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Agri & Food

Alimentation : Comment gérer les mangeurs difficiles ?

07.02.2023
par Sophie Pycke

Que faire si votre enfant est un mangeur difficile ? Soyez patient.e : il y a de fortes chances que ce ne soit qu’une phase. Impliquer votre enfant dans les achats et agrémenter de temps à autre son assiette d’un peu d’inventivité peut aider. Et surtout gardez votre sang-froid. Vous éviterez  ainsi que votre enfant ne développe un rapport négatif à la nourriture.

Si votre enfant refuse les fruits et légumes, réclame toujours la même chose et préfère les boissons à la nourriture, il y a de fortes chances qu’il soit un mangeur difficile. Il existe de nombreuses raisons possibles, mais aucun consensus clair sur pourquoi un enfant devient un mangeur difficile. Ce qui est sûr, c’est que l’acceptation de nouveaux goûts et textures dépend de l’âge. « Entre six mois et trois ans, l’enfant est dans une phase de curiosité. C’est la grande période de découverte, y compris en matière d’alimentation. Il n’a pas encore développé de préjugés et est ouvert à de nouveaux goûts et textures », explique Aurélie D’Hulst, auteure de “Bébé mange de tout” et fondatrice de Sienna & Friends, une boutique en ligne de produits alimentaires pour enfants. 

La phase du “non”

Après ces moments bénis, viennent malheureusement des moments plus difficiles. Vers l’âge de trois ans, presque tous les enfants passent par une période de régression. Ils deviennent plus indépendants et apprennent à dire “non”. Ils sont un peu plus autonomes et se rendent compte qu’ils peuvent décider par eux-mêmes. Si on les oblige à finir leur assiette, ils diront “non”. De plus, à cet âge l’enfant craint la nouveauté. Par conséquent, il n’essaiera plus aussi volontiers les nouveaux goûts ou les nouvelles textures. « Les parents paniquent parce que leur enfant ne veut soudainement plus tout manger. Mais il faut bien réaliser que ce n’est qu’une phase. Dans le pire des cas, elle peut durer jusqu’à l’âge de neuf ans, mais la plupart du temps, ce n’est pas si grave », rassure Aurélie.

Heureusement, il existe des astuces. « Emmenez-le faire les courses et laissez-le décider : tu veux du brocoli ou du chou-fleur ? Laissez-le aider en cuisine : quelles épices veux-tu utiliser ? Ainsi, il aura le sentiment de contribuer à ce qu’il y a dans son assiette et aura un peu plus de liberté de choix », explique Aurélie. « Ça aide aussi de le laisser se servir. Et si vous le servez, évitez les grandes portions. Si vous introduisez un nouveau type de fruit ou de légume, il est préférable d’y ajouter un peu de que vous savez qu’il aime manger. Voir votre enfant rechigner devant sa nourriture peut être extrêmement stressant. Mais restez patient.e, et surtout, adoptez une approche ludique. Si vous stressez, votre enfant sera lui aussi moins détendu. »

En présentant le dessert comme récompense pour une assiette vide, vous transformez l'alimentation saine en quelque chose de négatif.

- Els Lefever, Fit Food House

Des papilles gustatives sensibles

En tant que parent, vous devez aussi donner le bon exemple à table, ce qui se produit peut-être trop rarement. « Les jeunes parents sont tellement occupés qu’ils font la vaisselle ou les sols après avoir mis la nourriture de leur enfant sur la table », remarque Els Lefever, nutritionniste chez Fit Food House. « Souvent, ils n’ont plus le temps de se soucier réellement de l’alimentation de leur enfant. Pour éviter un stress supplémentaire, ils sont prêts à céder à ses caprices pour avoir la paix. L’enfant est alors moins souvent amené à goûter de nouveaux aliments. »

Si vous procédez ainsi, ils risquent aussi de se voir servir trop de sel, de graisse et de sucre. « Les papilles gustatives des enfants sont beaucoup plus développées que les nôtres. S’ils mangent souvent des aliments malsains, ils peuvent en devenir dépendants, avec toutes les conséquences que cela entraîne à l’âge adulte. Les parents n’aiment pas l’entendre, mais chaque enfant est une toile vierge. Il peut apprendre à manger n’importe quoi. Cela dit, chaque enfant a bien sûr le droit de ne pas aimer certains aliments. »

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Trouvez la passerelle gustative qui fonctionne

Surtout, ne commencez pas à paniquer, car il existe de nombreuses façons de stimuler l’appétit de votre enfant. « Ne dites pas : “si tu manges tes légumes, tu auras un dessert”. Un enfant entendra : “tu dois d’abord manger quelque chose qui a mauvais goût, puis tu seras récompensé par quelque chose de bon”. En présentant le dessert comme récompense pour une assiette vide, vous faites de l’alimentation saine quelque chose de négatif. Ne le menacez pas non plus. Ne lui dites pas qu’il ne peut pas quitter la table avant d’avoir fini son assiette. Il est plus pratique de présenter à votre enfant des alternatives saines, comme des carottes crues au lieu de carottes à la vapeur. Ou une crêpe de légumes avec du houmous, des tapenades ou du ketchup. Celui-ci est souvent très apprécié à cet âge car il fait office de passerelle entre les saveurs. Mais évitez le ketchup trop sucré ou trop salé. »

Les enfants ont généralement besoin de goûter un aliment 15 à 20 fois avant de savoir s’ils l’aiment. La persévérance est donc importante. Faites aussi en sorte de rendre les choses plus appétissantes. Le brocoli à la vapeur n’affolera pas ses papilles, mais le brocoli cuit au four peut-être, car il fait ressortir les sucres naturels. Et ne désespérez pas : votre enfant ne se laissera pas mourir de faim. « Mais veillez à cacher les biscuits et les bonbons. Et quand son ventre commencera à gargouiller, proposez-lui une alternative saine. »

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