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50+

Pour éviter le zéro de conduite…

Loin des vérités assénées sans vérification, les plus de 50 ans ne sont pas des conducteurs plus « à risque » que d’autres. Et si le médecin a des doutes quant aux aptitudes d’une personne à la conduite, il orientera celle-ci vers les services adéquats pour tenter de trouver les bons compromis.

Les personnes âgées

Contrairement aux idées (trop) souvent reçues, les personnes âgées ne sont pas les plus impliquées dans les accidents de la route quand elles sont derrière le volant. « En revanche, elles sont souvent percutées en tant qu’usagères plus vulnérables, quand elles sont piétonnes par exemple. En revanche, lorsqu’un accident survient, les seniors sont beaucoup plus susceptibles de subir des blessures graves. Ou de décéder à cause de leur plus grande vulnérabilité physique. À violence de collision égale, le risque de décès d’une personne de 75 ans est environ le triple de celui d’une personne de 18 ans », observe Virginie Pirotte Directrice du « Dac », Département d’Aptitude à la Conduite, organisme vers lequel le médecin de famille doit orienter le patient pour voir dans quelle mesure ce dernier peut encore conduire si jamais il existe des doutes quant à ses capacités.

« Le DAC ne déclare une personne totalement inapte à la conduite que dans 4% des cas. »

Virginie Pirotte, Directrice du « Dac »

L’évaluation de la DAC

Il est tenu compte de deux choses : son état de santé correspond-il aux normes médicales requises selon la loi ? Est-il en possession des habiletés perceptives, cognitives et motrices suffisantes pour pouvoir conduire en toute sécurité ? « Bref, tout le monde ne doit pas passer par le DAC, loin de là. Le médecin est le premier maillon de la chaîne. Et puis, surtout, le “DAC” ne tranche pas de manière absolue, décidant si vous pouvez encore, ou non, conduire. Il est aussi possible d’établir certaines restrictions. Comme l’interdiction de conduire de nuit, d’emprunter l’autoroute ou de dépasser un certain rayon kilométrique.

Des « caractéristiques positives »

Mais il faut aussi tenir compte des caractéristiques positives que certaines personnes plus âgées peuvent présenter », résume-t-elle encore.

Et quels seraient ces éléments ? « Il y en a principalement deux », répond Luc De Schryver, ergothérapeute et expert en évaluation d’aptitude à la conduite et en adaptation du véhicule. « Tout d’abord, les personnes les plus âgées sont, par nature, plus expérimentées. Une chose qui peut, par exemple, pallier une légère baisse des réflexes. Et puis, je constate qu’une partie importante de ces personnes pratique parfaitement l’autorégulation. Et se met naturellement des limites si elle ne se sent pas capable de conduire pendant un certain temps ou dans certaines circonstances. » Parce que s’il y a bien une chose qui a changé ces dix dernières années. C’est l’environnement de conduite. » Luc De Schryver : « Le trafic est plus chargé. Tandis que le nombre de panneaux routiers a augmenté ! »

« Les personnes les plus âgées sont, par nature, plus expérimentées. »

Luc De Schryver, Ergothérapeute, expert en évaluation d’aptitude à la conduite

Après, dans l’amélioration des aptitudes à la conduite, le choix du véhicule est aussi essentiel ! Luc De Schryver poursuit : « Le matériel dont est équipée, ou pas, la voiture, importe aussi. Par exemple, il serait peut-être bénéfique, dans certains cas, de passer à une boîte automatique, permettant de se concentrer davantage sur la route que sur les changements de vitesse. À l’inverse, des appendices comme un GPS ou un système de franchissement de ligne peuvent s’avérer perturbateurs. »

Garantir la vie sociale

« Tout cet arsenal de mesures possibles, tant dans les conditions de conduite que dans le matériel, fait que le “DAC” ne déclare une personne totalement inapte à la conduite que dans 4 % des cas », conclut Virginie Pirotte. « Le but est à chaque fois de trouver un compromis ne privant pas les gens plus âgés de leur possibilité de conduire. Et donc de leur autonomie par la même occasion. Parce qu’on sait aussi que la possession d’un véhicule fait partie des choses essentielles pour garantir la vie sociale des plus âgés. »

29.10.2021
par Julie Garrigue

En association avec

Le DAC est le Département d’Aptitude à la Conduite de l’Agence wallonne pour la Sécurité routière (AWSR). Il évalue l’aptitude à la conduite des personnes domiciliées en Wallonie présentant une diminution de leurs capacités fonctionnelles. Ces services sont gratuits. Le DAC ne délivre pas de permis de conduire, mais une attestation d’aptitude à la conduite. Se faire évaluer par le DAC n’équivaut donc pas à repasser son permis de conduire.

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