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Santé

Un esprit sain dans un corps sain

05.06.2019
par Fokus-online.be

Cancer, obésité et Alzheimer. Nous avons demandé à trois experts comment prévenir l’apparition de ces maladies et réagir après le diagnostic. Conclusion: adopter le mode de vie le plus sain possible et bénéficier d’une aide pluridisciplinaire.

Dr. Anne Boucquiau
Porte-parole francophone de la Fondation contre le Cancer

Peut-on prévenir cette pathologie?

« Il existe des conseils basés sur de solides preuves scientifiques. Citons les principaux: éviter le tabac sous toutes ses formes. Maintenir son corps en mouvement quotidiennement et éviter de rester trop assis. Maintenir un poids de forme et une alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes, sans excès en viandes rouges, charcuteries, sodas et alcools. Éviter les expositions excessives au soleil et bannir les bancs solaires. Vacciner les enfants et faire les dépistages recommandés en fonction de votre sexe et de votre âge. Le respect de ces comportements réduit le risque d’avoir un cancer. Mais soyons clairs: le risque zéro n’existe pas, quoiqu’en disent certains gourous. »

Quel type d’activité est préconisé pour les personnes atteintes par cette maladie?

« On sait aujourd’hui que le mouvement est plus bénéfique que le repos. Une activité physique adaptée présente de nombreux avantages: maintien de la masse musculaire, diminution de la fatigue et de l’anxiété, regain de confiance en soi, amélioration du sommeil et maintien d’une vie sociale. Pour certains cancers cela augmente les chances de guérison. L’équilibre alimentaire est aussi très important. Et concernant le mental, l’onco-esthétique et les activités créatives jouent un rôle important. Tout cela doit évidemment se faire de manière très ciblée en fonction du patient et du stade de sa maladie, d’où le rôle essentiel du personnel médical et des aidants proches. »

Est-ce qu’un manque de suivi peut amener d’autres pathologies?

« Une fois déclaré, un cancer est une maladie qui ne disparaîtra jamais spontanément. Des cellules “anarchiques” se multiplient et forment des colonies, c’est-à-dire des métastases qui empêchent l’organisme de fonctionner. Les symptômes et les défaillances dépendent évidemment de la zone touchée, du type de cancer. En clair, un patient qui refuse tout traitement finira par décéder. Toutefois le choix de suivre ou non un traitement, voire plusieurs à la fois, appartient au patient et doit se faire à l’issue d’un dialogue transparent avec le corps médical. »

 Sabine Henry
Présidente de la Ligue Alzheimer ASBL

Peut-on prévenir cette pathologie?

« On peut en tout cas réduire les risques. D’abord en menant une vie la plus saine et équilibrée possible. Il faut être physiquement actif et éviter les excès en tous genres: ne pas boire trop, ne pas fumer, manger équilibré. Il est également recommandé d’entretenir sa santé mentale, c’est-à-dire sa capacité de raisonnement, à travers la pratique d’une activité qu’on aime, d’une passion. Attention, on parle bien de quelque chose qu’on aime faire et pas qu’on s’oblige à faire. Si vous n’aimez pas les sudokus, ça ne sert à rien de s’y mettre! Enfin, avoir une vie sociale et des activités en relation avec les autres constitue un excellent champ d’entraînement des capacités cognitives. »

Quel type d’activité est préconisé pour les personnes atteintes par cette maladie?

« Le plus grand remède c’est la normalité, la poursuite de ses habitudes. Si vous cassez votre cafetière à filtre, rachetez la même et pas une cafetière à dosette. Le fait de continuer à faire du café vous valorisera, tandis qu’un système que vous ne comprenez pas vous culpabilisera. Et puis continuez à pratiquer vos passions, comme évoqué avant. Parlons également de l’entourage du malade, qui joue un rôle important. Il faut encourager la personne et ne pas lui faire de reproches. Le malade utilise moins de mots? Ne lui faites pas remarquer et maintenez-le plutôt dans la conversation. Ce genre d’attitude ne ralentira pas spécialement la maladie mais aidera la personne à la traverser. »

Est-ce qu’un manque de suivi peut amener d’autres pathologies?

« Un malade d’Alzheimer a besoin d’être entouré, d’avoir un contrôle social sur sa vie. La maladie risque de progresser plus vite chez une personne qui refuse de l’aide, ou qui ne peut tout simplement pas en recevoir car elle est seule. Elle s’exposerait également à des pratiques problématiques et à des excès. Je pense à cet homme qui buvait une caisse de bière en deux jours. Si son entourage ne lui avait pas fait remarquer que c’était mauvais pour son foie, il aurait continué et aurait sûrement développé des pathologies liées à l’abus d’alcool. »

Isabelle Namèche
Diététicienne, Clinique de l’obésité du CHU Namur

Peut-on prévenir cette pathologie?

« L’idéal est d’adopter un mode de vie sain dès le plus jeune âge: une alimentation saine tant au niveau qualitatif que quantitatif et la pratique d’une activité physique régulière. Il faut également surveiller l’évolution de son poids afin de pouvoir adapter son mode de vie en cas de décrochage. Je recommande alors de consulter un médecin spécialiste (pédiatre, endocrinologue) et un diététicien pour recevoir des conseils sur ses habitudes alimentaires. En effet, il est préférable d’être accompagné plutôt que de se lancer seul dans des pratiques inadaptées comme des régimes restrictifs. Ces derniers peuvent présenter des risques pour notre santé tout en favorisant l’effet “yo-yo”. »  

Quel type d’activité est préconisé pour les personnes atteintes par cette maladie?

« Cela dépendra du degré d’obésité et des antécédents du patient. Idéalement, il est conseillé de commencer une activité en douceur et d’augmenter progressivement la durée. Les activités en piscine sont idéales car elles épargnent les articulations. On recommande également la pratique de la marche ou du vélo d’intérieur. Il faut en tout cas créer une habitude progressive afin d’y trouver un certain plaisir et l’envie de poursuivre. L’obésité doit être abordée de manière “pluridisciplinaire”, c’est pourquoi on recommande également des activités plus “cérébrales” comme la pleine conscience ou la méditation, avec le soutien d’un psychologue. »

Est-ce qu’un manque de suivi peut amener d’autres pathologies?

« Oui, l’obésité est une maladie chronique qui s’accompagne de complications plus ou moins importantes en fonction de son degré. Hypertension artérielle, diabète, foie gras avec dégradation de la fonction hépatique, diminution de la fertilité… mais aussi augmentation de la prévalence de certains cancers. Ces facteurs de comorbidité sont évidemment liés aux antécédents personnels et médicaux du patient, ainsi qu’à son environnement. Ils s’aggraveront avec l’âge. On parle d’obésité à partir d’un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30, d’obésité “importante” au-dessus de 35 et d’obésité “morbide” au-dessus de 40. Plus le taux est élevé, plus les risques de développer des complications augmentent. »

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