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L’atout langue pour une recherche d’emploi réussie

18.01.2023
par Fokus Online

La connaissance des langues est une compétence professionnelle qui vaut de l’or. Mais encore faut-il trouver les bonnes formations en langues et savoir comment faire valoir cet atout devant les recruteurs. Voici quelques idées clés pour mettre à profit ses compétences linguistiques dans sa recherche d’emploi.

Dans une société mondialisée comme la nôtre, la connaissance de plus d’une langue est sans conteste un atout majeur. Et ce ne sont pas les recruteurs qui vous diront le contraire. Une étude suggérerait d’ailleurs que parler une deuxième langue pourrait représenter une hausse du salaire pouvant atteindre entre 11% et 35% supplémentaire en fonction de la langue et du pays dans lequel on se trouve*. À cela s’ajoute la certitude de sortir du lot dans un processus de recrutement, des possibilités d’emplois plus nombreuses ou encore le renforcement d’autres compétences parallèles. C’est notamment pour ces raisons, que la Région wallonne a décidé de lancer son quatrième Plan Langues coordonné par le Forem. “Mais on souhaite surtout offrir de nouvelles opportunités aux personnes qui n’ont pas eu la chance d’apprendre une langue durant leurs études. Nous avons tous besoin des langues à des niveaux différents”, insiste Véronique Amand, responsable du service Langues au Forem. 

Concrètement, ce Plan Langues se focalisera sur l’apprentissage de trois langues (le Néerlandais, l’Allemand et l’Anglais) à travers différentes formules. Tout commence par une séance d’information détaillant les possibilités de formations. Un test est alors ensuite envisagé pour déterminer le niveau de l’apprenant qui est alors pris en charge par un coach personnel. “Ensemble, ils détermineront les différentes compétences de base et nécessaires afin d’obtenir l’emploi souhaité”. Sans oublier de faire le point à différents moments de l’apprentissage. “Les gens ne connaissent pas toujours très bien leur niveau réel en langues. D’où l’importance de cette étape”. Enfin, le Plan Langues offrira également de nombreuses bourses pour différents types de publics cibles. “Ceux qui pourront en bénéficier ne seront plus uniquement les élèves à la fin de leur rhéto ou les demandeurs d’emploi. Le public étudiant se rajoute également”. Ces derniers pourront aussi bien profiter de cours de langues adaptés que d’immersions en entreprises ou à l’étranger. 

Plus qu’un simple programme de formation, ce Plan Langues est aussi l’occasion de tordre le cou à différents clichés sur l’apprentissage des langues et de proposer une nouvelle méthode d’apprentissage centrée fondamentalement sur l’apprenant et ses besoins professionnels, actuels ou futurs.

Les gens ne connaissent pas toujours très bien leur niveau réel en langues.

Privilégier “la langue métier” et les tâches à réaliser 

Qu’on se le dise, apprendre une langue ne doit pas nécessairement passer par des cours comme on les conçoit traditionnellement. Des cours dans lesquels un apprentissage poussé et minutieux de la grammaire et du vocabulaire est généralement le point d’orgue. Parfois une série de phrases apprises en paquet peut largement suffire. En Belgique, le bilinguisme est-il indispensable ? “Tout dépend en effet de l’emploi auquel on se destine”, poursuit Véronique Amand. “Par exemple, on ne demandera jamais à un chauffeur poids-lourd de tenir un discours comme pourrait le faire un employé de l’accueil. L’important pour lui est d’arriver à répondre facilement à des questions tout aussi simples”. La différenciation et la personnalisation des besoins doivent donc prendre tout leur sens dans ce type de formations. 

Souvent la difficulté de l’apprentissage d’une langue dans le réseau traditionnel est qu’on ne sait pas nécessairement à quoi cette dernière nous servira. L’avantage d’un organisme public tel que le Forem, est le lien direct avec les offres d’emploi. Les modules ont donc beau être courts, ils sont spécifiquement  destinés à  l’utilisation concrète de la langue. “Le demandeur d’emploi ne vient pas au Forem par hasard. Il est là afin d’obtenir toutes les cordes et ficelles qui le mèneront à l’emploi”.  

La peur de l’erreur

S’il y a bien un point crucial dans l’apprentissage des langues, c’est le fait d’oser. Et ce n’est pas toujours évident car se former à une langue qu’on ne connaît pas, c’est indubitablement sortir de sa zone de confort. Autant dès lors, faire tout ce qui est possible pour mettre l’apprenant à l’aise. Or, force est de constater que beaucoup de formations, encore à l’heure actuelle, cultivent la peur de l’erreur : corriger systématiquement, se référer constamment à la grammaire, pointer les faiblesses… “C’est ridicule étant donné que ça coupe les apprenants dans leur communication”, insiste Véronique Amand. “Dans une entreprise, on demande avant tout de se faire comprendre. L’erreur grammaticale importe peu. Les gens en face de nous ne sont pas des linguistes et la plupart du temps, on n’est pas dans une réunion avec des natifs”.

Nous sommes un pays multilingue ouvert sur le monde. Nous avons des tas de possibilités d’apprendre. Il n’y a qu’à se servir !

Ce que recherchent les recruteurs

Selon l’experte, il est important d’analyser les besoins du marché pour se rendre compte des besoins des recruteurs en termes de compétences linguistiques. Généralement, les fonctions pour lesquelles on demande des langues sont la vente, l’après-vente, la communication, les ressources humaines et l’achat. Pourtant, au-delà des compétences pures et dures, ce que les recruteurs apprécieraient plus que tout, ce serait une ouverture à la langue. “Un recruteur accordera plus de crédit à un candidat qui ose parler dans une langue qu’il ne maîtrise pas totalement, plutôt qu’à un autre avec plus de compétences linguistiques mais qui se tait”. Selon l’experte, ce qui touche les recruteurs c’est l’appétence et l’ouverture vers le monde que montrent ainsi les candidats. C’est également pour cette raison que, lors d’un entretien, il est important de faire valoir toutes les expériences d’immersion réalisées. Et ce, même pendant les études (Erasmus, stages linguistiques, participation à une école de langues à l’étranger…). “Cela montre que vous êtes ouvert vers l’autre et que vous êtes capable de vous mettre en danger”.

Les avantages du stage professionnel en immersion

Qu’elle soit réalisée à Malte, en Flandre, en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas ou en Irlande, l’immersion linguistique en entreprise doit être considérée comme une véritable aubaine pour tout candidat en recherche d’emploi. Et pourtant, à première vue, ce type d’expériences fait souvent peur. “Les premiers jours sont difficiles mais après, ça devient la routine”, explique Véronique Amand. “Lorsqu’on est dans le bain, on lâche prise et on ose se présenter avec les qualités qui nous sont propres”. Et c’est bien là tout le bénéfice de ce type d’expérience. Car, disons-le franchement, une telle immersion ne permet généralement pas d’augmenter le niveau linguistique d’un candidat. “En si peu de temps, c’est compliqué”. Mais, elle l’encourage une nouvelle fois à repousser ses limites. “On prend en effet confiance en soi et on ose postuler dans des fonctions que l’on n’aurait jamais envisagées auparavant”. Cela permet donc d’apprendre à mieux se connaître.

C’est d’ailleurs pour cette raison que le Forem reproduit régulièrement cette expérience en son sein au travers d’un module d’entreprise virtuelle entièrement réalisé dans la langue cible. “Nous réunissons 6 à 7 personnes et nous leur attribuons des postes différents dans une entreprise virtuelle. Ils ont pour but de lancer un produit sur le marché”. Des simulations, difficilement envisageables dans l’enseignement traditionnel, qui boostent la confiance et dédramatisent les situations.

En Belgique, le bilinguisme est-il indispensable ? 

Souvent, les offres d’emploi mentionnent la nécessité d’être bilingue. “Mais les employeurs sont-ils vraiment à même de définir cette notion ?”, précise Véronique Amand. “Le bilinguisme est une notion différente d’une personne à l’autre. Voir une telle demande peut parfois rebuter les candidats qui se sous-évaluent”. Le conseil de l’experte est donc encore une fois d’oser postuler. Un employeur peut en effet vouloir quelqu’un de compétent en langue, mais devant la rareté de certains profils, il pourrait revenir sur sa décision et décider de le former lui-même. 

Cultiver sa langue

Enfin, s’il y a bien un conseil sur lequel Véronique Amand souhaite insister, c’est bien l’idée d’entretenir ses langues. Que ce soit au travers d’outils publics mis à disposition comme le site internet Wallangues, la télévision multilingue ou encore Netflix et ses sous-titres, il ne faut pas hésiter à réactiver ses connaissances. “Nous sommes un pays multilingue ouvert sur le monde. Nous avons des tas de possibilités d’apprendre. Il n’y a qu’à se servir !”.

* Liwiński, J. The wage premium from foreign language skills. Empirica 46, 691–711 (2019)

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