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Former les industriels et chefs d’entreprise de demain

23.03.2023
par Thibaut Van Hoof

Ces dernières années, la Wallonie est devenue une place forte de la recherche et des innovations en Europe. Mais pour garder ce statut d’eldorado, il faut maintenant passer à la vitesse supérieure et surtout former les talents de demain.

La Wallonie est à un tournant de son histoire industrielle. Mais si les bonnes idées ne manquent pas, il faudra des bras et des cerveaux pour faire grandir ces nouvelles industries que sont l’intelligence artificielle, les nouvelles technologies, les énergies renouvelables ou encore la biotechnologie. Les plus grandes entreprises se tournent donc vers les universités et hautes écoles pour lancer de nouveaux projets vecteurs d’emploi.

À Charleroi, un projet va même plus loin qu’une simple formation. D’ici 2025, un campus dédié aux biotechnologies verra le jour. Nommé EU Biotech Campus, il est voué à devenir la « Silicon Valley de la biotech ». Il ne faut pas voir ce campus comme une simple université de la biotech, comme l’explique Didier Malherbe, président de l’Agence pour le commerce extérieur et ancien patron d’UCB. « Le but est de regrouper sur ce campus à la fois l’offre et la demande d’emploi, précise-t-il d’emblée. Cet endroit doit servir de facilitateur pour continuer à développer un des plus gros domaines de croissance en Belgique. On prévoit que le secteur va devenir un des plus gros recruteurs dans les années à venir. Il est essentiel de générer cette demande d’emploi. »

l’EU Biotech Campus veut être opérationnel à la mi-2025. « Nous travaillons déjà à développer la communication avec les plus grandes entreprises actives dans la biotech en Belgique, mais aussi des acteurs publics. Il est important de créer ce lien dès à présent pour accélérer ce processus de formation, poursuit Didier Malherbe. Des formations digitales sont en cours de lancement et seront mises sur pied d’ici la fin 2023. »

Nous travaillons déjà à développer la communication avec les plus grandes entreprises actives dans la biotech en Belgique, mais aussi des acteurs publics. Il est important de créer ce lien dès à présent pour accélérer ce processus de formation.

- Didier Malherbe, président de l’Agence pour le commerce extérieur et ancien patron d’UCB.

Le grand défi est donc de sortir les industriels et chefs d’entreprise de demain, pour un secteur qui devrait bientôt générer 1.500 emplois par an, rien qu’en Wallonie. « Il y a beaucoup de cases à remplir », note encore Didier Malherbe.

Outre ce campus, il faudra aussi que les plus grandes universités du pays adaptent leurs programmes. Car la biotechnologie n’est pas le seul secteur en plein développement. Nous avons analysé le phénomène avec Damien Ernst, professeur à l’Université de Liège. S’il est spécialisé en Énergie, il touche aussi à l’intelligence artificielle, notamment. « De plus en plus de start-up émergent sur les activités de recherche au sens large, commence-t-il. Il y a eu de gros changements au niveau des mentalités et la recherche se commercialise aujourd’hui. Les formations sont de plus en plus nombreuses, je pense notamment à tout ce qui touche aux énergies renouvelables, et à l’intelligence artificielle, des domaines qui ont beaucoup évolué ces dernières années. Cela évolue aussi grâce à une plus grande implication des entreprises dans les réflexions sur les programmes. »

En d’autres termes, l’arrivée de nouveaux profils sur le marché du travail est une bonne chose, mais il faut aussi qu’ils correspondent aux demandes des entreprises, pour être directement opérationnels. « On met progressivement en plus des masters qui répondent aux besoins de l’industrie. Les programmes sont moins statiques et on retrouve des collaborations avec le monde professionnel sur des projets de thèse ou de doctorat. En 20 ans, on a vu une énorme évolution dans les domaines de l’engineering, de la médecine et des nouvelles technologies. »

De là à concurrencer la Flandre, qu’on sait en avance sur ces domaines de compétences. « On rattrape ce qu’il se passe au nord du pays, il n’y a pas à rougir. Si on compare, je pense qu’il y a plus de succès commerciaux récents en Wallonie qu’en Flandre. »

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