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R&D

Essais cliniques : entre espoir et progrès

15.12.2022
par Valerie Nouille

Aujourd’hui, le rôle des hôpitaux dépasse de loin les soins aux patients. Grâce à leurs unités de recherche conduisant des essais cliniques pour améliorer le traitement de certaines pathologies, ils sont aussi les garants des progrès de la médecine.

Avec 503 nouvelle études approuvées en 2020, la Belgique est l’un des pays d’Europe où le plus d’essais cliniques sont réalisés (source : pharma.be). Elle se hisse ainsi à la troisième place au classement européen du nombre d’essais par habitant. Ces constats parlent d’eux-mêmes : ils représentent un enjeu majeur. Mais le vécu des médecins et des participants qui se cache derrière est vaste et complexe. C’est ce que nous avons pu comprendre en discutant avec le Pr Jean-Michel Hougardy, Directeur Général Médical de l’Hôpital Universitaire de Bruxelles (HUB) et Joanna Bromberg, patiente atteinte d’un cancer du poumon qui a pris part à un essai.

Un cadre strict autour d’une œuvre complexe 

Les intérêts autour des essais sont multiples et la matière est technique, parfois sensible, toujours mouvante. C’est pourquoi l’encadrement doit être strict, de l’intégration des patients à l’ensemble des aspects inhérents au déroulement des études. « Rien n’est laissé au hasard : tout est extrêmement réglementé, professionnalisé, qu’il s’agisse des démarches d’accès, du profil des participants, de leur suivi, du financement, de l’éthique et des traitements réalisés », nous explique le Pr Hougardy.

L’éthique, justement. Il est indispensable de la remettre en lumière après les remous provoqués lors de la mise sur le marché des vaccins contre le Covid. « Il y a une très grande vigilance de la part des comités d’éthique et de revue de protocole, qui imposent notamment des critères d’entrée précis, un consentement éclairé et un droit de retrait dans le chef du patient, de même que les règles de financement ». Et le Directeur Général Médical de l’HUB de poursuivre au sujet de ces dernières : « La déontologie propre aux essais exclut toute dimension transactionnelle. Les boni éventuels sont réinvestis dans de nouvelles études. Les patients quant à eux sont indemnisés – et non rémunérés – à hauteur des frais et des implications nécessaires pour y participer. »

La déontologie propre aux essais exclut toute dimension transactionnelle.

Pour la recherche, les autres et soi-même

Qu’est-ce qui motive les participants ? La réponse varie évidemment en fonction de leur situation, comme en témoigne Jean-Michel Hougardy : « Outre l’intérêt potentiel d’un traitement innovant pour le participant, il existe de véritables motivations altruistes, des gens qui pensent à leurs proches qui ont une pathologie similaire, ou qui le font tout simplement pour faire progresser la science. » Pour Joanna Bromberg, ces motivations sont naturellement un peu différentes, même si elle y voit aussi une solution win-win : « Quand on se rend compte que les traitements conventionnels bloquent, un essai clinique c’est vraiment le Graal. Pour nous, c’est une autre chance de guérison avec un médicament qui pourra potentiellement être commercialisé pour aider d’autres malades. »

S’engager les yeux ouverts

C’est en juin 2020 qu’on dépiste à Joanna un cancer du poumon avec métastases au cerveau. Elle en est aujourd’hui à sa sixième ligne de traitement. Le jour où son oncologue lui a proposé de prendre part à une étude clinique, elle n’a pas hésité une seconde : « Quand les traitements ne fonctionnent pas, c’est comme une pyramide inversée : plus on avance dans les traitements, moins il y en a. Malheureusement, dans mon cas, l’essai n’a pas eu les effets escomptés et j’ai dû le quitter. Mais je continue mon chemin et je m’adapte au jour le jour. D’ailleurs, je suis en pré-screening pour un nouvel essai… » Car si les essais cliniques ne sont jamais une promesse, ils portent toujours en eux un espoir. De guérison ou de sursis pour les uns, d’avancée médicale pour les autres.

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