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Enfant

L’implication du père est essentielle pour le bien-être de l’enfant

07.02.2023
par Tuly Salumu

Tandis que les mères portent et mettent au monde les bébés, les pères restent souvent sur la touche, un peu perdus. Comment peuvent-ils s’impliquer davantage dans la grossesse et l’éducation de leur bout de chou ? « Ceux qui pensent que les papas ne savent pas changer les couches ? Ça me fait rire. »

Pour les générations précédentes, c’était simple : le père travaillait pour gagner de l’argent, la mère s’occupait de la maison et des enfants. Si ces derniers dépassaient les bornes, le père faisait preuve de son autorité, mais à part cela, il n’interagissait pas beaucoup avec sa progéniture.

Aujourd’hui, la paternité a complètement changé. Les mères travaillent et sont moins omniprésentes à la maison. Le père doit lui aussi s’improviser cuisinier, aide-ménager et compagnon de jeu des enfants après le travail. Adieu la figure stricte et autoritaire et bonjour le papa poule émotionnellement disponible et amant parfait…

Le village

Voilà pour l’image idéale. Car en réalité, tous les pères sont loin de se sentir à l’aise dans leur nouveau rôle. Leur insécurité commence dès la grossesse, qui tourne principalement autour de la future maman, et se poursuit lors de l’accouchement, durant lequel ils ne savent pas trop quoi faire.

« On apprend encore aux pères à occuper moins de place au sein de la famille », explique Steven Gielis, expert en parentalité. « Ils parlent moins de leurs émotions et de leurs besoins, même avec leurs enfants. Ils attendent aussi plus longtemps pour demander de l’aide en cas de problème. Les femmes sont plus susceptibles de frapper à la porte de leur « village » lorsque les choses vont moins bien. Mais pour les pères, il y a une sorte de honte, de tabou. »

Pourquoi ? « Nous continuons malheureusement à être influencés par toutes sortes de stéréotypes sociaux et culturels », explique Steven Gielis. « C’est un schéma qui se renforce de lui-même. Les pères continuent à travailler plus d’heures en dehors du foyer et prennent moins de congés de naissance. Ils ont moins de possibilités de travailler à temps partiel. Les soins restent donc aux mains des mamans. Les recherches indiquent ainsi que les enfants passent 65 % de leur temps avec leur mère. »

« Pourtant, l’implication des papas est essentielle », affirme l’expert en parentalité. « Les enfants dont les pères donnent d’eux-mêmes et de leur temps obtiennent de meilleurs résultats en termes de scolarité, de développement, de bien-être mental et émotionnel et de compétences sociales. Ils pensent aussi moins en termes de stéréotypes de genre. »

Lors de conférences, je demande parfois aux papas d'oser faire couler leurs larmes.

- Steven Gielis, expert en parentalité

Parler

La clé de l’implication à part égale des parents est la parole. « Parlez avec votre partenaire de la façon dont vous vous répartissez les rôles au sein de la famille », conseille Steven Gielis. « Il existe aussi beaucoup de lectures intéressantes sur l’éducation des enfants, destinées tant aux femmes qu’aux hommes. Comme  »L’éducation inconditionnelle » d’Alfie Kohn. Je ne pense pas qu’il faille cataloguer les pères et les mères. Être parent, c’est être parent. La façon de l’être ne devrait pas dépendre de votre sexe. »

C’est aussi l’avis de l’Anversois Kenny Deuss, qui compte un demi-million de followers sur sa page Instagram  »Onadventurewithdad ». Ce papa influenceur est une bouffée d’air frais parmi les nombreuses mamans stars des réseaux sociaux. « Je montre de manière ludique que les pères s’occupent aussi de leurs enfants », confie-t-il. « Je change les couches, je fais à manger et je fais le ménage. Même si je le fais peut-être d’une manière plus libre et plus ludique. Je poste des photos amusantes sur le sujet et les gens adorent ça. »

Pourtant, il n’a pas hérité cela de ses parents. « Mon père était l’homme classique qui partait travailler et s’installait devant la télévision une fois rentré, confie-t-il. Il mettait du pain sur la table et ma mère s’occupait de moi. » Avec ses propres enfants, Alix (3,5 ans) et Aster (1,5 an), Kenny Deuss a choisi une approche différente. « Je veux qu’ils puissent toujours compter sur moi. Qu’ils me voient comme un ami auprès de qui ils peuvent s’épancher et s’amuser. Mais bien sûr, je reste leur père. Je suis constamment à la recherche du bon équilibre entre le jeu et la prise de responsabilités. »

La façon d’y parvenir en tant que père n’a rien de sorcier, selon lui. « Vous ne pouvez pas forcer la relation avec votre enfant », explique-t-il. « Il faut qu’elle se tisse naturellement. Tout d’abord, vous devez être prêt à devenir père et à créer un lien avec lui. Si c’est le cas, alors il est important de prendre des dispositions pour vous assurer que vous jouerez un rôle égal en tant que père et mère. »

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Les stéréotypes

La compagne de Kenny Deuss a souffert d’une dépression post-natale. « Je me suis retrouvé seul avec ma fille aînée et j’ai prouvé que je pouvais moi aussi la nourrir et la mettre au lit. Cela m’a fait réaliser que la paternité n’est pas une science exacte, mais qu’elle est surtout une question de temps. Consacrez du temps à vos enfants, ils vous le rendront bien. »

Kenny Deuss veut briser les stéréotypes. « Les gens qui pensent que les pères ne peuvent pas changer les couches, ça me fait rigoler ! Je conseille plutôt aux jeunes pères d’être ouverts d’esprit. C’est le début de tout. » Même son de cloche chez Steven Gielis : « Lors de  mes conférences, je demande parfois aux papas d’oser laisser couler leurs larmes. Les hommes ont été élevés dans l’idée qu’ils devaient être forts. Qui dit qu’on n’est pas fort quand on a le courage de montrer ses émotions ? »

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