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Pénurie d’infirmiers : « L’offre est bien inférieure à la demande »

16.03.2023
par Bastien Craninx

Bien que la pandémie soit derrière nous, le secteur infirmier peine encore à s’en remettre. De nouvelles mesures de fond doivent voir le jour, et ce dès la formation des nouveaux infirmiers. 

S’il y a bien un secteur qui a subi de plein fouet la pandémie de Covid-19, c’est le secteur infirmier. Les infirmiers et infirmières ont encore du mal à s’en remettre. La pression sur le métier est toujours bel et bien présente. « Après deux années de crise, il y a une véritable fuite généralisée de la profession », explique Adrien Dufour, directeur général de la Clinique Saint-Luc à Bouge. « Le marché de l’emploi ne parvient pas à compenser les pertes, car l’offre est bien inférieure à la demande ». Candice De Windt, l’ambassadrice des soins de santé, annonçait ainsi fin 2022 qu’il manquait pas moins de 25.000 à 30.000 infirmièr.e.s en Belgique. 

Le marché de l’emploi ne parvient pas à compenser les pertes, car l’offre est bien inférieure à la demande.

- Adrien Dufour, directeur général de la Clinique Saint-Luc à Bouge

La pression se fait sentir au sein des services hospitaliers, mais également dans les maisons de repos et les maisons de soins. Même si tout est mis en place pour garder la tête hors de l’eau. « Nous faisons appel à des jobistes qui peuvent prester 600h de travail par an », poursuit Olivier Gendebien, président de l’Association Belge des Praticiens de l’Art Infirmier-acn-asbl. « Une mesure mise en place par le gouvernement qui nous permet également de fidéliser les jeunes et de leur donner une première expérience professionnelle ».

De son côté, le personnel soignant peut également bénéficier d’heures supplémentaires défiscalisées (jusqu’à 120h par an) ou encore d’un renfort de la part de pensionnés ou d’indépendants. « Nous essayons également de développer le binôme infirmier / aide soignant et le basculement des compétences ». Chaque décision doit être réfléchie et organisée. Les institutions doivent jongler entre la fermeture de lits et la fermeture de services. « Cela met également une pression importante sur les managers de proximité comme les chefs de service qui doivent poursuivre la continuité des soins à tout prix », ajoute Adrien Dufour. 

Mais alors, comment sortir de ce marasme  ? Selon les experts, ce n’est malheureusement pas en injectant de l’argent dans le secteur comme l’a fait le gouvernement après la crise sanitaire. « Injecter une enveloppe dans un marché vide ne sert à rien. Il faut viser l’attractivité et améliorer la visibilité ainsi que la reconnaissance professionnelle du secteur », insiste Adrien Dufour. « Et tout commence dès les études  ! ». Il faudrait également améliorer l’équilibre vie professionnelle / vie privée des infirmiers, mettre plus en avant les compétences du métier, et rationaliser les services et le réseau hospitalier. « Et enfin, chercher à fidéliser les employés à tout prix ». Un vaste plan donc, qui exige qu’on s’y attèle dès aujourd’hui pour espérer voir les effets des premières mesures dans 4 ans minimum.

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