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Mobilité

La meilleure mobilité, c’est la proximité

14.09.2023
par Frederic Petitjean
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Ward Ronse, chef de projet Sweco

Avec l’augmentation de la population, l’énergie et l’espace deviennent des denrées rares. Parallèlement, il faut que les personnes puissent se déplacer de manière durable et sûre. Ces contradictions nécessitent une réflexion approfondie sur la mobilité durable.

Pour le bureau d’études Sweco (qui conseille les autorités en matière de mobilité et d’infrastructure), c’est une réflexion récurrente : comment faire en sorte que nos villes restent vivables mais que les déplacements y soient fluides et sécurisés ? La solution s’appelle « mobilité durable », explique Ward Ronse, chef de projet. « La mobilité durable est souvent considérée sous l’angle du défi climatique, mais cela va bien plus loin. L’enjeu est de se déplacer en toute sécurité, dans une ville agréable à vivre, où les nuisances sonores, les embouteillages et la pollution de l’air sont réduits au maximum. »

L’interprétation actuelle du concept de mobilité découle des années 1960 et 1970, explique M. Ward. « C’était une période cruciale, car il y avait beaucoup de constructions et de travaux d’infrastructure. Le postulat de départ était un maximum d’asphalte pour la voiture reine. Nous en subissons encore les conséquences aujourd’hui, mais heureusement, la façon de penser a radicalement changé. Un processus qui a tout de même pris plusieurs décennies ».

Plusieurs aspects font déjà de la mobilité durable une question très pertinente. L’utilisation croissante de l’espace que nous devons réduire, ou la santé, par exemple. « Santé publique et sécurité de la circulation vont naturellement de pair, mais les déplacements à vélo ou à pied bénéficient aussi à la santé de la population. Autre aspect : l’électrification croissante de notre parc automobile. Mettre tout le monde au volant d’une voiture électrique ne résoudra pas nos problèmes, mais cela nous oblige à réfléchir à l’infrastructure de recharge, par exemple. Où placer les bornes de recharge ? Dans des zones résidentielles, où elles attireront beaucoup de trafic ? Ou plutôt en périphérie ? Aussi, comment pouvons-nous aider les gens à utiliser l’énergie de manière intelligente ?

Santé publique et sécurité de la circulation vont naturellement de pair.

L’adaptation de nos infrastructures à de nouvelles connaissances signifie également que M. Ward et ses collègues doivent réfléchir à la manière dont nous nous déplacerons à l’avenir. « À quoi ressemblera notre trafic en 2040 ? Impossible à prédire, mais il faut déjà réfléchir à l’emplacement des lignes de tramway, par exemple. Et des pistes cyclables. Ainsi qu’à l’espace prévu pour les voitures. On voit déjà leur propriété individuelle céder la place à des formules de partage, très prisées par les jeunes. Autre facteur à prendre en compte : la chaîne de mobilité. Nous utilisons le vélo de chez nous jusqu’à une gare, puis nous nous rendons sur notre lieu de travail en trottinette partagée. Ce système ne fonctionne que si l’ensemble du processus est fluide et confortable, et si l’offre de vélos et de trottinettes est suffisante. Il faut également que les itinéraires cyclables et pédestres vers et depuis la gare soient attrayants et sûrs. »

Dans toutes ces dynamiques, il est clair que l’espace et la mobilité sont inextricablement liés, affirme M. Ward. « Des concepts tels que la « ville 15 minutes » nous font prendre conscience que la proximité reste la meilleure forme de mobilité. Tout ce dont vous avez besoin devrait se trouver à 15 minutes à pied ou à vélo de votre domicile, car les gens sont plus enclins à marcher 500 mètres pour aller à la boulangerie que cinq kilomètres. Dans ce dernier cas, il est beaucoup plus probable qu’ils prennent leur voiture. Les longues distances nécessitent également plus d’énergie et d’infrastructures. L’interdépendance joue également un rôle : des fonctions telles que l’habitat, le travail et l’enseignement sont très proches les unes des autres. Pour certains, cela évoque l’image funeste de la grande ville, mais ce n’est pas forcément le cas. Cela peut être mis en œuvre dans une commune ou une petite ville ».

Heureusement, les décideurs politiques sont désormais enclins à adopter ce point de vue. « Et les citoyens y adhèrent souvent eux aussi. Mais il reste beaucoup à faire, et il est donc nécessaire de créer une base de soutien et de sensibiliser les gens. La participation est un aspect crucial de chacun de nos projets ».

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