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Energie

Nos déchets, ce nouvel Eldorado économique ?

02.09.2021
par Bastien Craninx

Le réemploi des déchets et rebuts est devenu nécessaire pour l’environnement. La revalorisation de nos déchets pourrait également se révéler une mine d’or, véritable opportunité économique, pour les entrepreneurs visionnaires.

Une vraie habitude

En Belgique, le tri des déchets est devenu une vraie habitude chez le citoyen. Mais saviez-vous que nos poubelles pourraient également offrir de véritables opportunités économiques ? Et c’est certainement dans le domaine de l’agriculture que cette tendance est la plus marquée aujourd’hui. « En Belgique, nous sommes à la pointe en ce qui concerne la valorisation des rebuts organiques », explique Aurore Richel, professeur en biomasse et technologie verte à l’Université de Liège. « Un double point positif pour l’environnement, étant donné qu’on utilise des matières organiques locales. »

L’industrie des matériaux et celle des carburants notamment mènent ces recherches. « Aujourd’hui, il est par exemple possible de créer du carburant pour le transport routier et aérien à base de résidus de betterave ou de peuplier », continue Aurore Richel.

Une véritable révolution?

Y aura-t-il une véritable révolution dans les années à venir ? « Cela risque de changer profondément certaines filières. Mais nous n’en sommes encore qu’aux prémisses », explique la chercheuse. Les rendements de production restent encore assez faibles et les prix, trop élevés. Ce qui joue évidemment sur la compétitivité. « Un plastique biosourcé par exemple coûte entre 5 à 10 fois plus cher qu’un plastique pétrosourcé », explique Aurore Richel. Un problème qui, sur le long terme, finira par disparaître avec les taxes environnementales et la raréfaction du pétrole.

Plus on fera durer un appareil électronique, plus celui-ci sera écologique.

— Éric Johnson, Responsable Wallonie-Luxembourg, Out of Use
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Secteur de l’électronique

Autre secteur, autre ambiance : celui de l’électronique. De plus en plus de sociétés se spécialisent en effet dans leur valorisation. Pour les particuliers comme pour le B2B (Business To Business). « Plus on fera durer un appareil électronique, plus celui-ci sera écologique », explique Éric Johnson, Responsable Wallonie-Luxembourg chez Out of Use. Mais l’opportunité économique est-elle réelle ? « Oui et non ! La demande sera toujours bien présente : il y a de vrais besoins d’appareils à un meilleur prix », selon l’expert. Et de citer l’exemple des écoles : peu de budgets, mais un énorme besoin d’électronique. Cependant, il estime que le secteur du reconditionnement électronique n’est pas encore suffisamment attractif. « Il faut respecter des procédures assez lourdes de traçage, de démantèlement, de dépollution et de recyclage, sans parler des destructions de données pour s’aligner sur les politiques de RGPD. » Bref, une partie du travail essentiel, énergivore, ne génère jamais de revenu.

La relation entre les recycleurs et les producteurs

Un autre problème selon Éric Johnson reste la relation entre les recycleurs et les producteurs. « Les producteurs préféreront toujours vendre de nouveaux appareils sans penser à leur fin de vie. Un push législatif serait nécessaire pour établir un dialogue plus constructif. »

Si le potentiel économique de nos déchets doit encore arriver à maturité, c’est aujourd’hui que se prépare demain, pour les entrepreneurs les plus visionnaires.

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