mélanome
Santé

Le soleil, un ami à garder à distance

27.05.2021
par Fokus Online

En Belgique, une personne sur cinq risque, dans sa vie, de souffrir d’un cancer de la peau, la mélanome. Un mal grandissant contre lequel les dermatologues mettent en garde. Pour l’éviter, il est essentiel de se protéger, soi, mais aussi et surtout, les enfants.

L’exposition au rayonnement solaire offre de nombreux bienfaits, tant pour le corps que pour l’esprit. A condition toutefois de correctement la gérer et, surtout, de ne pas en abuser. Car, comme le souligne le Dr. Bernadette Blouard, dermatologue à Namur, « le soleil est une véritable bombe à retardement ». Raison pour laquelle Euromelanoma, le réseau de dermatologues européens auquel appartient le Dr. Blouard, a choisi cette année comme slogan « Votre passé décide de votre futur ».

« Nous détectons aujourd’hui beaucoup plus de cancers de la peau, ou mélanome, qu’il y a 15 ou 20 ans, constate le médecin. Les tumeurs sont de plus en plus nombreuses du fait que les gens se sont beaucoup plus exposés au soleil depuis la fin de la guerre, d’autant que le bronzage est devenu une mode. »

« Les dégâts observés aujourd’hui concernent les personnes qui se sont longuement exposées dans les années ‘50,’ 60, ‘70, et plus. Jusqu’à récemment, on ne savait pas à quel point le soleil était dangereux, à long terme notamment. De l’exposition de ces années-là résultent les cancers de peau actuels. »

De plus en plus de cas

Contrairement à ce que l’on pourrait peut-être penser, celles et ceux qui aiment se prélasser au soleil sur la plage, dans le jardin ou au bord de la piscine ne sont pas uniquement les premières victimes du mélanome. « Les personnes qui exercent des activités professionnelles d’extérieur, comme les ardoisiers, les ouvriers du bâtiment ou les moniteurs de ski sont très à risque. Non seulement parce que l’exposition au soleil est souvent longue et récurrente, mais aussi parce qu’en étant actif, on sent moins que le soleil tape. Les personnes qui travaillent dehors par tous les temps ne prennent pas forcément la peine de protéger leur peau, à la différence des gens qui s’exposent sciemment au soleil. »

Les enfants

Autre catégorie de personnes extrêmement vulnérables: les enfants. Plus ils sont jeunes, plus ils doivent être protégés du soleil. « Le cancer de la peau est ultra rare chez l’enfant, mais les coups de soleil pris pendant l’enfance, l’adolescence et le jeune âge adulte sont prédictifs d’un cancer, parfois plusieurs décennies plus tard. »

Bien sûr, le risque varie aussi en fonction du type de peau. Les personnes rousses, blondes, à la peau claire, n’ont pas un phototype adapté à l’exposition solaire. « Plus la peau, les yeux et les cheveux sont foncés, moins il y a de risques, informe la dermatologue. Cela ne signifie pas qu’il n’y en a pas, mais le risque de contracter un mélanome est moins élevé. »

Cancer de la peau chez l’enfant

S’il est effectivement rarissime, le cancer de la peau chez l’enfant existe néanmoins. Amandine Tyckaert en a fait les frais, à l’âge de 9 ans. « Le mélanome a été découvert par mes parents alors que nous étions en vacances, témoigne la Wavrienne de 20 ans. Il s’est développé au niveau de mon crâne, là où commence l’implantation de cheveux. Je n’ai pas suivi de traitement spécifique à l’issue de l’opération chirurgicale mais, à partir de ce moment-là, j’ai dû me rendre chez le dermatologue deux fois par an. Cet évènement a quand même beaucoup impacté ma vie dans le sens où je ne m’expose plus du tout au soleil. Je fais toujours attention à être à l’ombre et j’applique en permanence de la crème solaire lorsqu’il y a du soleil. »

Il faut rester raisonnable dans la durée d’exposition, même avec un écran total que l’on renouvelle toutes les deux heures.

La crème solaire, cette alliée

Pour éviter les effets nocifs immédiats et plus tardifs du soleil, il s’agit en priorité d’éviter le rayonnement solaire durant les heures les plus chaudes de la journée, soit entre midi et 16 heures. Le second réflexe consiste, par temps ensoleillé, à appliquer de la crème solaire sur toutes les parties du corps exposées, toutes les deux heures. « Sans omettre des zones a priori anodines, comme le lobe de l’oreille, insiste le Dr. Blouard. Beaucoup d’aînés arrivent avec un cancer du bord de l’oreille car ils n’ont jamais songé à protéger cette zone-là ». A ce propos, on privilégiera d’ailleurs le chapeau ou le bob plutôt que la casquette, qui ne protège pas les oreilles.

Le plus élevé, toujours le plus judicieux

En matière de crème solaire, l’indice le plus élevé sera toujours le plus judicieux. « De l’indice 50, qui n’empêche pas de bronzer, mais qui empêche de brûler. Et surtout, acheté en pharmacie. L’écran total vendu en pharmacie est le fruit d’une recherche pharmaco-cosmétologique poussée, aussi, l’indice 50 de la pharmacie est mieux étalonné et plus sûr que celui acheté en grande surface. » Mais attention, un indice élevé n’offre pas pour autant l’opportunité de s’exposer plus longtemps au rayonnement solaire. « Certaines personnes attendent le coup de soleil pour se cacher du soleil, cette pratique est très dangereuse. Il faut rester raisonnable dans la durée d’exposition, même avec un écran total que l’on renouvelle toutes les deux heures. »

A noter aussi qu’après ouverture, une crème s’utilise 12 mois maximum, après quoi il faut la jeter. « Passé ce délai, les écrans inclus dans la crème peuvent se détériorer ou se modifier et ne plus offrir la même capacité de protection. Il ne faut pas donc pas utiliser une crème périmée ou ouverte depuis plus d’un an. »

Les coups de soleil pris pendant l’enfance, l’adolescence et le jeune âge adulte sont prédictifs d’un cancer, parfois plusieurs décennies plus tard. 

La peau mais aussi les yeux

Sur le même principe, les vêtements anti-UV s’avèrent une option non négligeable, surtout dans les cas où il est difficile d’appliquer régulièrement de la crème solaire. Notamment pour les amateurs de sports aquatiques, les randonneurs, ou pour les enfants participant aux camps des mouvements de jeunesse. Et surtout, en tout temps, pour les jeunes enfants.

Enfin, investir dans une bonne paire de lunettes est loin d’être superflu. Ce qui suppose un achat en boutique spécialisée et non au coin d’une rue touristique. « Le verre solaire est l’écran total de l’œil. Bien adapté, il protège l’œil de différents types de cancers liés à l’exposition solaire. »

Un auto-examen régulier

Les réflexes de prévention solaire acquis, les dermatologues recommandent à chacun de pratiquer un auto-examen régulier de la peau, sur soi mais aussi sur les enfants. L’acte consiste à examiner attentivement toutes les zones de son corps, à la recherche d’une éventuelle lésion cutanée suspecte. « En n’oubliant pas de regarder derrière les oreilles, entre les orteils, en-dessous des ongles, dans les cheveux ou sous la plante des pieds car le cancer peut naître n’importe où, même sur les parties génitales. »

Les sujets à la peau, aux cheveux et aux yeux clairs

Les sujets à la peau, aux cheveux et aux yeux clairs, ceux ayant expérimenté beaucoup de coups de soleil durant l’enfance ou ayant beaucoup fréquenté les centres de bancs solaires, ou encore ceux ayant passé beaucoup de temps dehors ou appartenant à des familles au sein desquelles le cancer de la peau s’est déjà manifesté, surtout, doivent se prêter à l’exercice. « Plus le mélanome est détecté tôt, plus les traitements sont efficaces et les chances de guérison élevées, assure le Dr. Blouard. Au moindre doute, il est important de prendre rendez-vous avec son médecin généraliste ou avec un dermatologue. Nous ne sommes pas là pour donner de mauvaises nouvelles. Si la mélanome décelée n’est pas inquiétante, c’est une bonne nouvelle qui, au final, rassure tout le monde. »

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