développement durable
Energie

Le digital, ami et ennemi du développement durable

15.06.2023
par Thibaut Van Hoof

L’intelligence artificielle et ses milliers d’applications ouvrent des portes vers des innovations qui permettront d’accompagner les citoyens et les entreprises vers le développement durable. Mais chaque donnée utilisée provoque aussi de la pollution…

Digital, numérique, intelligence artificielle, données mobiles ou encore internet… Autant de mots qui sont entrés dans le langage commun et dans les programmes politiques ces dernières années. Il faut dire qu’on ne peut plus faire évoluer un pays ou une entreprise sans compter sur les nouvelles technologies. Mais où sont les limites de la digitalisation ? On évoque le plus souvent les problèmes liés à la sécurité ou à la protection des données, mais la pollution générée par tous les appareils digitaux (smartphone, ordinateurs, etc) et data center est conséquente.

C’est sur ces questions que travaille au quotidien l’Institut Belge du Numérique Responsable. « La question n’est pas de savoir s’il faut continuer à digitaliser, mais surtout comment le faire, confie Jules Delcon, Business Developer pour l’Institut Belge du Numérique Responsable. On parle aujourd’hui des enjeux environnementaux et des outils qu’on peut utiliser pour encourager le développement durable. Le digital est un allié pour y arriver, mais seulement si on l’utilise bien. Le numérique apporte clairement des bénéfices à nos sociétés : l’accès à l’information, à la formation… c’est génial tout ce qu’on peut faire aujourd’hui à partir d’un smartphone. Le numérique peut aussi répondre à beaucoup de besoins en termes de développement durable et d’accompagnement des entreprises dans leur consommation d’énergie, par exemple. ”

La digitalisation peut être un allié dans un tas de domaines, mais ne l’est pas par défaut.

- Mathieu Michel, Secrétaire d’État à la Digitalisation, chargé de la Simplification administrative, de la Protection de la vie privée et de la Régie des bâtiments.

Mais les entreprises actives dans le numérique génèrent aussi leur propre empreinte carbone. « Le numérique repose sur des ressources qui ne sont pas illimitées. Je pense à tout ce qu’il faut pour construire un smartphone ou un ordinateur, notamment les métaux rares. Et en même temps, l’objectif aujourd’hui doit aussi être d’avoir un numérique inclusif et utile à tous. Personne ne doit être laissé de côté. Il faut donc mener un travail de sensibilisation à ce niveau. Faire comprendre qu’un smartphone pollue énormément quand on le construit, c’est assez facile. Mais faire comprendre qu’il pollue aussi quand on l’utilise, c’est plus compliqué. Ce n’est pas comme laisser un robinet ouvert et laisser couler l’eau. La pollution se produit parfois à des milliers de kilomètres, via des datas center. Et puis, il y a aussi la question de la seconde vie de tous ces appareils. On est encore trop peu avancé au niveau du recyclage et de la seconde vie qu’on leur donne. ”

Il est donc important d’encadrer le numérique et toutes ses ramifications au niveau législatif, comme l’explique Mathieu Michel, Secrétaire d’État à la Digitalisation. « La digitalisation peut être un allié dans un tas de domaines, mais ne l’est pas par défaut. Comme pour toutes les innovations, il faut l’utiliser correctement si on veut qu’elle ait un impact positif durable. ”

Mais comment agir concrètement ? « Pour certaines utilisations, la sobriété numérique est un concept davantage pris en considération. Cela passe par un meilleur rendement des datas center, par exemple en récupérant la chaleur qu’ils émettent pour produire de l’énergie. Mais dans l’application du digital, on peut agir sur beaucoup de choses. On peut agir sur la consommation d’énergie de tous les bâtiments publics, avec la possibilité de pouvoir chauffer pièce par pièce, quand c’est nécessaire. Je pense aussi aux voitures partagées et aux applications qui permettent la gestion d’une flotte de véhicules. Dernier exemple avec le portefeuille digital que nous sommes occupés à mettre en place et qui permettra, à terme, d’économiser des tonnes de papiers. ”

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