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L’esthétique, un aspect de la santé

03.12.2020
par Fokus-online.be

L’OMS définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social », et non comme l’absence de maladie ou d’invalidité. La perception de notre image corporelle, de notre esthétique, a bien sûr un impact sur notre mental. Les soins esthétiques relèvent-t-ils donc du narcissisme ou de la santé ?

L’esthétique, dérivé du grec « aisthèsis », signifie originellement le sens du beau et du sensible. C’est aujourd’hui un aspect de notre bien-être qu’il est difficile de positionner vis-à-vis des questions de santé. « Puis-je être heureux si je ne m’aime pas ? » pourrait-on demander au miroir.

L’esthétique : une zone grise

« Le titre exact de notre spécialité, c’est ’’chirurgie plastique, esthétique et reconstructrice’’ », explique le chirurgien plasticien Gaëtan Willemart, Past president of the Royal Belgian Society for Plastic Surgery, la Fédération. « Ce qui sous-entend que la plastique a une subdivision entre l’esthétique et la reconstructrice. Cette dernière a pour but de réparer l’enveloppe corporelle ; on parle de malformations congénitales et de séquelles traumatiques ou tumorales. La chirurgie esthétique consiste en l’amélioration de l’aspect physique de quelqu’un. »

La frontière entre les deux peut sembler nette, tranchée au scalpel, entre un acte médical motivé par une menace sur la santé d’un patient et un acte médical réclamé par le patient pour corriger ce qu’il juge disgracieux. Pourtant, la sécurité sociale admet une sorte de zone grise, acceptant, de fait, l’impact de l’image sur la santé. L’otoplastie (chirurgie de correction des oreilles décollées) par exemple, bien que purement esthétique, possède un code INAMI.

Reconstruire le corps, reconstruire l’image

De la chirurgie réparatrice, le cas le plus connu selon le chirurgien serait la reconstruction mammaire suite à un cancer du sein. Quoique cette procédure ne soit pas nécessaire pour vivre, aux yeux du docteur Willemart, « il s’agit d’une atteinte à l’intégrité physique de la patiente, au même titre que les tissus cicatriciels qui suivent un traumatisme. Alors l’ablation d’un sein justifie que sa reconstruction relève de la chirurgie reconstructrice. » Et Dr Willemart de concéder : « mais il est vrai qu’il s’agit de reconstruire l’image de la patiente, de reconstruire sa féminité. »

Se reconnaître, se retrouver

Dans le domaine de l’esthétique médico-chirurgicale, le chirurgien esthétique n’est pas le seul acteur, comme l’explique le Dr Charles Gadreau, Directeur pédagogique du Collège International de Médecine Esthétique (France). « La médecine esthétique non chirurgicale est née au milieu des années 70. Elle n’est destinée ni à réparer, ni à transformer, mais à pallier les effets du vieillissement naturel. »

Alors que la moyenne de durée de vie humaine s’allonge, le vieillissement devient un enjeu pour notre image, pour la perception que la société et nous-même avons de nous. S’il s’agit d’un processus naturel, il peut être difficile à accepter, mal perçu sur le marché du travail ou de l’amour. En cela, la chirurgie de la sénescence comme la médecine esthétique ont un rôle à jouer. C’est ce qu’explique le docteur Gadreau. « Il faut savoir accepter le vieillissement. Mais on peut aussi l’accompagner. Nous avons maintenant les moyens de pallier ses effets les plus négatifs. Il s’agit de mettre en harmonie l’être et le paraître. En médecine esthétique, le but est de rendre son naturel au patient, pour que face au miroir, il n’ait plus l’impression de ’’ne plus être lui-même’’. »

En ai-je vraiment besoin ?

Reste toujours cette question : « en ai-je vraiment besoin ? » pourrait-on aussi demander au miroir. Sur la question de la nécessité du soin, quand il n’est pas réparateur, les acteurs du domaine médico-chirurgical esthétique restent attentifs. Dr Gadreau : « Je dis souvent à mes élèves qu’à la différence de la médecine curative, où le praticien s’efforce de convaincre son patient du bien-fondé du traitement, en médecine esthétique, c’est l’inverse. La caricature, c’est la dysmorphophobie. » « C’est le cas, très rare, de personnes qui ne se voient pas telles qu’elles sont », conclut Dr Willemart. « Si l’on détecte ce genre de chose, il est évident que l’on ne doit pas opérer. »

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