La sécurité au travail : et si on en faisait un sujet capital ?

Souvent relayée au second plan, la question du bien-être et de la sécurité au travail est revenue sur le devant de la scène, portée par une situation sanitaire inédite. Si la crise du covid a forcé les employeurs à s’interroger sur la question et à mettre en place certaines mesures d’urgence, comment peut-on, à l’avenir, développer des cadres de travail plus sécuritaires pour les travailleurs, qu’ils soient intérimaires ou qu’ils occupent un poste fixe ? État des lieux et bonnes pratiques.

Le bien-être au travail : de quoi s’agit-il ? 

Le bien-être au travail, ce n’est pas seulement « se sentir bien au travail ». Ce concept a d’ailleurs été encadré par la loi du bien-être au travail de 1996 mais le nombre de domaines auxquels il s’applique reste méconnu. En effet, il s’agit d’envisager la question du point de vue de la prévention des accidents, de l’ergonomie et de l’ambiance sur le lieu de travail, de l’utilisation de produits dangereux, mais aussi, et c’est moins connu, du bien-être psychosocial. 

Un sujet qui, selon Marijke Bruyninckx, directrice de Prévention et Intérim, une ASBL spécialisée dans la question de la sécurité au travail des travailleurs intérimaires, prend de plus en plus d’ampleur ces dernières années. Et la récente pandémie n’a fait qu’accentuer le phénomène… « Les gens se sentent mal. Et personne n’est épargné, travailleurs ou non, des plus jeunes aux plus âgés. Les employeurs devront en tout état de cause en tenir compte lors de la mise en place de leur politique de bien-être » – Marijke Bruyninckx

Quelle est la situation en Belgique aujourd’hui ?

Grâce au travail de sensibilisation mené par les acteurs de terrain, le nombre d’accidents survenus sur le lieu de travail a considérablement diminué… jusqu’en 2013 ! Depuis, les statistiques ont tendance à stagner. Le taux de fréquence, c’est-à-dire le rapport entre le nombre d’accidents et le nombre d’heures prestées, fluctue quelque peu. Et la gravité des accidents reste quant à elle tristement élevée. En cause, selon Marijke Bruyninckx, le peu d’importance donnée à la question de la sécurité au travail par les employeurs. En tant que spécialiste de terrain, formée comme conseillère en prévention, elle nous explique que souvent, c’est le manque de moyens ou de connaissances des employeurs qui est à l’origine du problème. « Fort de ce constat, P-I poursuit ses efforts et tente de toujours plus sensibiliser les employeurs à la question. Si certains doivent se montrer plus prudents, de notre côté, nous devons toujours faire davantage pour les accompagner au mieux dans leurs démarches de prévention ». – Marijke Bruyninckx

Une prudence encouragée, voire forcée ces derniers mois, par un contexte sanitaire particulier. Début 2020, alors que la pandémie de covid-19 frappe de plein fouet le monde entier, le secteur professionnel doit se réinventer. Pour leurs employés en télétravail ou, au contraire, en première ligne, les employeurs sont contraints de réfléchir à un cadre de travail sain en matière de santé et d’adopter des procédures claires. Une démarche saluée par Marijke Bruyninckx qui espère qu’à l’avenir, les employeurs continueront à procéder de la même façon pour tous les types de risques.

L’analyse de risque : pour partir du bon pied 

La pandémie a vulgarisé le concept d’analyse de risques qui est devenu aujourd’hui un concept clair et reconnaissable pour tous. La première démarche que devrait effectuer un employeur au moment de l’embauche d’un nouveau collaborateur est de clairement analyser les risques spécifiques liés à sa future fonction. Cette étape est capitale pour garantir la sécurité de tous les travailleurs. Une fois les risques listés, l’employeur va pouvoir mettre en place des solutions pour les anticiper. En outre, il est primordial que chaque intervenant sur le lieu de travail soit correctement informé et sensibilisé aux risques liés à ses tâches. C’est la mission de l’employeur qui doit se montrer communicatif et à l’écoute.