Interview par Fokus Online

Laura Laune: « C’est facile de faire pleurer au théâtre; le plus difficile est de faire rire »

Avec son humour et ses chansons mordantes, Laura Laune fait sensation dans notre pays et à l'étranger depuis quelques années.

Avec son humour et ses chansons mordantes, Laura Laune fait sensation dans notre pays et à l’étranger depuis quelques années. Elle a accepté de nous parler à cœur ouvert du pays qui est le sien: la Belgique! Au programme: gastronomie, politique, culture et influences artistiques belges.

On peut dire que quand vous faites une déclaration d’amour, il vaut mieux s’accrocher (cf. sa chanson/déclaration d’amour à la France). Est-ce que vous auriez la même déclaration d’amour pour la Belgique?

« Je n’ai pas encore écrit de chanson-déclaration d’amour à la Belgique mais j’aimerais vraiment bien le faire. Ma nouvelle tournée m’amène pour quelques dates chez nous… et j’y pense de plus en plus! »

On pourrait commencer à l’écrire ensemble… Qu’est ce qui mérite d’être vu chez nous?

« La mer du Nord! J’ai toujours eu un coup de cœur pour la mer du Nord. Mais c’est parce que ça me rappelle mon enfance. C’est tout un univers en soi: acheter du poisson, le cuisiner en famille, se promener dans les dunes, manger des gaufres… Dès que j’avais des vacances, j’y allais avec ma maman ou mes grands-parents. Même l’hiver! Ça a du charme de remballer vite fait ses affaires sur la plage parce qu’il commence à pleuvoir (rire). »

Quelle ville vous a le plus marquée?

« Bruxelles, sans aucun doute! J’en suis fan. C’est une grande ville et pourtant quand on s’y trouve, on a juste l’impression que c’est un gros village. Il n’y a pas tout ce stress que l’on retrouve à Paris, là où je vis pour le moment. C’est une ville à taille humaine et on se sent à la maison. »

Cela ne vous manque pas?

« Oh si! Mais j’y retourne dès que j’ai deux ou trois jours de libres. J’ai plein d’amis là-bas toujours prêts à prendre un verre. Et puis j’adore courir dans le bois de la Cambre. Je ne rate jamais une occasion de le faire quand je reviens à Bruxelles. »

J’ai toujours eu un coup de cœur pour la mer du Nord. C’est tout un univers en soi.

Quelles ont été vos inspirations belges? Les artistes qui vous ont fascinée et façonnée?

« Quand j’étais plus jeune, j’étais vraiment fan des festivals de musique. Dour m’a énormément marquée. Sans oublier les groupes belges qui allaient avec: Girls in Hawaii, Mud Flow, Ghinzu… Tout cet univers m’a donné envie de monter sur scène. Sans parler des gens qui venaient de ma région et qui ont bien réussi comme Saule. »

En parlant de Saule, vous l’avez rencontré?

« Oui. Il m’a contactée et il m’a dit qu’il appréciait ce que je faisais. Je lui ai dit que c’était réciproque. »

Un futur projet en commun se dessinerait-il…

« Malheureusement, il est très occupé et moi aussi, mais j’adorerais ça! »

Qu’en est-il des humoristes belges? Certains vous ont-ils marquée?

« Bien sûr! Les Taloches quand j’étais petite par exemple. On jouait leurs sketches aux soupers de famille. Ou encore Laurence Bibot avec son sketch “Le petit chat mort”. Ca me fait mourir de rire! »

C’est grâce à ça que vous avez eu l’envie de faire de l’humour?

« Sincèrement je n’ai jamais pensé être faite pour ça. Ça m’est venu très tardivement. J’ai bien sûr toujours été passionnée par le théâtre et la musique. En fait, tout ce qui touchait à l’art. C’est sans doute pour ça que je me suis retrouvée à faire des études d’architecture. Pour tout dire, j’ai commencé à faire beaucoup de castings pour des pièces, mais je n’étais jamais prise parce que j’étais assez timide. Du coup, je me suis dit que j’allais créer mon propre spectacle. L’humour et le stand-up, on le fait avec rien. On n’a pas vraiment besoin de logistique pour se lancer. Je me suis créé ma propre chance tout en gardant une chose en tête. Une phrase que m’a dit un jour mon prof de théâtre:“c’est facile de faire pleurer au théâtre; le plus difficile est de faire rire”. J’ai pris ça comme un challenge. Et me voilà! »

Connaissez-vous des blagues que les Français racontent sur les Belges et qui sont vraies?

« Je suis très nulle en blague. Mais toutes celles sur l’alcoolisme doivent être vraies (rire). J’ai beaucoup plus fait la fête en Belgique qu’en France, ça c’est un fait. Mes meilleurs souvenirs restent en Belgique, avec mon baptême étudiant à l’ULB. Il faut dire que la bière est moins chère. »

Si vous deviez recréer le drapeau belge à l’image de ce qu’est la Belgique actuellement que lui donneriez-vous comme emblème?

« Un gros point d’interrogation! Demandez à un étranger où se trouve la Belgique, il ne saura pas vous répondre. On ne connaît pas non plus la langue officielle. On me demande parfois si chez nous on parle le français ou le belge (rire). Même les Belges de Belgique ne savent pas trop eux-mêmes comment fonctionne le pays. Qui peut me dire à quoi sert le roi? »

Mes meilleurs souvenirs restent en Belgique, avec mon baptême étudiant à l’ULB.

Quelle est la qualité belge que tu voudrais voir plus souvent?

« Ne pas se prendre la tête!Il n’y a qu’à prendre l’exemple de notre défaite contre le Pays de Galles à l’Euro 2016. Je me rappelle qu’une journaliste d’une chaîne française interrogeait des supporters belges en supposant qu’on devait être tristesà cause de notre échec. La réponse des Belges a été simple “Ben non! On va faire la fête parce qu’on est contents d’avoir été jusque-là.” »

Quel est le plat belge que vous souhaiteriez voir exportédans le monde entier? Quel est celui que vous ne voulez pas voir quitter le territoire?

« Je ne vais pas être originale parce que je dirais le chocolat et la bière (rire). En France, même si les deux pays sont voisins, on a beaucoup moins de choix. Pour ce qui est de celui que j’aimerais voir disparaître, je dirais les carbonnades. Mais ça, çane tient qu’à moi. Je suis végétarienne, je n’en mange plus et je trouverais ça très bien qu’on mange moins de viande. »

Si vous deveniez Première ministre, quels seraient vos trois grands chevaux de bataille?

« L’écologie sans aucun doute. C’est un enjeu actuel partout dans le monde. Un meilleur enseignement serait aussi une belle chose à défendre. J’ai été profet les conditions dans lesquelleson travaille ne nous permettent pas de nous épanouir dans ce qu’on fait. Même si je n’ai donné cours que 6 mois, je me suis vite renducompte que ce serait difficile. Enfin, en troisième position, je crois que je me battrais pour que le Grand Jojo soit reconnu internationalement! Je trouve qu’il est représentatif de la bonne humeur qu’on devrait toujours avoir. »

SMART FACT

Si Laura Laune n’avait pas été humoriste, elle aurait été…

Prof! Même si les conditions sont difficiles, ça me plaisait quand même. J’ai toujours été passionnée par la création: le chant, la danse, le dessin, le théâtre. Et je trouve qu’il y a un côté artistique dans l’enseignement. Je me rappelle avoir créé un jeu de construction instructif avec des élèves dans un cours qui à la base était particulièrement pénible.

09.05.2019
par Fokus Online
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