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R&D

Un nouveau programme pour mieux comprendre et mieux traiter les cancers du sein avec rechute

18.11.2021
par Fokus Online

Cest le défi que le programme de recherche AURORA, lancé par le Breast International Group (BIG – www.bigagainstbreastcancer.org), va essayer de relever. Une spécialiste nous en dit plus et situe les enjeux.

Banalisée

« La maladie du cancer du sein est banalisée aujourd’hui, peut être parce que la mortalité diminue dans les pays occidentaux. C’est une bonne nouvelle, mais tout n’est pas réglé pour autant », pointe Martine Piccart, Directrice de la recherche scientifique à l’Institut Jules Bordet et initiatrice du programme AURORA. Parce que si de nombreux cancers peuvent récidiver, le cancer du sein a ceci de caractéristique qu’il peut revenir très longtemps après (parfois entre 10 et 20 ans plus tard !) et que l’on guérit rarement d’une rechute à distance du cancer du sein. « En résumé, reprend notre interlocutrice, les cellules cancéreuses qui étaient dans le sein peuvent se retrouver dans d’autres organes.

Si ces cellules vont se nicher dans les os, la maladie pourra souvent être contrôlée pendant de très nombreuses années. En revanche, si elles prennent la direction du foie, des poumons ou du cerveau, la maladie sera plus difficile à soigner. En résumé : tant que l’on ne comprendra pas mieux cette maladie, ce sera impossible de la guérir un jour. Pour ce faire, il faut suivre les femmes malades sur le long terme et étudier leur maladie avec les technologies modernes à notre disposition, ce qui demande des moyens financiers. » 

Décrypter l’évolution

Une vaste étude européenne a donc été mise sur pied dans l’optique de décrypter l’évolution du cancer du sein vers une maladie disséminée dans l’organisme. Son nom : AURORA, un acronyme qui évoque la lumière et l’espoir portés par ce programme. Ce programme est unique en son genre par son large éventail d’échantillons de tumeurs primaires et métastatiques, provenant de patientes se trouvant au début de la maladie métastatique, ainsi que par sa collecte de données cliniques de haute qualité. En analysant ces échantillons et ces données, les chercheurs sont en mesure d’étudier les changements moléculaires qui se produisent lorsque le cancer du sein commence à se propager et lorsqu’il évolue en dépit des traitements appliqués. En d’autres termes, c’est la meilleure façon de découvrir de nouvelles pistes pour un jour pouvoir guérir le cancer du sein métastatique. 

Cher

Souci : ce programme de recherche est cher. « Au bas mot, on parle de 40 000 euros par patiente enrôlée. Donc, il nous faut de l’aide. Nous avons déjà reçu un support financier conséquent venant des États-Unis pour ce programme pourtant… européen. Là, il nous manque encore dix millions d’euros. Nous ne lâchons pas nos bâtons de pèlerins pour trouver cette somme, mais des réponses positives se font encore attendre. Les résultats des analyses menées sur les 381 premières femmes enrôlées dans AURORA (sur un total de 1 200 incluses à ce jour par 11 pays européens dont la Belgique) sont intéressants et viennent d’être publiés dans une revue scientifique prestigieuse (“Cancer Discovery”). Par ailleurs, on n’insistera jamais assez sur le dépistage. Car au plus tôt la tumeur est détectée, au mieux on pourra éviter les récidives. » 

Autant le savoir…

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