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Agri & Food

Le sol est le levier le plus important de l’agriculture durable du futur

10.03.2022
par Fokus Online

Dans la perspective de 2050, nous devons tous nous impliquer activement pour stopper le réchauffement climatique. Du producteur au consommateur. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons renverser la tendance et atteinre des améliorations à grande échelle. Si nous regardons du côté des producteurs, ce sont nos agriculteurs qui entrent les premiers en ligne de compte.

L’agriculture sera confrontée à d’énormes défis dans les années à venir », déclare Robert de l’Escaille, directeur Development & Innovation chez Agriland. « Il est grand temps de revaloriser le sol, la base de tout. Regardez, dans le passé, la production de masse et la mécanisation nous ont fait perdre de vue l’amour du sol. Dans l’après-guerre, il nous a fallu produire beaucoup, car il y avait une famine. Actuellement, la situation est différente. Le sol est et reste l’actif le plus important de l’agriculture. L’exploitation et la mise en valeur durable des terres et la biodiversité seront les lignes de force de l’agriculture innovante du futur.

La gestion durable des sols assure leur résilience. de l’Escaille : « Il est très important d’utiliser les bonnes pratiques pour
avoir un impact bénéfique sur le sol, mais tous les agriculteurs n’ont pas accès à ces pratiques. C’est pourquoi il est essentiel de fournir du conseil et de l’assistance. Il est important de repenser la mécanisation ; où et à quelle profondeur on laboure les terres, d’avoir recours à d’autres cultures et alterner sur des rotations plus longues, analyser la gestion de l’eau, tout ceci afin d’entretenir une biodiversité dans votre sol. Avoir chaque année les mêmes cultures au même endroit n’est pas bon pour le sol. Préserver un écosystème implique davantage de biodiversité.

Marc Rosiers, Senior Advisor de l’European Landowner’s Organisation, collabore avec Agriland pour conseiller ses partenaires. Ensemble, ils regardent la réponse des propriétaires fonciers (agriculteurs, forestiers et gestionnaires de la nature) aux défis climatiques avec un focus particulier sur l’agriculture carbone.

« Nous sommes dans une phase où l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique évoluent vers l’agriculture régénératrice », déclare Rosiers. « Le sol figurera au coeur du débat dans les années à venir. L’agriculture du carbone sera un élément important de cette transition vers l’agriculture régénératrice, car ce type d’agriculture est précisément la plus avancée pour obtenir des ressources financières supplémentaires de la part de la Commission européenne et du marché. L’agriculteur peut donc bénéficier d’une source de revenus autre que la seule vente de ses produits. Cependant, un soutien financier pour ceux qui procèdent à ce changement est essentiel.»

Dans le passé, la production de masse et la mécanisation nous ont fait perdre de vue l’amour du sol.

L’agriculture carbone englobe les pratiques agricoles conçues pour prélever le carbone de l’atmosphère et le stocker dans la matière organique du sol. « L’agriculture soucieuse du carbone promeut une méthode agricole qui piège et fixe le carbone dans les sols agricoles afin d’en améliorer la qualité. Une compensation CO2 des entreprises par le biais du secteur agricole et horticole peut représenter une situation gagnant-gagnant pour les deux parties.

La quantité de carbone dans l’atmosphère augmente de quatre milliards de tonnes chaque année. L’agriculture du carbone peut aider non seulement à réduire les émissions, mais aussi à stocker durablement le carbone dans le sol. Plus longtemps le sol est couvert, plus il sera riche en matière organique, et donc en carbone. Dans la lutte contre le réchauffement climatique, l’accent a jusqu’à présent été principalement mis sur la protection et la restauration des bois et des forêts. Mais il pourrait s’avérer utile d’accorder une attention supplémentaire aux possibilités offertes par le secteur agricole.

Robert de l’Escaille : « Plus de carbone dans le sol, c’est également un avantage pour l’agriculteur. Il en résulte une meilleure fertilité des sols, des cultures résiliantes, plus de biodiversité, moins d’érosion, une capacité de rétention d’eau accrue et une meilleure absorption des nutriments par les plantes. En séquestrant du carbone dans le sol, le secteur agricole peut également mieux se prémunir contre les conditions météorologiques extrêmes et l’impact du changement climatique. »

« Bien réfléchir à votre sol, à votre façon de cultiver, et bénéficier d’une compensation financière pour votre contribution à la neutralité climatique accélère le développement de ce type d’agriculture dans les années à venir », conclut Rosiers.

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