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Famille

Renouveau rétrospectif : Apprendre du passé pour éclairer l’avenir

06.12.2023
par Heleen Driesen

À l’aube de la nouvelle année, osons un regard rétrospectif. Quel bilan tirer ? Et quid de toutes nos bonnes résolutions ? Voici déjà la première d’entre elles pour l’année à venir : poser un regard plus doux et plus attentif sur ce qui compte vraiment. 

Bientôt le retour du redouté blues de janvier, avec ses journées sombres et le souvenir des fêtes dissout dans la routine du quotidien. On jettera alors un coup d’œil en arrière en se demandant si on a bien réalisé ce qu’on voulait si désespérément accomplir. Qu’est-ce qui nous rend encore heureux aujourd’hui ?

Mauvaises bonnes résolutions

Ce regard rétrospectif est une bonne chose, estime Wilfried Van Craen, psychothérapeute clinicien et formateur en pleine conscience. « Le Nouvel An est un repère temporel qui nous incite à nous demander si nous sommes dans le bon. Et qui nous donne aussi l’occasion de faire des ajustements et des choix dans la seule vie qui nous est donnée. » Pour qu’au terme de celle-ci, nous n’ayons pas à nous dire : « Si seulement j’avais… ».

Nietzsche affirme que nous devrions vivre notre vie de sorte à être toujours partants pour la revivre à l’identique, indique le psychothérapeute. « Alors en cette fin d’année, posez-vous la question : est-ce que je voudrais recommencer l’année écoulée ? Avec ses hauts et ses bas, a-t-elle été satisfaisante ? Lorsque je pose ces questions aux participants d’une formation, ils réalisent souvent qu’ils n’ont pas vécu la vie qu’ils souhaitent vraiment depuis un certain temps. C’est une expérience très stimulante. »

Priorités personnelles

Pour agir sur notre avenir, nous devons prendre des décisions ici et maintenant. Malheureusement, nos choix sont souvent déguisés en bonnes résolutions par avance vouées à l’échec, indique le psychothérapeute. « Ces bonnes résolutions sont trop abstraites, irréalistes ou ne sont tout simplement pas les bonnes. Parce qu’elles reflètent avant tout un comportement socialement souhaitable et ignorent nos besoins personnels. Des résolutions de type « faire plus d’exercice » ou « surveiller sa ligne » sont principalement prises par conformisme et non parce qu’elles nous rendent réellement plus heureux. »

Ce qui a vraiment de la valeur dans une vie humaine, ce sont les priorités personnelles que chacun doit découvrir par lui-même, affirme Wilfried. « Qu’est-ce qui fait battre votre cœur plus vite ? Qu’est-ce qui vous fera dire « C’était une bonne année pour moi” à la fin de l’année 2024 ? Personne ne peut affirmer avoir passé une bonne année pour la seule raison d’avoir perdu du poids; c’est bien plus probable si l’on a été présent pour ses proches. Ou parce qu’il a beaucoup donné et beaucoup reçu en retour. »

Le Nouvel An est un repère temporel qui nous incite à nous demander si nous sommes dans le bon.

- Wilfried Van Craen, Psychothérapeute clinicien et formateur en pleine conscience

Investir dans les valeurs

Pour éviter de foncer aveuglément sur l’autoroute de la vie, il faut de temps en temps regarder dans le rétroviseur. Et pour cela, il faut faire preuve de bienveillance envers soi-même, explique Wendy de Pree, psychologue du développement et thérapeute comportementale. « L’idée de la pleine conscience et de l’autocompassion se retrouve dans la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT). On y apprend qu’il y a des sentiments, des pensées et des événements sur lesquels on n’a aucun contrôle. » Les émotions difficiles comme la peur, la tristesse ou la colère sont humaines. Ce qui compte, c’est la façon dont on les gère. « Au lieu d’être sévère et critique envers vous-même : « Je n’ai encore rien fait aujourd’hui, je suis tellement paresseux et bon à rien », il vaut mieux se dire avec bienveillance : « Il est tout à fait normal que je sois fatigué. Où trouver l’énergie pour faire les choses qui me plaisent ?” Ce n’est pas un réflexe facile, il faut s’y entraîner dès le plus jeune âge. »

Un simple bocal peut nous aider à considérer notre existence d’un œil plus clément. « À partir de janvier 2024, notez au terme de chaque semaine une expérience heureuse sur un post-it et glissez-le dans le bocal », conseille la psychologue. « Ensuite, pendant la période de fin d’année, quand vous avez un moment à vous, lisez-les un à un. Fermez les yeux et revivez ces expériences heureuses. Qu’est-ce qui vous a comblé cette année ? Dans quelles petites ou grandes choses le bonheur s’est-il manifesté pour vous ? » D’autres outils enrichissants, selon le psychologue, sont les cartes ou les jeux de valeurs qu’on trouve sur Internet. « Classez des valeurs telles que l’ambition, la fiabilité ou la maîtrise de soi par ordre d’importance pour vous. Demandez-vous ensuite si vous leur consacrez assez d’efforts. Si ce n’est pas le cas, remédiez-y activement. »

Certains jeux de cartes révélateurs de personnalité permettent aussi de sonder l’âme avec des questions comme « Qu’est-ce qui vous passionnait quand vous étiez petit ? » ou « Comment aimeriez-vous que vos enfants parlent de vous ? ». C’est un bon début pour donner de la profondeur aux journées de fin d’année, suggère Wendy. « Réfléchissez également à ce qui fait la valeur de Noël ou du Nouvel An pour votre famille. » Est-ce vraiment la table joliment dressée ou le repas à cinq services ? Peut-être que les enfants n’y accorderont pas beaucoup d’importance si leur mère est stressée toute la soirée. Demandez-leur comment ils préfèrent vivre ces moments de fin d’année. « Pour ma part, à la maison ces jours-là, nous organisons une journée pyjama le lendemain de Noël et nous mangeons les restes devant la télévision. Les enfants sont heureux et les parents aussi. Ce sont les petites traditions qui créent des liens et font le bonheur de tous. », conclut la thérapeute comportementale.

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