santé
Santé

Prendre soin de sa santé quand c’est son métier

18.11.2021
par Charlotte Rabatel

La crise sanitaire a tiré la sonnette d’alarme quant aux conditions de travail du personnel soignant. Si cet évènement a exacerbé les problèmes en hôpitaux ou dans d’autres organismes liés à la santé, les maux des infirmiers et aides-soignants ne datent pas de 2020. 

Changements d’horaire

Thierry Lothaire est le fondateur et le président d’Union4U, le syndicat autonome belge des praticiens de l’art infirmier. Selon lui, « il y a des failles depuis des décennies » concernant l’état de santé du personnel soignant. Ce qui a changé en revanche ? « La crise sanitaire les a mis en exergue ». Isabelle Cambier, la directrice du département infirmier du groupe hospitalier Chirec le confirme notamment. « La Covid a augmenté la fréquence des changements d’horaire. » 

La directrice du département infirmier place justement l’instabilité des horaires comme la première difficulté pour la santé des infirmières : « Si je parle en termes de santé, évidemment les prestations de nuit engendrent des modifications hormonales quand il n’y a pas un bon équilibre. » Mais pour elle, tout est une question d’organisation entre le temps de travail et le temps de repos que les travailleurs s’octroient. Cambier : « J’ai des infirmières qui font des prestations de nuit depuis des années et qui veulent le faire jusqu’à leur pension parce qu’elles ont un rythme de vie adapté à cela. » Mais lorsque les plages horaires de repos sont envahies par des rappels au travail pour remplacer des collègues absents, par des occupations et/ou obligations personnelles, alors le manque de récupération puis la fatigue font apparaître rapidement les limites du corps.

En moyenne, une infirmière en gériatrie manipule au minimum environ deux tonnes par jour, que le patient soit inerte ou qu’il soit collaboratif. 

- Thierry Lothaire, Union4U

Burn-out et d’épuisement professionel

Thierry Lothaire d’Union4U parle de la santé, comme burn-out et épuisement professionnel : « c’est une réalité. Les médecins demandent que des actes soient repris par les infirmiers, et à leur tour des actes infirmiers réalisés par des aides-soignants, ça devient un cercle vicieux où tout le monde s’épuise. » Il ajoute : « Cela touche également le personnel moralement et émotionnellement. » Il souligne également la problématique de manutention des patients. « En moyenne, une infirmière en gériatrie manipule — je dis bien manipuler et non soulever — au minimum environ deux tonnes par jour, que le patient soit inerte ou qu’il soit collaboratif, ce sont de vraies réalités. »

La directrice du département infirmier rappelle que sur le terrain, ce sont les déplacements inutiles et effectivement la manutention qui peuvent abîmer les corps : « Le plus dur, ce sont les déplacements inutiles, c’est cela qui fatigue beaucoup. Isabelle Cambier souligne alors la nécessité de réfléchir à l’emplacement du matériel pour éviter ces déplacements inutiles, mais aussi les “formations en manutention” pour apprendre les bonnes postures. 

 Isabelle Cambier rappelle que le rythme de nuit peut tout à fait être appréhendé avec des temps de repos organisés. La difficulté de ces horaires est “souvent mal perçue par les gens qui n’ont pas l’habitude de faire ces horaires décalés.”

Article précédent
Article suivant