Innovation : Bruxelles, laboratoire de la mobilité
En termes de mobilité, Bruxelles a longtemps été le mauvais élève européen. Pourtant, depuis quelques années, de nombreuses start-ups s’y implantent pour tester leurs solutions. La capitale de l’Europe est donc devenue un véritable laboratoire à ciel ouvert.
Pourquoi Bruxelles est-elle devenue le lieu de toutes ces expérimentations ? Guillaume Servonnat, chef de projet pour Espaces-Mobilités, apporte quelques éléments de réponse : « En tant que capitale de l’Europe, Bruxelles possède un rayonnement international. C’est un bon terrain pour tester le marché avant un déploiement ailleurs sur le continent ou en Belgique. De plus, les autorités sont relativement bienveillantes par rapport à l’arrivée de ces services. Enfin, il y a aussi le pragmatisme de la population. Celle-ci est assez curieuse de nature, ce qui n’est pas forcément le cas dans des villes étrangères. L’attitude de la population envers l’innovation est plutôt positive. » Guillaume Servonnat avance aussi que la présence d’acteurs historiques, comme Cambio, a entraîné une certaine habitude, une acceptation et une compréhension des choses.
Des sociétés innovantes profitent de ce laboratoire à ciel ouvert. Urbike, coopérative de cyclo-logistique, fait partie de celles-ci. Renaud Sarrazin, son co-fondateur, confirme : « Bruxelles est un très beau laboratoire en termes de mobilité. Depuis de nombreuses années, des efforts sont déployés en termes de financement de projets, de recherche et d’innovation pour accompagner des acteurs comme Urbike. C’est grâce au soutien de la région et à la volonté d’investir dans la transition en termes de mobilité que nous avons pu déployer ce modèle. »
Pour Renaud Sarrazin, l’adaptation progressive de la vision politique de la Région et la mise en œuvre de politiques intégrées a abouti à un tout cohérent permettant de tester de nombreuses solutions innovantes. « Nous avons aussi la chance d’évoluer dans une ville-région au territoire très dense, assez petit et hyper territorialisé. En tant qu’opérateur, c’est une force de pouvoir démarrer nos activités sur un territoire riche en opportunités grâce à un tissu économique hyper développé. »
Nous avons aussi la chance d’évoluer dans une ville-région au territoire très dense, assez petit et hyper territorialisé.
Alors, est-ce qu’un concept comme Urbike aurait pu se développer ailleurs ? Renaud Sarrazin le pense : « Mais nous aurions sans doute fait les choses autrement. Pour une start-up, il est important d’être suffisamment agile et flexible. En région bruxelloise, il y a une telle richesse au niveau de l’activité économique, des clusters d’entreprises et des solutions d’accompagnement que ça foisonne d’opportunités pour pivoter en permanence, pour explorer de nouveaux marchés, pour tester de nouveaux services. »
Les solutions de financement des pouvoirs publics et les ponts jetés entre les différents acteurs sont deux autres atouts de Bruxelles : « Il y a une véritable culture bruxelloise de rassembler les acteurs publics et privés, de faciliter les rencontres et la création de synergies. C’est une force quand on est une jeune entreprise de pouvoir combiner réseautage et identification d’opportunités business. Quand on est un acteur du changement et qu’on se positionne sur des sujets de transition, ça permet d’accélérer un peu les choses. »
Enfin, Bruxelles est aussi un magnifique bac à sable pour développer la Maas (Mobility as a Service). Guillaume Servonnat indique que « Parallèlement à la Maas publique, qui est en gestation au niveau de la STIB, il y a, depuis une dizaine d’années, une Maas corporate. Par rapport à d’autres pays, son côté innovant vient de la spécificité de la fiscalité belge et du système de voitures de société qui ont créé, sans le vouloir, les conditions pour pouvoir prendre en marche plus rapidement le train des Maas. Enfin, à Bruxelles, il y a encore une Maas publique : le Smart Move de Bruxelles Fiscalité. Ce dernier vise à évaluer l’intérêt de mettre en place un péage urbain. Ce projet répond à la promesse de la Maas : attirer les automobilistes à utiliser des alternatives de mobilité. »