objectifs
Energie

Peut-on atteindre les recommandations des Nations-Unies ?

08.12.2022
par Sébastien Porcu

La Belgique a encore fort à faire pour atteindre les 5 “P” (People, Peace, Prosperity, Planet, Partnership) recommandés par les Nations-Unies. Ces Objectifs de Développement Durable (ODD) font partie d’un ambitieux plan d’action à concrétiser à l’horizon 2030. Quels moyens pouvons-nous mettre en œuvre pour tenir ces engagements ?

Décloisonner les objectifs

Pour parvenir à la réalisation des ODD, il est nécessaire d’envisager les 5P comme des enjeux interconnectés. En effet, l’effet boule de neige qu’une décision peut entraîner sur un autre secteur n’est pas à prendre à la légère. Privilégier uniquement l’approche analytique pour faire face à un problème n’est plus suffisant. Elle doit être couplée à une analyse systémique. Trouver des solutions pour un monde plus durable, plus transparent et plus équitable ne peut se faire qu’en prenant en compte les aspects économiques, sociaux et écologiques et en les considérant comme un ensemble à part entière. Il faut revoir les méthodes et comprendre les enjeux et les impacts de celles-ci. L’économie fonctionnelle en est un exemple concret : on partage la ressource sans en transférer la propriété. Il n’est plus question ici de miser sur l’acte d’achat, mais plutôt sur l’usage qui en est fait. On se repose dorénavant sur la qualité plutôt que sur l’extraction compulsive de ressources. Il est nécessaire de faire durer le bien ou le service en question afin de réduire le gaspillage de ressources. Par exemple, en mettant à disposition une batterie ou une chaudière à destination de tout un quartier ou d’une communauté énergétique. De cette manière, il est plus simple d’obtenir un équilibrage entre la production et la consommation, et par conséquent de mieux gérer les ressources.

Participer tous ensemble à l’effort 

Pour parvenir à atteindre les 5 “P”, il n’y a pas d’autre choix que l’union. C’est ensemble que nous réussirons ou que nous échouerons. Par conséquent, il faut cesser les discours polarisants et mettre un terme à la division afin de réunir tous les citoyens en vue d’un même objectif :  créer un monde plus juste et plus durable pour un avenir meilleur. Faire un petit geste tous les jours individuellement est une noble intention, mais ce sera malheureusement insuffisant pour nous permettre d’atteindre les objectifs recommandés par la communauté scientifique. La sobriété énergétique peut faire peur, mais elle est indispensable, tant pour les particuliers que pour les entreprises. Une transition socio-économique-écologique-énergétique réussie passe par plus de dialogue et de cohésion. Blâmer les plus pollueurs, qui n’ont parfois tout simplement pas les moyens de s’offrir un logement équipé de chaudières moins énergivores ou encore une voiture électrique, ne fait que renforcer la division. C’est ensemble qu’il faut trouver des solutions afin d’adopter des alternatives plus vertes et plus durables. Par exemple, avec les Social Impact Bond (Mesures d’Impact Social) qui permettent d’investir dans des innovations sociales tout en réduisant le budget opérationnel de l’Etat. Il est donc primordial de créer des projets fédérateurs.

Expérimenter pour sortir de notre zone de confort

Pour laisser au placard nos mauvaises habitudes énergivores et polluantes, il faut oser sortir de notre zone de confort. Il est important de se mettre en quête d’alternatives plus vertes, moins lourdes, plus éthiques, plus durables et plus transparentes. De nombreuses initiatives portent ces valeurs, qu’il s’agisse de collectifs citoyens, d’ateliers de réparations d’objets électroniques, de mutualisation de véhicules ou encore de partage de ressources. Et elles sont à la portée de tous. Par exemple, “Just Electronics” à Bruxelles contribue à réduire l’empreinte écologique des consommateurs en leur proposant des d’appareils électriques et électroniques 100% reconditionnés. Le “Yuman Village” est également un acteur de choix en termes d’économie circulaire. Il offre une variété de produits issus de matériaux recyclés et éco-conçus pour limiter l’impact sur la planète ainsi que des solutions zéro déchets. Le collectif “Dégage”, quant à lui, est parvenu à mutualiser 370 véhicules parmi 3.700 citoyens depuis 20 ans. Toutes ces expérimentations durables doivent être des sources d’inspiration tant pour les particuliers que pour les autorités et les entreprises. Proposer une nouvelle façon d’envisager le partage de ressources, l’optimisation du budget des ménages, ou encore contribuer à la lutte contre l’obsolescence programmée sont les ingrédients qui nous permettront de nous rapprocher des objectifs à atteindre à l’horizon 2030.

Récompenser les efforts

Pourquoi nous ruons-nous vers des enseignes polluantes, peu chères, qui produisent des objets dans des conditions de travail déplorables et de moindre qualité ? Tout simplement parce qu’elles sont faciles d’accès et que nous disposons d’un pouvoir d’achat suffisant pour nous les offrir. Cependant, s’en remettre à de telles enseignes revient à annuler tous les efforts déjà réalisés auparavant. Il est donc nécessaire de se tourner vers des alternatives durables et plus vertueuses. Celles-ci émergent un peu partout et partagent un point commun : récompenser le citoyen vertueux. À Bonheiden, une commune anversoise, on récompense par exemple les enfants qui viennent à l’école en vélo. Ils reçoivent des “Dukats”, une monnaie locale qu’ils peuvent échanger lors des cinq fancy-fairs des établissements scolaires. De plus, les jeunes cyclistes peuvent engranger des “Dukats” supplémentaires lorsqu’ils empruntent les chemins les plus sécurisés. Les avantages sont nombreux : les enfants font du sport, les parents sont rassurés, cela réduit les émissions de gaz à effet de serre et évite aussi de nombreux embouteillages aux abords des écoles. En Suède, la start-up Doconomy entend révolutionner la manière de faire du shopping. Sa carte de banque a pour ambition d’afficher le poids en carbone de nos achats. Dès lors, il sera possible de fixer une limite mensuelle pour en contrôler l’impact. Les consommateurs pourront ainsi se rendre compte des conséquences de leurs comportements d’achats et préserver les ressources de la planète.

Remerciements à Emmanuel Mossay, directeur Recherche &, EcoRes, auteur de Shifting Economy, et professeur-invité UCLouvain, UNamur, Henallux, EPHEC

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