Interview par Fokus Online

Michel Drucker: « On m’a reproché d’être trop indulgent et naïf »

Il a su se faire une place dans le cœur des gens depuis plus de cinquante ans. Sa gentillesse et sa bienveillance ne sont pas une stratégie, mais sa nature. Rencontre avec ce bosseur qui s’est hissé au sommet avec passion.

Plus de 50 années de carrière ! Et toujours avec élégance et respect vis-à-vis de vos invités.

« Plus jeune, on disait souvent de moi que j’étais absent, pas très discipliné. Mais on ajoutait toujours que j’avais un bon fond, que j’étais un bon camarade. Je n’ai vraiment pas dû forcer ma nature pour faire ce métier avec bienveillance. On m’a souvent reproché d’être trop indulgent et même trop naïf parfois. Mais je ne veux être ni dans l’affrontement ni dans la moquerie. Et le sport en cela, que j’ai beaucoup pratiqué, est une belle leçon d’humilité. Célèbre ou non. Riche ou non. La résistance et le mental sportifs sont très importants. Et ceux qui tiennent la route sont ceux qui sont les plus forts mentalement. Je ne vois pas comment on peut traverser le temps sans avoir une certaine compassion et une certaine indulgence pour son prochain. » raconte Michel Drucker.

Après 53 ans d’une carrière incroyable, vous connaissez de nouvelles émotions fortes avec la scène. Une seconde vie pour vous ?

« Absolument. J’avais cette envie qui revenait régulièrement et secrètement en moi. Je vis une aventure totalement surprenante. Je voulais avoir peur : redémarrer de zéro, retrouver mes sensations et mes inquiétudes de débutant, repartir sur une page blanche. Et en écrivant, je ne savais pas que j’aurais un tel accueil de la part du public. C’est une grande récompense qui me va droit au cœur. »

C’est le public, d’une certaine façon, qui vous donne cette énergie ? 

« Oui. J’ai commencé à faire de la scène à 74 ans. Ce qui est très tard, mais je voulais connaître ce frisson. Je me dis toujours que je veux encore voir les gens lorsque la télévision va s’arrêter. J’aime voir les gens, monter sur scène pour les rencontrer, c’est merveilleux : ils vous donnent des ailes ! Être seul sur scène, sans musiciens, sans prompteur ni souffleur, avec seulement sa mémoire, c’est la chose la plus dure, mais quel bonheur ! Je reviendrai bientôt en Belgique sur scène. » dit Michel Drucker.

Les gens qui ne font pas de sport ne peuvent pas s’imaginer tout ce qu’on peut en tirer.

Dernièrement, vous avez passé des moments difficiles ?

« Oui, et je suis un miraculé. On n’était pas loin d’une catastrophe avec un pronostic vital engagé. Imaginez, moi qui suis hypocondriaque… Mais cette expérience a été enrichissante sur bien des points. J’ai toujours été sportif, et continue de faire beaucoup de sport. Je fais du vélo et du rameur. Je démarre le matin par une heure d’activité physique avec bonheur. J’ai passé l’été en Provence afin de bien me ressourcer pour retrouver les plateaux de télévision. Aujourd’hui, je suis un homme heureux : j’ai reçu énormément de courriers de la part des gens. Des sacs entiers venant de plusieurs pays. Leur amour m’a beaucoup touché. » raconte Michel Drucker.

Il faut bien avouer que ces dernières années, vous ne vous êtes pas ménagé, non ?

« C’est vrai, avec toutes mes activités… Sans oublier que je me suis fait quand même beaucoup de soucis aussi. Je m’inquiétais du jeunisme ambiant, du risque de me faire dégager. Tout ça m’a trotté dans la tête. C’est peut-être aussi génétique. Mon père avait également des problèmes de troubles du rythme cardiaque. Mais aujourd’hui, j’ai la pêche. Mon envie et mon défi étaient de revenir en forme et à fond. J’ai tout fait pour être bien présent à nouveau à la télévision. »

De vous à moi, passé la cinquantaine, avez-vous eu des inquiétudes ?

« On a toujours des inquiétudes, à tous les âges. Dans la vie personnelle ou professionnelle, les angoisses, les craintes, les peurs sont présentes. Il ne faut pas baisser les bras, mais aller de l’avant. Une vie et une carrière ne se font pas sans échecs non plus. Cinquante ans, ce n’est que la moitié de la vie. » dit Michel Drucker.

Michel Drucker

Quel conseil donneriez-vous aux gens qui passent le cap ?

« De ne pas trop regarder dans le rétroviseur. Toujours devant soi. De continuer à “avoir l’envie” comme le chantait si bien Johnny Hallyday. Les plus belles années d’une vie sont celles qu’on n’a pas encore vécues. Cinquante ans, ce n’est pas rien ! J’ai 79 ans, je peux vous dire qu’être un sexagénaire ou un octogénaire aujourd’hui n’a plus rien à voir avec l’époque de nos parents. Cinquante ans, c’est très jeune. Regardez Hugues Aufray qui a eu 92 ans. Il chante encore 40 à 50 fois par an. »

Et d’ailleurs, à quoi pensez-vous lorsque vous regardez dans le rétroviseur ?

« Je pense à l’adolescent que j’étais. D’ailleurs, j’y ai beaucoup pensé lorsque j’étais hospitalisé. Je pense aussi au passionné de sport que j’étais. D’autant plus que c’est le sport qui finalement a guidé ma vie, qui m’a aidé et permis de faire ce parcours aussi long. Vous savez, les gens qui ne font pas de sport ne peuvent pas s’imaginer tout ce qu’on peut en tirer. J’en parle dans mon livre Ça ira mieux demain. » explique Michel Drucker.

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Si vous n’aviez pas été Michel Drucker, vous auriez voulu être…

J’aurais aimé être Docteur Drucker, comme mon père, Abraham Drucker. Un vrai médecin de famille comme on n’en fait plus. Un médecin comme il y en a dans les villages. Qui était de garde tout le temps. C’était sa vocation. Il aimait ses patients.

16.11.2021
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