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Santé

Accès aux soins : Ça bouchonne chez les médecins

16.03.2023
par Pierre Lagneaux

Prendre rendez-vous chez le médecin est souvent fastidieux. Les patients s’impatientent et les médecins sont sous pression, mais existe-t-il des solutions ? Pas si sûr…

Notre secteur médical est engorgé. Il est souvent difficile de prendre un rendez-vous chez le médecin, qu’il soit généraliste ou spécialiste. Un constat qui vaut aussi bien en milieu hospitalier que dans les cabinets de proximité.

La Docteure Margaux Dutat, médecin généraliste à Tubize, le constate : « Il y a clairement un embouteillage, et nous ne sommes pas trop rassurés par la tendance actuelle. Il y a beaucoup de demandes et les patients sont de plus en plus exigeants. Cela nous rajoute de la pression, même si depuis la Covid, nous parvenons plus facilement à traiter certains cas à distance. »

Et quand les médecins de proximité sont sous pression, c’est vers le milieu hospitalier que les patients se tournent. « Nous remarquons que notre pratique est saturée par moment, poursuit la Docteure Dutat. Dans notre cabinet, les patients se tournent vers les services d’urgences s’ils n’obtiennent pas le rendez-vous qu’ils souhaitent. Les « patients » deviennent des « impatients ». Nous respectons leurs plaintes, mais en retour, nous voulons qu’ils comprennent que si nous ne pouvons pas les prendre, c’est parce que nous sommes occupés avec quelqu’un d’autre. Nous ne sommes pas en train de faire la sieste ou du shopping. Mais nous soignons des gens. »

Se tourner vers les urgences est un phénomène nouveau pour la Docteure Dutat. Pour elle, ce service n’est plus utilisé à sa juste valeur. Un point de vue que le Docteur Gilles Watteuw, chef du service des urgences du CHR Haute-Senne à Soignies, partage volontiers : « Je me refuse à parler de shopping médical, mais au fil des années, les urgences sont devenues un produit de consommation et leur appellation a perdu tout son sens. Souvent, on n’y vient plus pour une véritable urgence, mais pour être examiné le plus rapidement possible par un médecin. Certains patients se présentent même avec leurs propres exigences ! »

Nous ne sommes pas en train de faire la sieste ou du shopping. Nous soignons des gens.

- Docteure Margaux Dutat

Alors, existe-t-il des solutions pour désengorger le secteur et ainsi améliorer la santé de la population ? Pour les deux praticiens, la réponse semble être non, même s’ils reconnaissent que des pistes existent, comme l’indique le Docteur Watteuw : « En France, ils ont trouvé une solution qui, selon moi, a l’air viable Il s’agit d’une structure intermédiaire. Un Centre Médical de Soins s’occupe de ce qu’on appelle entre guillemets la petite bobologie de type entorse, plaie, coupure… Ces petites structures possèdent de petites salles adéquates qui se situent entre la médecine d’urgences et la médecine générale. Elles prennent en charge les pathologies qui ont tendance à encombrer les services d’urgences. » Seul problème : l’urgentiste doit bien constater que ces structures intermédiaires sont, elles aussi, débordées de travail.

Par ailleurs, les docteurs Dutat et Watteuw font remarquer que l’informatisation des dossiers doit encore être améliorée. « L’informatisation facilite les choses quand tout fonctionne, indique la Docteure Dutat. Cependant, si le logiciel plante, on n’a plus la possibilité de se tourner vers un dossier papier. Par ailleurs, c’est une perte de temps lors des visites à domicile, car nous devons tout retranscrire par la suite. » Le Docteur Watteuw ajoute : « En termes de recherche d’informations, le Réseau Santé Wallon fonctionne très bien quand le dossier est bien complété. Nous y retrouvons les antécédents, le dernier traitement… » Les deux médecins se rejoignent également sur l’importance d’éduquer les patients pour éviter l’engorgement du secteur : « De véritables solutions, il n’y en a pas », conclut avec fatalité le Docteur Watteuw. Il faut que tous les médecins participent à une éducation de la population, ce qui, malheureusement, est plus ou moins bien accepté par les patients. »

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