Interview par Valérie Kinzounza

Cristina Balducci : « Je suis persuadée qu’on fait beaucoup avec de l’amour et du temps, donc je fais avec les outils que j’ai »

Cristina Balducci, c’est la fille qu’on aimerait avoir pour amie : cette bruxelloise de 35 ans, à la tête du compte instagram @bonjourgeorges, est aussi inspirante qu’authentique. Papote sans filtre sur la famille avec cette maman solaire de 4 enfants.

Peux-tu nous parler de toi ?

« Je suis moitié finlandaise, moitié italienne et je suis hyper attachée à mes origines. On est expatriés à Bruxelles mais on y vit depuis que j’ai 5 ans, alors c’est devenu chez moi. Depuis que je suis toute petite, je rêve d’avoir des enfants ! Ça a toujours été le projet n°1 de ma vie. Ce qui était boulot ou projet perso venait en parallèle. Je voulais être maman avant tout. »

Ça vient d’où, ce besoin profond ?

« Je ne sais pas, c’est en moi depuis toujours. À 4 ans, je disais “je m’appelle Cristina et je veux dix enfants”. Ça vient de loin ! Heureusement, j’ai rencontré Fred quand j’avais 18 ans. Il a 20 ans de plus que moi donc il était sans doute déjà plus prêt pour la paternité que des mecs de mon âge ne l’auraient été à cette époque. Mais on est quand même restés 5 ans ensemble avant d’avoir des enfants, on a profité à deux. Aujourd’hui, on a 4 enfants : Alex, 11 ans, Louis, 10 ans, Colette, 6 ans, Gigi, 4 ans et je vais avoir un petit cinquième en février ! »

On te connaît via ton compte instagram @BonjourGeorges. D’où t’est venue l’envie de le créer?

« Je l’ai commencé en 2016, quand j’étais enceinte de Colette, ou juste avant. J’ai toujours été très branchée fringues et mode. À la base, c’était juste une volonté de partager des trucs chouettes que je trouvais pour les enfants. Des marques cool, des bonnes adresses… Ça a grandi tout doucement, mais sûrement. »

C’est devenu un succès surtout ! Qu’est-ce que ça a changé ? 

« J’ai pu faire des collabs incroyables avec des marques dont je rêvais, ça m’a permis d’accéder à tout un monde de la mode que j’adore… Les collabs, c’est top car c’est participer au projet pleinement, sans les risques ni la pression. C’est hyper enrichissant, et je ne le fais qu’avec des produits et des marques dont je me sens très proche. Je prends très peu de choses en plus, et uniquement si j’adore. Mais au-delà de cela, ça n’a pas changé ma vie. Ça m’occupe bien, mais ça reste un hobby et je le prends comme ça. Je n’ai pas envie que ça devienne un job full time. Je ne me prends pas trop au sérieux, j’essaie juste d’être authentique et spontanée dans ce que je partage. »

Qu’est-ce que tu veux y insuffler ?

« Je me demande toujours : “Est-ce que j’aurais conseillé ça à ma pote dans la vraie vie ?” Avec les avantages comme les inconvénients. Je fais de mon mieux pour rester très transparente. Et puis, j’essaie d’avoir beaucoup d’autodérision car ça reste quand même essayer plein de fringues ! Ce que j’adore faire, c’est créer des looks, alors j’essaie d’en faire au moins une fois par semaine. Pour le reste, c’est spontané, je poste une image parce qu’elle m’a touchée. Je vois mon compte comme une espèce de journal de ma vie,  je me revois à certaines périodes… C’est là que je mets les meilleurs moments que je vis, il n’y a pas de grande réflexion derrière. »

Ce qui me sauve vraiment au quotidien ? Je ne culpabilise jamais.

Comment occupes-tu tes journées ? 

« Je bosse beaucoup avec Fred qui est propriétaire d’une chaîne de restos appelée “Bon” et je m’occupe de la partie administrative. Je vais 3-4 jours par semaine au bureau : j’adore mes collègues et la vie de bureau ! Et je m’occupe aussi pas mal de mon instagram. Et puis pour le reste, ça tourne fort autour des enfants. »

Comment fais-tu au quotidien pour jongler avec ta vie de maman et de femme active ?

« J’ai un maître mot dans la vie : flexibilité ! Je travaille quand je veux, c’est-à-dire que j’ai un volume de travail à faire pour mon boulot avec une date butoir tous les mois. Donc, je gère comme ça m’arrange, tant que tout est fait pour la date prévue. Je n’ai pas de relations clients ou de choses qui doivent être faites immédiatement donc c’est super facile et cette flexibilité me sauve. Pareil pour mon insta ou les collabs, ce sont des projets que j’accepte en fonction du temps que j’ai. J’ai tellement de flexibilité que je peux jongler avec plein d’éléments pour faire diminuer la pression. »

Comment tu t’organises avec tes enfants ? 

« Je les accompagne à leurs activités, on passe du temps ensemble, on parle… On fait beaucoup de choses ensemble. J’ai 3 ou 4 trucs le soir par semaine une fois que les enfants sont couchés, un soir d’office en amoureux avec Fred, mais le week-end, pour moi c’est la famille. Je suis souvent absente la semaine en soirée mais comme j’ai mis tout le monde au lit avant de partir, je me sens hyper libre. Avoir cette liberté de bouger la semaine, c’est mon équilibre. »

Tu ne te mets pas de pression ?

« Je me mets zéro pression dans la vie. C’est le plus grand apprentissage de ma mère, qui se souciait très peu du regard des autres et fonctionnait à l’instinct. De nos jours je trouve qu’on perd complètement cet aspect. Avec mes enfants, tout est instinctif. J’ai pas lu un seul livre, j’ai pas besoin de l’avis des autres, j’ai confiance en ma façon de gérer mes enfants. Parfois, j’ai des doutes comme tout le monde et je me remets en question aussi, mais je suis persuadée qu’on fait beaucoup avec de l’amour et du temps donc je fais avec les outils que j’ai. Et s’ils ne prennent pas un bain pendant 2 jours, ça ne me rend pas malade. Je ne culpabilise jamais et ça me sauve vraiment au quotidien. Je fais de mon mieux et ce qui est important, c’est qu’ils soient heureux et bien dans leur peau. »

Quelles sont les valeurs que tu veux leur inculquer ? 

« Je leur dis : “les enfants, j’aurai tout réussi si vous êtes de bonnes personnes”. J’essaie de rire beaucoup, de leur apprendre à rire d’eux-mêmes aussi, qu’ils sachent se remettre en question et qu’ils se sentent libres dans leurs choix, comme ma maman l’a fait avec nous. Ça nous a donné confiance en nous. Il n’y a jamais eu de jugement. Que de l’amour et des encouragements. Je déteste mettre des étiquettes à mes enfants, dire par exemple “toi tu es maladroit”. Je trouve qu’une fois qu’on l’a dit tout haut, on porte ça toute une vie… mais j’essaie de leur faire prendre conscience de leurs erreurs, c’est important. »

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Tu as quelle relation avec tes enfants ?

« Ça dépend. J’ai des relations très différentes avec tous. J’en ai deux qui me ressemblent très fort et deux qui ressemblent fort à leur papa. Je suis de toute façon très proche d’eux. On a zéro tabou, on communique beaucoup et on parle de tout. Il n’y a pas de secret chez nous. J’ai perdu ma maman il y a trois ans de façon assez violente et on en a parlé directement, on n’a pas essayé de cacher. Même quand c’est douloureux, on en parle, mais avec des mots adaptés. »

Ça représente quoi, la vie de famille pour toi ? 

« C’est la richesse des interactions. J’adore voir les liens qui se créent et les enfants qui se font plaisir l’un à l’autre. Mon image du bonheur ultime, c’est une grande table avec des gens qui rigolent. Tous assis autour de la table, à vivre le moment présent. Les meilleurs moments de toute ma vie, c’est ceux ultra simples où on décide de prendre l’apéro avec les enfants autour de la table du salon. On est ensemble, profitant de l’instant, et on papote. Une vision du bonheur très simple. »

Ça t’arrive de te sentir débordée ?

« Oui, il y a des jours où je craque bien sûr. On fait ce qu’on peut. Et en parler, ça aide beaucoup ! Moi, je dis aux enfants : “je suis débordée”, “je suis de mauvaise humeur”, “je fais ce que je peux, aujourd’hui ce sera comme ça”. Et puis, le pardon, aussi, c’est super important, ça a changé ma vie. Quand j’étais petite et que mes parents foiraient, ils nous demandaient pardon et ça changeait tout, alors j’essaie de faire de même avec mes enfants : “j’ai foiré, pardon, c’était pas bien de dire ça mais moi aussi j’apprends”. C’était très libérateur quand j’étais petite, ça effaçait les choses que j’avais mal vécues. Ça permet de montrer aux enfants qu’on a des limites, qu’on n’est pas des machines qui ne font que du bonheur et des moments parfaits. On fait ce qu’on peut et il y a des moments où on foire. Alors on s’excuse et on repart. Pour moi, il est aussi important de savoir pleurer devant ses enfants que de savoir rire. On est des personnes à part entière. Ça m’a beaucoup appris dans la vie de voir mes parents avec leurs faiblesses. Avoir des images parfaites qu’il faut conserver, ça met beaucoup de pression sinon. C’est important d’avoir une image réaliste. »

Que représente Noël pour toi ? 

« Je ne me sens plus en accord avec cette fête parce que je n’aime pas tout ce qui est surfait,  je suis quelqu’un d’hyper spontané et ce côté très forcé ne me parle pas. Je préfère un barbecue improvisé qui dure jusqu’à pas d’heure : ça, ce sont les meilleures fêtes ! Noël, je trouve que ça a perdu beaucoup de sens. Nous, en Finlande quand on était petits, on avait le vrai Père Noël chez mes grands-parents. C’était magique. »

Alors comment vis-tu cette période avec ta famille ? 

« Je joue le jeu à fond pour mes enfants. Parce que même si je n’aime pas, c’est hyper important pour moi de le fêter pour eux parce qu’enfant, j’adorais Noël. Alors on met le sapin, on le décore ensemble… J’aime quand c’est simple. Mon meilleur Noël, c’est avec mes enfants et Fred, on regarde un film en famille, on met sur la table tout ce qu’on a envie de manger, même ce qui est improbable. On rigole, on est juste nous. Je m’efforce que ce soit magique pour les enfants, je me donne à fond pour leurs cadeaux, je leur mets des chansons de Noël…. Ça m’éclate de leur faire plaisir ! »

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Qu’est-ce qui te donne de l’énergie ?

« Me fixer des carottes : un petit voyage, une fête prévue avec des potes, une petite soirée en famille… Je suis aussi hyper attachée à mes amies, je les appelle tous les jours. On a un grand ancrage dans les vies des unes et des autres, et on s’encourage mutuellement. Mes amitiés sont très fortes et elles m’apportent beaucoup au quotidien. Cette sorte de légèreté, de vie avec plein de gens que j’aime, c’est ça qui me booste. »

06.12.2023
par Valérie Kinzounza
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