissen, Secrétaire Général de la PBA, la « Private Banking Association », qui regroupe 24 banques. Et dont le rôle s’est élargi de l’unique formation des banquiers à d’autres activités tenant du networking. « Mais il faut comprendre que le métier du ‘’private banking’’ est en train de subir de profondes modifications. Les clients ‘’historiques’’ de ce type de banque vont progressivement céder la place aux millenials. Et ce public attend évidemment autre chose que des conseils avisés : du digital, du multicanal, davantage de transparence sur les offres, des solutions durables sur le plan éthique, et moins de paperasse. »

« Gestion de papa »

De quoi bouleverser toute l’architecture du secteur ? C’est aussi ce que pense Isabelle de Laminne, responsable du blog moneystore.be. « Les millenials ne se satisferont effectivement plus d’une ‘’gestion de papa’’ ! Ils sont aussi demandeurs d’une gestion financière simple, compréhensible, et accessible facilement. Le tout avec une rapidité accrue dans laquelle ils ont toujours baigné. D’où la nécessité d’un virage indispensable vers la digitalisation. »

COVID

Mais le secteur est-il armé pour réussir cette transition vers une numérisation accrue ? On imagine le chantier gigantesque. « Le modèle du private banking, articulé autour du conseil en placement financier, va effectivement rapidement changer », confirme Peter Van der Smissen. Et, sans se réjouir de la situation actuelle, notre interlocuteur constate que la pandémie de Covid aura accéléré la transition. « Je dis souvent que la pandémie de la COVID agit comme une sorte de ‘’wake up call’’ pour le secteur. Car nous n’avons pas eu d’autre choix que de passer à la digitalisation. La COVID aura donc exercé un impact disruptif sur la relation entre le client et son banquier. »

Banques en mutation : l’impulsion des millenials

Les millenials ne se satisferont plus de la ‘gestion de papa’ !

Urgence de se réinventer

« De toute façon, il a urgence pour le secteur de se réinventer », réagit Isabelle de Laminne. Et là, le meilleur indicateur, outre le type de services proposés, reste peut-être bien la baisse de ce fameux « seuil d’entrée » pour accéder à la sphère du private banking. « Effectivement, le montant du portefeuille du client devait, auparavant, culminer au moins au million d’euros. Mais, désormais, certaines banques baissent ces seuils jusqu’à 250 000 euros tant les défis sont gigantesques et constants pour le secteur du ‘’private’’. »

Digitalisation

Car outre les défis déjà évoqués en matière de digitalisation. Les private bankers font face à quatre autres complications. « Tout d’abord, je pointerais les taux d’intérêts plancher. Dont la conséquence directe est que la performance n’est plus au rendez-vous pour les portefeuilles de type ‘’défensif’’. Ensuite, le coût de la gestion, souvent élevé et opaque, se heurte à un public plus jeune et plus informé. Ce public n’est plus du tout prêt à payer cher pour des services qui ne sont pas toujours à la hauteur. Viennent ensuite les règlementations de plus en plus exigeantes auxquelles sont soumises les banques. Avec leur corollaire immédiat. Ces fameux coûts de gestion qui peuvent encore augmenter.

Enfin, les banques sont confrontées à la montée des ‘’robots de gestion’’. L’avantage de ceux-ci étant que l’on ne vous réclame aucun montant pour le ticket d’entrée. Et que l’on pourra donc procéder, en leur compagnie, à des micro-investissements, très recherchés par un public plus jeune. Et puis, de manière générale, un public plus jeune ne s’embarrasse plus pour changer de banque. Alors que c’était peut-être moins le cas de leurs aînés. Cette volatilité représente peut-être bien l’un des défis majeurs pour l’avenir du private banking ! »

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