médecines alternatives
Santé

Les médecines alternatives sont-elles innovantes ?

17.03.2022
par Charlotte Rabatel

Le principe même des médecines alternatives, c’est qu’elles ne sont pas prouvées de manière théorique. Elles sont considérées comme fiables car elles font leurs preuves de manière empirique, en s’appuyant sur l’observation. Elles évoluent donc en fonction des expériences.  

médecines alternativesJuliette Volvert
Praticienne de médecine tibétaine 

Est-ce que les recherches sur les médecines alternatives sont suffisantes ? 

C’est une médecine qui existe depuis plus de 2.000 ans. Avant, c’était par transmission orale, la médecine tibétaine s’est développée comme ça. C’est une médecine qui est toujours vivante au Tibet et qui tente de se développer dans le monde, mais puisqu’elle n’est pas reconnue, la recherche s’est faite à l’époque. Il y avait des chercheurs qui avec leurs propres expériences avaient des résultats de guérison. Mais ce n’est pas étudié en laboratoire en occident. A part le laboratoire Padma qui se trouve en Suisse. C’est le seul laboratoire pharmaceutique en Europe qui travaille sur des remèdes issus de la médecine tibétaine, et qui fonctionne dans la légalité européenne, c’est très intéressant. 

Est-ce que le public a une image correcte de votre pratique médicale ? 

La plupart des gens ne connaissent pas la médecine tibétaine. Accroître sa notoriété est donc le plus gros travail à faire. Il y a bien eu la médecine chinoise, l’ayurveda. Mais l’extension de la médecine tibétaine est plus récente. Les médecines naturelles s’adressent moins au grand public que la médecine occidentale et la médecine tibétaine est encore moins connue. Le grand challenge, c’est de sensibiliser les gens sur ses fondements essentiels, la manière dont elle fonctionne. Nous devons gagner la confiance du patient à travers la pratique. C’est à travers un traitement qu’on peut offrir de la crédibilité, la médecine peut faire ses preuves par son efficacité, c’est ça qui est important. 

Pensez-vous que l’innovation et la médecine alternative sont compatibles ? 

Nous utilisons des objets comme des ventouses, des bâtons avec des vibrations, des massages, et bien d’autres choses. Ce sont des matières naturelles qui sont là pour travailler avec le corps et l’énergie. Ces techniques existent depuis des milliers d’années, et sont appliquées pour soigner beaucoup d’êtres humains. Parfois il ne faut pas créer pour créer, mais investiguer les outils que l’on possède déjà. Mais le travail du laboratoire Padma peut constituer une grande avancée. Grâce à certaines machines et la vision de la médecine tibétaine qu’ils incorporent dans leurs recherches, ses chercheurs vont pouvoir déterminer l’utilité des plantes pour pouvoir recréer des compléments alimentaires. 

innovanteLiesbeth Denef
Médecin généraliste et naturopathe 

Est-ce que les recherches sur les médecines alternatives sont suffisantes ? 

Il y a des recherches qui sont menées, bien sûr, mais aux Etats-Unis. Moi, par exemple, il n’y a rien de ce que je fais qui ne soit pas documenté scientifiquement. Comme, par exemple, l’ozone thérapie. Mais il faut des années pour mener des recherches, les processus sont longs. Un bon exemple qui est vraiment dans l’actualité, c’est le cas du Covid long. Les professionnels de santé ont du mal à appréhender cette nouvelle maladie. Je vais organiser des journées d’accompagnement pour les gens qui en souffrent. Il n’y a pas de recherche de ce côté-là, nous sommes dans l’avant-garde. Mais il faudra attendre des années avant que la médecine classique se penche sur la question et puisse trouver des solutions. 

Est-ce que le public a une image correcte de votre pratique médicale ?

C’est une question compliquée. Cela dépend aussi d’un pays à l’autre. Je pense qu’il y a une certaine fermeture, il y a de la résistance. Mais cela va changer, on va y être obligés. Parce qu’il y a tellement de personnes qui souffrent de maladie chronique, de problèmes digestifs, du sommeil, etc. Moi je traite des maladies chroniques à partir de facteurs multiples. Quand un patient arrive, il faut considérer sa santé spirituelle, sociale, biologique ou encore mentale. Chaque corps est différent. Une maladie, quand elle se déclare, c’est une multitude de déséquilibres, sur différents plans. J’essaye d’aider le patient à comprendre ce qui ne va pas. Et ces maux sont de plus en plus fréquents. 

Pensez-vous que l’innovation et la médecine alternative sont compatibles ? 

Dans les médecines parallèles, il y a de l’innovation au niveau des technologies. Le neurofeedback par exemple. C’est un outil très efficace, d’optimisation des fonctions cérébrales, pour aider des gens qui vivent avec un trouble de déficit de l’attention par exemple, ou d’autisme etc. Mais c’est encore très controversé, encore très critiqué. Pourtant, c’est le travail de neuroscientifiques. Mais encore une fois, il n’y a pas assez d’études. Comme pour l’ozone thérapie, ou l’oxygénothérapie. C’est innovant dans la médecine parallèle, mais l’intégration de ces pratiques dans la médecine dite classique, ce n’est pas pour tout de suite. Il y a des études, ça commence, mais le processus est lent. 

médecines alternativesJean Lansmanne
Médecin généraliste, homéopathe et président de la Société Royale Belge d’Homéopathie

Est-ce que les recherches sur les médecines alternatives sont suffisantes ? 

Oui, il y a des recherches. Premièrement, l’homéopathie repose sur les recherches et sur le travail d’un médecin allemand qui s’appelle Samuel Hahnemann, qui a parlé du concept et qui l’a développé dans les années 1790. Donc c’est une pratique qui a plus de deux cent cinquante ans, et nous pouvons nous baser sur ces premières recherches. Nous-mêmes faisons aussi de la recherche à la Société Royale Belge d’Homéopathie. On organise des séminaires de réflexion, pour trouver des solutions pour perfectionner nos outils. Et il y a des nouvelles techniques qui sont développées également. 

Est-ce que le public a une image correcte de votre pratique médicale ? 

Je pense que le public fait un amalgame, notamment entre l’homéopathie et la phytothérapie. Et ces pratiques n’ont rien à voir l’une avec l’autre. La phytothérapie consiste à administrer des molécules qui sont extraites de plantes. Il faut presque réexpliquer à chaque patient ce qu’est l’homéopathie. Le patient forme un tout, un ensemble harmonieux entre le corps et l’esprit.  Le diagnostic de l’homéopathe, c’est qu’il y a un déséquilibre. Et le symptôme ce n’est pas un problème, c’est l’expression d’un problème. Nous, nous voulons restaurer l’équilibre, en travaillant sur la cause et pas l’expression du problème. Mais pour cela, le patient doit exposer le puzzle de sa vie pour en connaître tous les facteurs. 

Pensez-vous que l’innovation et la médecine alternative sont compatibles ? 

Grâce a internet et aux contacts qu’on a à l’étranger, nous pouvons discuter et échanger d’autres idées. Quand Samuel Hahnemann est décédé, il travaillait avec environ trois cent modèles de réponses aux symptômes, et aujourd’hui, nous en avons presque six mille. L’innovation réside dans le fait que quand des instituts ou des professionnels de l’homéopathie trouvent un remède, tout le monde peut en bénéficier par la suite. D’autres idées se sont fait jour pour expliquer qu’il y a plusieurs manières de voir une concordance entre le remède et le symptôme. Mais nous aurions besoin d’une conférence de plusieurs heures pour pouvoir les expliquer correctement. 

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