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Energie

Hold-up énergétique : comment limiter la casse ?

08.12.2022
par Célia Berlemont

Face à la crise, réduire sa consommation, et par conséquent sa facture, est devenu une priorité. En attente de mesures à la hauteur de l’ampleur du problème, comment faire face à cette hausse des prix sans précédent ?

Pour comprendre l’ impact de la crise énérgétique et les solutions à y apporter, il est essentiel de reprendre le problème à la racine et d’apporter des éléments de contexte susceptibles de comprendre la variation des prix que nous connaissons aujourd’hui.  

« Historiquement, les prix de l’énergie ont toujours été plus bas en Belgique que chez nos voisins néerlandais et allemands. De ce fait, ceux-ci ont dû s’adapter, baisser leur consommation et anticiper la rénovation du bâti afin d’améliorer leurs performances énergétiques. Chez nous, l’impact de ces prix extrêmement volatiles et élevés est une nouveauté qui met tous les usagers en grandes difficultés. Cette crise est une crise de l’offre sur le marché du gaz. Nous devons donc impérativement maîtriser la demande d’électricité et de gaz pour faire pression sur les prix », explique Stéphane Bocqué, porte-parole de la fédération belge des entreprises électriques et gazières (FEBEG).

La hausse inédite des prix sur les marchés de gros de l’énergie nous motive tous à agir.

Pour ce faire, la première mesure à prendre consiste à définir son profil de consommation et à adopter la sobriété énergétique solidaire, un effort d’économie collectif visant à réduire la consommation là où cela peut être envisagé. De cette manière, citoyens et entreprises participent ensemble à la préservation des stocks et à la diminution de la demande, faisant ainsi pression sur les prix de gros. Après tout, l’énergie la plus durable – et la moins chère – est celle que vous ne consommez pas. Jusqu’à il y a peu, ménages et entreprises belges bénéficiaient de tarifs énergétiques attractifs avec un prix de gros à un niveau aussii bas que 25 euros/MWh pour le gaz. Désormais, celui-ci s’élève à 150 euros/MWh. L’heure est donc au bilan énergétique global. 

Et si pour Damien Ernst, professeur à l’Université de Liège, « planifier sa consommation et agir pour limiter l’étranglement passera par la préparation de l’après-crise », envisager des mesures de rénovation visant à agir sur l’efficience énergétique des bâtiments sera une seconde action incontournable. Cette hausse des prix lance un signal d’action et d’investissement très fort pour des mesures plus structurelles en vue de consommer moins d’énergie, et éventuellement de l’auto produire. Jamais les investissements en autoproduction d’énergie renouvelable et en mesure d’efficacité énergétique n’ont été aussi rentables qu’aujourd’hui, tant pour les ménages que pour les entreprises. En vue de sortir de la crise énergétique, agir sans délai, investir et réduire notre consommation dès maintenant seront donc les maîtres-mots. 

Existe-t-il une solution à l’échelle nationale ? Pour Damien Ernst, elle rejoint la même problématique,  « le meilleur moyen d’être préparé est de mettre en place une stratégie où le prix du gaz est réduit, mais n’atteint plus les seuils très bas d’avant-crise. Avec un prix “moyen” du gaz, de 75 euros/MWh par exemple, un schéma de taxation (tax shift) pourrait voir le jour et promouvoir des incitants et aides mettant en avant l’investissement énergétique. Pour limiter la casse, il faut réduire sa consommation et penser à demain. »

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