Interview par Frédéric Vandecasserie

Kody : « J’ai dû m’habituer à entendre des rires étouffés sans me vexer »

Entre des projets avortés ou reportés et d’autres choses passées entre les mailles de la pandémie, Kody a vécu une année 2021 particulière. Il en tire le bilan en notre compagnie. Sans oublier d’en tirer quelques enseignements !

Pour commencer, tirons d’abord le bilan global de cette année 2021…

« 2021 aura bien entendu été une année spéciale. J’ai évidemment dû renoncer à des projets. Il y a notamment deux films que je devais tourner qui ne se sont finalement pas faits. » dit Kody.

Quelle est votre technique pour encaisser l’annonce d’un projet qui ne se concrétisera pas ?

« Passer tout de suite à autre chose ! Ne jamais passer de temps à regretter ! Quand cela arrive, je me dis que ce projet ne devait pas être fait pour moi. Et puis, parfois, participer à la naissance de quelque chose ne garantit de toute façon rien pour la suite. Comme le dit le producteur américain Robert Evans, à qui on devait “Le Parrain” ou “Chinatown” : “The kids stay in the picture”, façon de dire que si vous avez été coupé au montage, c’est-à-dire que vous n’apparaissez pas sur l’écran, face aux spectateurs, vous n’avez en fait pas vraiment participé au projet. C’est aussi simple et cruel que ça… Ce quotidien des artistes additionné à une année 2021 très complexe vous met de toute façon dans l’obligation de relativiser. Sinon, vous ne tenez pas le coup. »

Et puis, un refus une fois ne signifie pas une porte fermée à jamais…

« J’espère bien ! J’ai aussi été en contact pour des choses en France, qui ne se sont finalement pas faites non plus. Là, tout s’est un peu terminé comme un rendez-vous “Tinder” décevant. Où, à la fin, on se dit “restons amis”… Cela dit, certaines autres choses ont quand même tenu le coup… » raconte Kody.

Comme quoi ?

« J’ai tourné cet été à Los Angeles la deuxième saison d’une série consacrée au rap. La première saison, qui s’appelait “Lost in Traplanta”, m’avait amené à Atlanta voici quelques années et avait très bien fonctionné. Ou les activités télé comme “Le Grand Cactus”. »

Il ne faut jamais passer de temps à regretter ! 

Bref, votre terrain de jeu s’élargit de plus en plus…

« C’est exactement ça. J’ai aussi été en contact avec un réalisateur italien pour aller travailler un peu là-bas, et mon spectacle devrait m’emmener en Côte d’Ivoire. Ce métier m’apporte de belles surprises, même dans une période aussi chahutée que la nôtre. Nous sommes sur un fil pour le moment. Il faut, plus que jamais, savoir saisir les opportunités… » explique Kody.

Cette période vous aurait-elle rendu plus philosophe ?

« Disons que le confinement m’a aussi permis, de temps en temps, de lever le pied. Et c’est justement en se posant que l’on est le plus capable de deux choses : laisser venir les bonnes idées d’un côté, et de l’autre, faire le tri pour éjecter les idées et sollicitations dont on ne veut plus. Cela ne signifie pas que je refuserai tout en bloc désormais. Juste que je regarderai d’un peu plus près les sollicitations qui me parviennent avant d’accepter. »

Quelles sont les choses pour lesquelles vous avez été le plus sollicité cette année ?

« Elles sont liées au Covid. Pour soutenir le secteur médical, par exemple. Puis, j’ai aussi fait des choses qui me tenaient à cœur : je suis allé aider les sinistrés des inondations cet été, dès mon retour des États-Unis. » raconte Kody.

Kody

Vous pensez que la notoriété implique le devoir de la mettre au service de bonnes causes ?

« Ce n’est ni le devoir ni le rôle de l’artiste de s’engager. Le choix appartient à chacun. Moi, si on me demande de profiter d’elle pour mettre certaines causes en avant, je ne vois pas pourquoi je refuserais a priori. Mais le métier avant tout. » di Kody.

À propos de métier, justement, on écrit différemment son one-man-show pour jouer face à des spectateurs masqués ?

« C’est aussi quelque chose que j’ai appris ces derniers temps. Oui, le masque influence l’écriture. Au niveau du fond d’abord, puisque la période nous plonge dans une certaine réalité Covid, mais les gens ne viennent pas me voir pour que je les replonge dans leur quotidien parfois morose. D’un autre côté, je ne peux pas passer cette période sous silence non plus. Puis, dans la forme, j’évite les vannes qui exigent de voir comment les spectateurs la reçoivent pour qu’elle marche vraiment. »

On reçoit donc le public masqué d’une manière particulière ?

« J’ai remarqué que c’était très dur de faire rire des gens masqués. Et je constate aussi que ceux qui riaient le moins rigolent encore moins avec un masque sur le visage. Et puis, sur scène, j’ai aussi dû m’habituer à entendre des rires étouffés sans me vexer. Mais j’ai compris tout ça, et mon nouveau spectacle 2022 en tiendra compte ! » explique Kody.

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Si je n’avais pas été artiste…

J’ai suivi des études de commerce et ensuite, j’ai même un peu travaillé dans le marketing. J’aurais donc pu être communicant. Voire homme politique ! Je me dis que partir en tournée, ce doit être un peu comme partir en campagne électorale. Au-delà de ça, même si les moyens et les sujets sont différents, une partie du job est la même : séduire, voire obtenir l’adhésion des gens, par le discours.

15.12.2021
par Frédéric Vandecasserie
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