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« Voyager de manière responsable peut réellement influencer le climat »

En cette période où la réflexion collective s’oriente vers des comportements plus durables, le secteur du tourisme, traditionnellement associé à une forte empreinte écologique, s’engage lui aussi dans cette transition. Le voyage durable, c’est possible.

TravelEssence, spécialisé dans l’organisation de voyages en Australie et en Nouvelle-Zélande depuis les Pays-Bas et la Belgique, soulève une question pertinente : est-il réellement possible de concilier le voyage longue distance avec un mode de vie respectueux de l’environnement ? Andrew Morten, fondateur de TravelEssence et pionnier du tourisme durable, nous éclaire sur la manière dont tourisme et durabilité peuvent aller de pair.

Comment garantissez-vous concrètement le caractère durable de vos offres de voyage ?

« Tout d’abord, nous choisissons nos partenaires locaux de manière méticuleuse. Nous privilégions systématiquement la petite échelle et préférons les petits B&Bs et lodges aux grandes chaînes hôtelières. Ceux-ci ont un impact environnemental moindre sur leur environnement immédiat. De plus, ils sont aussi gérés par des locaux qui, dans le cas de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, manifestent une conscience climatique plus aigüe. Je pense que cela vient du fait que les habitants de ces régions vivent davantage en extérieur, en lien étroit avec la nature, et sont donc plus conscients de l’importance de la protéger. Ils sont également plus directement confrontés aux conséquences du changement climatique, comme en témoignent les nombreux incendies de brousse. Cette réalité se reflète dans notre offre. Ces dernières années, par exemple, plusieurs éco-lodges mettant l’accent sur la durabilité ont émergé. Ce sont, bien sûr, des partenaires idéaux pour nous. »

Qu’est-ce qui en fait des partenaires idéaux ?

« Outre leur forte conscience de leur empreinte écologique, comme en témoigne leur autonomie énergétique, ces hébergements contribuent aussi à la création d’emplois locaux. Cette dynamique est nettement moins présente dans les grandes chaînes hôtelières, qui ont tendance à recourir à des saisonniers et du personnel temporaire. En cumulant tous nos partenaires, nous contribuons à fournir du travail à environ 5 000 employés, des individus souvent sensibilisés aux problématiques du changement climatique.

Grâce à notre collaboration, ces personnes jouissent d’une stabilité financière, leur offrant la possibilité de développer et de promouvoir davantage leur engagement envers la durabilité. Ce faisant, elles participent à la sensibilisation, y compris auprès des voyageurs des Pays-Bas et de Belgique qui visitent ces lieux grâce à nous. Ces voyageurs sont généralement déjà sensibles à la question de la durabilité. Ils trouvent ainsi un écho à leurs convictions et renforcent leur engagement dans ce domaine, créant une sorte de spirale positive pour le climat. »

Comment les longs vols s’intègrent-ils dans cette démarche durable ?

« Il est indéniable que les vols longue distance sont une source significative de pollution. Cependant, même dans ce contexte, il est possible de choisir des options moins polluantes. Par exemple, nous privilégions les compagnies aériennes dotées d’une flotte récente, moins polluante que les modèles plus anciens. De plus, il est crucial de choisir des itinéraires comportant le moins de stops possible, car les phases de décollage génèrent les émissions de CO2 les plus élevées. Notre objectif est donc de minimiser les escales autant que possible. »

Les petits B&Bs et lodges ont un impact environnemental moindre sur leur environnement immédiat.

Et qu’en est-il du transport sur place ?

« Nous privilégions une approche à petite échelle et souhaitons que nos voyageurs expérimentent au mieux le mode de vie local. Cette vision n’est pas compatible avec l’utilisation de camper vans. Non seulement ils sont très polluants, mais ils limitent également les interactions avec l’environnement local, puisque vous voyagez constamment avec votre hébergement. C’est pourquoi nous avons fait le choix délibéré de ne pas les inclure dans nos offres. Nous optons plutôt pour de petites voitures de location. En sélectionnant systématiquement des modèles récents, nous minimisons les émissions autant que possible. Nous aspirons à aller plus loin dans cette démarche à l’avenir. Dès que la technologie le permettra, nous envisagerons sérieusement de proposer des options électriques. Pour l’instant, toutefois, cela reste impraticable au vu des distances à parcourir en Australie et en Nouvelle-Zélande. »

Ce sont des étapes claires, mais la plupart des agences de voyages tentent probablement de jouer cette carte. Comment vous démarquez-vous ?

« En complément de toutes nos initiatives, nous avons par ailleurs mis en place un mécanisme de compensation des émissions de CO2 pour nos voyages sur mesure. Ainsi, toute personne qui réserve un voyage avec nous peut avoir la certitude que les émissions de CO2 générées seront intégralement compensées. Nous constatons que nos voyageurs, qui nous choisissent souvent pour la qualité et la profondeur de l’information que nous leur fournissons, sont particulièrement attentifs à cet aspect. »

Ces mécanismes de compensation sont pourtant contestés. On achète surtout sa conscience, mais l’impact réel est difficile à prendre en compte, selon les critiques.

« Il est vrai que les mécanismes de compensation font l’objet de critiques, et ces dernières sont souvent fondées. Beaucoup de ces systèmes de compensation reposent, par exemple, sur des projets de plantation d’arbres. En théorie, c’est un modèle pertinent, car les arbres plantés peuvent agir comme des filtres à CO2, contrebalançant ainsi les émissions produites. Cependant, il faut jusqu’à 60 ans pour que cette fonction de filtrage soit pleinement efficace. Face à l’urgence climatique actuelle, il est essentiel de remettre en question cette approche. C’est pour cette raison que nous avons choisi de lier notre propre mécanisme de compensation à un projet ayant un impact plus immédiat sur le climat et l’environnement. »

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De quel projet s’agit-il ?

« L’argent récolté est destiné à un projet qui vise à fournir des cuisinières dans les pays en développement. En effet, actuellement, trois milliards de personnes à travers le monde continuent de cuisiner en utilisant des feux ouverts, une pratique extrêmement nuisible pour le climat. Non seulement elle entraîne l’émission de grandes quantités de suie et de particules fines dans l’atmosphère lors de la combustion, mais elle contribue également à la déforestation. Les émissions résultant de cette méthode de cuisson équivalent à environ deux fois les émissions totales de l’industrie aéronautique mondiale. De plus, cette pratique a des conséquences néfastes sur la santé de ces populations. Chaque année, approximativement 4 millions de personnes en Asie et en Afrique perdent la vie à cause de maladies pulmonaires liées à ce mode de cuisson. En fournissant des cuisinières à ces familles, nous contribuons de manière tangible et significative à un avenir plus durable. Cela signifie que nous pouvons avoir un impact considérable en un laps de temps très court. »

Quelles sont les conséquences financières pour les familles qui peuvent en bénéficier ?

« Les avantages financiers pour les familles bénéficiaires sont considérables. Nous savons que ces ménages consacrent au moins un tiers de leur revenu total à l’achat de combustible pour la cuisson, ce qui équivaut à de l’argent littéralement gaspillé. En optant pour ce changement, une grande partie de leur budget sera libérée, qu’ils pourront allouer à d’autres besoins. Cela représente donc une avancée significative en termes de qualité de vie. Par conséquent, en faisant un don de 15 euros à ce projet pour chaque personne qui réserve un voyage avec nous, nous nous assurons que les personnes les plus vulnérables progressent. Nous contribuons également à réduire le nombre de décès évitables chaque année. En d’autres termes, notre engagement ne se limite pas à compenser l’ensemble des émissions de CO2 de nos vols et trajets en voiture réservés, mais nous participons activement à une transformation sociale ayant un impact positif direct sur le climat. Ainsi, nos activités commerciales sont compensées à un taux d’environ 250 %. Cela démontre que le tourisme durable est parfaitement viable et peut contribuer directement à un avenir meilleur et plus respectueux de l’environnement. »

11.01.2024
par Fokus Online

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TravelEssence est une agence de voyages spécialisée active en Belgique et aux Pays-Bas qui organise des voyages sur mesure en Australie et en Nouvelle-Zélande. L’équipe, composée d’une douzaine de conseillers ayant une grande expérience du voyage, met l’accent sur la petite échelle et la durabilité. Elle travaille en collaboration avec un groupe de partenaires locaux sur le terrain qui partagent la même vision.

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