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L’économie circulaire : une alternative économique viable ?

10.03.2022
par Bastien Craninx

On ne le répétera jamais assez, l’humanité est à un tournant de son existence. La crise climatique est à nos portes et ses effets se font déjà largement ressentir. Des alternatives économiques sont nécessaires. Que penser de l’économie circulaire ?

« Ce système économique intègre toutes les étapes du cycle de vie des produits et vise à accroître l’efficacité de l’utilisation des ressources’’, explique Emmanuel Mossay, expert en économie circulaire chez EcoRes. “Il permet de réduire l’impact sur l’environnement tout en accroissant le bien-être des personnes”. Face aux enjeux de raréfaction, d’accès et de rupture des ressources qui menacent, l’économie circulaire apparaît donc comme plus que prometteuse. “D’autant plus que depuis un moment, nous constatons que la Chine, dont l’Occident est particulièrement dépendant, a développé sa classe moyenne et préférera renforcer son marché intérieur et ses alliés directs, plutôt que de s’adapter aux demandes occidentales”. Mais comment parvenir concrètement à mettre en application ce système dans le monde de l’entreprise ?

Tout d’abord, il conviendrait d’étendre l’idée limitée que l’on a de ce système. Ce n’est pas uniquement du recyclage stricto sensu. “L’économie circulaire comporte différentes étapes », précise Yves De Rongé, titulaire de la chaire Candriam en économie circulaire et régénératrice à l’UCLouvain. “La première étape vise à revoir la conception du produit ainsi que le processus de production, en vue de réduire la consommation de ressources. Dans la seconde, l’objectif est d’augmenter la durée de vie des produits. Et ce n’est qu’à la dernière étape qu’intervient le recyclage”. L’idéal, selon les experts, serait de ne plus arriver à la dernière étape de vie des produits : l’incinération et la mise à la décharge, ici ou à l’autre bout de la planète. “D’ici 2030, l’Union européenne devra interdire ces pratiques”, avance Emmanuel Mossay.

Il existe différentes boucles de valeur que l’on peut activer dans l’économie circulaire.

— Yves De Rongé

Aujourd’hui, il serait primordial de développer les premières étapes de ce type d’économie. “Plus on touche aux étapes supérieures de l’économie circulaire en repensant la chaîne de valeur, plus on innove en étant performant au niveau de l’environnement et de l’emploi”, poursuit Emmanuel Mossay. Selon l’expert, les activités de réutilisation sont fortement développées dans l’économie sociale et la partie recyclage l’est surtout dans l’industrie. “Ce qui pêche par contre en Europe, c’est la première étape du modèle économique” dans laquelle il faudrait investir massivement. “Il faut pouvoir réparer, récupérer, valoriser, revoir les processus logistiques. Cela demande de repenser tous les processus depuis la production jusqu’à la transformation en passant par la logistique”. Selon les experts, nous avons tous les atouts pour nous lancer dans l’écoconception des produits. “Nous sommes avancés en robotique, en IA et en Big Data. Et nous possédons les connaissances nécessaires. Si on ne se lance pas, l’Asie ou l’Amérique du Nord, elles, le feront”.

Mais où cela coince-t-il ? Outre l’investissement financier (les banques sont encore assez frileuses pour de tels projets), il serait impératif de trouver suffisamment de talents pour engager ce processus de transformation. En termes de recyclage et de réutilisation, par contre, la régularité des flux de déchets-ressources de qualité dans certains secteurs peut être critique. Sans compter le fait d’atteindre une taille critique minimale, des volumes conséquents, une valorisation comptable des produits ou encore la concurrence des matières vierges à prix cassés. Du côté de la FEB, on semble également faire de l’économie circulaire un cheval de bataille depuis juin dernier. “ Même s’il y avait des réticences pendant plusieurs années, on assiste à un véritable shift aujourd’hui! ”, explique Emmanuel Mossay. Comme on le voit, il reste du chemin à parcourir. Mais, la conscience entrepreneuriale durable est bien en marche.

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