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Energie

Adaptation et coopération : comment viser une sécurité sociale plus durable

08.12.2022
par Fokus Online

Éradication de la pauvreté, de la faim, réduction des inégalités, amélioration des conditions de travail… En 2015, l’Organisation des Nations unies définissait dix-sept objectifs de développement durable en vue de garantir à tous un avenir meilleur. Dix-sept objectifs liés par une même volonté : la protection sociale décente des citoyens du monde. Mais comment garantir l’existence et la pérennité d’une sécurité sociale de qualité ?

La sécurité sociale : une appellation aux contours souvent un peu flous pour le citoyen. L’évoquer nous amène évidemment à penser aux cotisations qui nous sont réclamées ponctuellement et qui sont le fondement du système belge reposant sur la solidarité entre les citoyens. Mais il ne faut pas oublier que la sécurité sociale c’est aussi et surtout le remboursement des soins de santé, les allocations de chômage, les allocations familiales, les pensions, les interventions financières en cas d’accidents ou de maladie… Autant de mesures de soutien à la population qui se révèlent cruciales, surtout aujourd’hui, dans un monde confronté à de nombreux défis et crises.

Pandémie de covid-19, changement climatique, guerre en Ukraine, problématique de l’énergie… Comme le fait remarquer Peter Samyn, président du Comité de direction du Service public fédéral Sécurité sociale en Belgique, les crises se suivent, se ressemblent parfois, mais surtout s’accélèrent au fil du temps. Des situations complexes et souvent éprouvantes pour les citoyens, qui rappellent aussi l’intérêt d’un système de protection sociale efficace, solide, basé sur la concertation sociale, et réactif. Manuel Paolillo, directeur général Coordination des Politiques et Relations internationales au SPF Sécurité Sociale, souligne l’importance, en temps de crise, de réagir vite et d’apporter aux citoyens des aides concrètes qui répondent aux besoins du terrain.

La sécurité sociale est et doit rester championne de la résilience. Nous avons besoin d’un système capable de très vite s’adapter aux crises et d’apporter des solutions efficaces aux citoyens.

Une capacité d’adaptation qui va être mise à l’épreuve des enjeux futurs, à commencer par celui de la transition écologique, un changement qui pourrait bien être lourd de répercussions d’un point de vue social. Comme l’expliquent les deux spécialistes, si la transition est bien entendu nécessaire, elle pourrait avoir des effets anti-redistributifs, et donc augmenter les inégalités au sein de la société. Pensons par exemple au passage à la voiture électrique, que toutes les bourses ne pourront pas se permettre, ou encore à la rénovation énergétique des bâtiments, une mesure nécessaire en ces temps de crise énergétique mais qui, malgré les aides, requiert un investissement conséquent à titre personnel.

Au même titre que de nombreux autres défis, la question de la transition écologique est un enjeu qui touche tous les pays du globe. Elle doit donc être envisagée à un niveau international, sans adopter une vision tiers-mondiste dans la lignée de l’Organisation internationale du travail. D’où la nécessité de créer des ponts, des structures collaboratives entre les différents systèmes de protection sociale. L’Union européenne s’y attelle également avec le socle des droits sociaux, qui sera un thème phare de la présidence belge en 2024. C’est de cette collaboration que pourront naître des solutions innovantes pour répondre aux problèmes qui nous seront posés à l’avenir. Une coopération qui a déjà fait ses preuves au niveau belgo-belge, notamment pendant la pandémie de Covid-19 avec, pour la première fois, la création d’une taskforce interinstitutionnelle capable d’alimenter rapidement en statistiques pertinentes pour apporter des réponses aux problématiques rencontrées par les citoyens.

Cette collaboration existe aussi au niveau international par exemple depuis neuf décennies avec l’AISS, une association internationale qui rassemble des organisations de sécurité sociale à travers le globe. Grâce à l’AISS, ces organisations trouvent un espace de parole où elles peuvent échanger sur les problématiques rencontrées, sur les bonnes pratiques à adopter et s’intéresser aux grands dossiers d’aujourd’hui mais aussi de demain… Autant de discussions qui seront peut-être à l’origine des aides implémentées bientôt en Belgique pour répondre aux attentes des citoyens ou pour les anticiper de manière proactive.

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