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Diversité

Au-delà des différences : la richesse des couples mixtes

13.12.2023
par Tuly Salumu

La société se diversifie aussi rapidement que le nombre de couples mixtes augmente. Malgré les différences culturelles, ils ne se sentent pas si différents que cela. Deux couples témoignent de la richesse de l’amour interculturel, à l’opposé des préjugés. 

Marie et Dries

« L’amour n’a pas de couleur. Nous avons les mêmes préoccupations que n’importe quelle autre famille. » Marie et Dries sont un couple depuis près de 10 ans, ont un fils et une petite fille et vivent à Saint-Nicolas. Ils ont fait connaissance lors d’un speed dating. « Aucun de nous deux ne voulait être là », explique Marie. « J’étais une célibataire heureuse, mais dès que j’ai parlé à Dries, le courant est passé. Finalement, nous sommes les seuls à avoir rencontré quelqu’un lors de cette soirée. (rires) »

Dries est issu d’une famille traditionnelle flamande, alors que Marie a des racines sénégalaises. Il n’est pas très porté sur la religion, au contraire de Marie. Ils fêtent et cuisinent selon deux traditions. « Nous fêtons à la fois Noël et le carnaval sénégalais », explique-t-elle. « C’est un signe de respect et d’amour. » Ils sont également mariés religieusement. « Dans ma culture, un mariage religieux prime sur le mariage légal », explique-t-elle. « C’était important pour moi. Nous avons organisé une grande fête dans le jardin. C’était merveilleusement chaotique, à l’image des fêtes africaines. (rires). »

C'est parfois un peu agité, mais nous finissons toujours par trouver un compromis.

- Marie

Les deux familles ont dû s’habituer l’une à l’autre. Lorsque Marie a parlé à son fils dans sa langue maternelle, le wolof, sa belle-mère lui a demandé, perplexe, pourquoi elle le faisait. « De tels commentaires sont souvent le fruit de l’ignorance », explique-t-elle. « Je suis la première dans la famille de Dries à avoir une culture différente. » Marie fait vivre la culture sénégalaise à travers la cuisine. « Nous mangeons des frites avec du ragoût, du poulet yassa, du poulet dans une sauce citron-oignon, et du mafé, du riz avec de la sauce arachide. » Les prénoms de ses enfants s’inspirent aussi d’une tradition africaine. « Notre fils, Kayal, porte le nom de mon père. Notre fille, Anna, porte celui de ma mère. » Ces décisions ne sont pas toujours faciles. « Pour le prénom de notre fille, nous avons longtemps débattu, » dit-elle. « Je mangeais, parlais et m’habillais déjà comme une Belge. Je ne voulais pas renoncer à autre chose. Dries l’a compris. C’est parfois un peu agité, mais nous finissons toujours par trouver un compromis. »

Cela les a énormément enrichis. « J’ai commencé à regarder les gens différemment », dit-elle. « Moins de noir et de blanc, mais de nombreuses nuances de gris. Derrière l’apparence d’une personne, il y a plus de profondeur qu’on ne le pense. À cet égard, ma relation avec Dries m’a vraiment ouvert les yeux. »

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Aude et Görkem

L’histoire d’Aude et Görkem, de Gand, ressemble à un conte de fées. Le couple s’est rencontrés lors d’une randonnée en Cappadoce, où il était guide de montagne. « Quand je l’ai vu me sourire à l’aéroport, il y a eu une étincelle », dit-elle. « Je n’ai pas pu m’éloigner de lui pendant ce voyage. Un soir, nous nous sommes retrouvés dans un café. Nous avons discuté jusque tard dans la nuit. Après une semaine, j’avais déjà envie de l’épouser. »

Une fois rentrés, ils ont eu d’interminables conversations sur Skype. Le nouveau couple a décidé de ne pas se séparer malgré la distance. Aude s’est rendue en Turquie dès qu’elle a pu. « J’ai rencontré ses amis et sa famille où j’ai tout de suite été présentée comme la belle-fille », raconte-t-elle. Non seulement aux parents et grands-parents, mais aussi à tous les voisins. « J’ai rendu visite à tout le monde, mangé des baklavas et fait un signe de tête à toutes ces douces grands-mères turques qui me disaient des phrases auxquelles je ne comprenais rien. (rires) »

Aude a beaucoup appris de cette expérience. « J’ai grandi avec une grande ouverture d’esprit », dit-elle. « Pourtant, je me suis surprise à croire aux clichés. Par exemple, je m’étais habillée très couverte pour la première rencontre avec sa famille, alors qu’il faisait très chaud. Je pensais que c’était ce qu’il fallait faire. Quand je suis arrivée, les femmes portaient des vêtements d’été légers. Je me suis sentie un peu perdue. »

Il existe de nombreuses similitudes entre nos religions et nos cultures. Nous sommes plus semblables que nous ne le pensons.

- Aude

Le couple a décidé de s’installer en Belgique. Pour Görkem, ce fut compliqué. Titulaire d’une maîtrise en sciences du sport, il avait un bon emploi en Turquie. Ici, malgré son diplôme de haut niveau, il n’a pas pu travailler pendant longtemps. « Sans permis de séjour, ce n’était pas possible », explique Aude. « Il a suivi des cours de néerlandais à temps plein. Ne pas gagner d’argent était difficile pour lui. Il n’avait pas le droit de se rendre en Turquie pour le mariage de sa sœur, car son permis de séjour avait été refusé. Nous avons dû recommencer toute la procédure : tous les papiers, les demandes, un avocat… J’ai été choquée par cette situation. C’était déjà si difficile pour nous d’organiser tout cela, qu’en est-il des personnes qui ne parlent pas la langue ? »

Finalement, le couple s’est marié en 2014 et a trois enfants qui portent des noms turcs – Eren, Onan et Yade – et qui ont la double nationalité. Aude déclare : « La Turquie est devenue ma deuxième patrie. Nous transmettons la culture turque ici aussi. Görkem est musulman, mais ne suit pas sa religion à la lettre. Nous ne faisons pas le ramadan, mais nous enseignons à nos enfants des valeurs islamiques telles que le respect des aînés. Chaque année, nous faisons abattre un mouton en Turquie pour les personnes en situation de pauvreté. Il existe de nombreuses similitudes entre nos religions et nos cultures. Nous sommes plus semblables que nous ne le pensons. »

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