rénovation
Energie

Atteindre la neutralité carbone grâce à la rénovation énergétique

05.06.2023
par Fokus Online

En Belgique, nos bâtiments sont responsables de 28 % des émissions actuelles de CO2. L’objectif que s’est fixée l’Union Européenne via le Green Deal : devenir une société neutre en carbone d’ici 2050. Pour relever ce défi ambitieux, la rénovation énergétique fait partie des solutions.

Ce Fokus Podcast de Smart Media Agency a réuni Didier Hendrickx, responsable des relations publiques au sein de la fédération belge du gaz naturel Gas.be, Hugues Ninane, délégué commercial pour le fournisseur Antargaz, expert en matière de gaz propane en citernes, Eric Piers, le CEO de la fédération professionnelle belge du secteur de l’installation Techlink, et, pour finir, Virginie Wagner, la directrice régionale pour le sud de la Belgique et pour le Luxembourg au sein de l’entreprise KONE, leader mondial dans le secteur des ascenseurs, des escaliers mécaniques et des portes automatiques.

En Belgique, nous disposons d’un bâti ancien. Conséquence : 60 à 70% des habitations possèdent un certificat PEB (indiquant la Performance Energétique des Bâtiments) faible allant de C à F. Afin que notre pays soit neutre en carbone d’ici 2050, plus de 80 000 logements par an devraient idéalement être rénovés. Ce qui est loin d’être le cas actuellement…

“Pour atteindre les objectifs du Green Deal, il faudrait arriver à un rythme de 3% de rénovations annuelles minimum. Nous n’en sommes qu’à 1% !” constate Didier Hendrickx, représentant de gas.be. Selon lui, la pompe à chaleur est le dispositif idéal et le plus écologique pour alimenter un nouveau logement en énergie, mais dans le contexte actuel, il serait plus raisonnable et efficace d’encourager des options plus abordables financièrement telles que la pompe à chaleur hybride pour décarboner rapidement nos habitations déjà existantes.

Ce système de gestion intelligente combine une chaudière à condensation au gaz et une pompe à chaleur électrique. Il permet de réduire de 30 à 40% les émissions de CO2 en respectant un budget raisonnable. En effet, le coût d’une telle installation s’élève à environ 15 000 euros (et même moins si l’on dispose déjà d’une chaudière) tandis que l’investissement dans une pompe à chaleur électrique peut atteindre 60 000 euros. D’après le spécialiste, une solution hybride représente une étape vers la décarbonation. “Le particulier est libre de poursuivre ses efforts de rénovations lorsqu’il pourra se le permettre budgétairement parlant. De plus, à terme, l’idée est d’utiliser 100% d’électricité renouvelable et 100% de gaz renouvelable” précise Didier Hendrickx.

100% de gaz renouvelable d’ici 2050

L’avenir du gaz sera résolument vert. Chez Antargaz, le biopropane est amené à remplacer petit à petit le propane, fourni actuellement par la société pour alimenter en énergie les logements qui ne sont pas reliés au réseau de gaz naturel. Ces produits sont exactement les mêmes, seule leur origine diffère. “Le biopropane est issu de sources 100% renouvelables, principalement des huiles végétales ou des déchets alimentaires, et le propane est issu de sources fossiles mais il s’agit de la même molécule” détaille Hugues Ninane, délégué commercial au sein de l’entreprise.

Le seul hic ? La mise en place et l’approvisionnement des usines produisant ce gaz vert prend du temps. Le but d’Antargaz : distribuer 25% de biopropane à l’horizon 2030 et 100% d’ici 2050. “Malheureusement, même si nous réduisons de jour en jour notre dépendance aux énergies fossiles, nous ne pouvons pas encore totalement nous en passer. La transition vers des énergies propres et durables devra être phasée pour qu’elle aboutisse sans laisser la moitié de la population dans une paupérisation énergétique” souligne Eric Piers, CEO de Techlink.

Les nouvelles technologies au service de l’écologie 

Il existe des nombreux moyens d’économiser de l’énergie au sein d’un immeuble. L’entreprise finlandaise KONE, spécialisée dans les ascenseurs, est reconnue comme l’une des plus innovantes au monde. La durabilité est au cœur de ses valeurs. Elle a l’ambition de proposer des équipements complètement neutres en carbone d’ici 2030. Son secret : proposer des solutions de modernisation adaptées pour chacun de ses clients grâce à un système d’ingénierie intégrée. “Une gaine d’ascenseur ne sert pas juste à faire monter et descendre un ascenseur, c’est aussi la colonne vertébrale d’un bâtiment. On peut récupérer énormément de données à travers nos ascenseurs connectés” explique Virginie Wagner.

Il est notamment possible de repérer quand un étage est vide et d’y baisser la température. La rénovation énergétique d’un immeuble n’est pas forcément coûteuse et peut se limiter à quelques ajustements. “Le passage au LED, par exemple, combiné à des minuteries ou des détecteurs de présence permet déjà de faire une économie substantielle en termes de consommation d’énergie” rapporte la directrice régionale de KONE. La maintenance est également primordiale : bénéficier d’équipements bien entretenus, inspectés et nettoyés de manière régulière diminuent considérablement les risques de frottements, entrainant de l’énergie perdue. 

Les freins au changement

Des primes sont accordées aux citoyens afin de les encourager à effectuer des rénovations énergétiques. Mais ce n’est pas suffisant, selon Techlink: “Nous faisons appel à nos décideurs politiques, tous échelons confondus : assurez des normes claires, une stabilité législative et la sécurité des investissements. Les mesures politiques doivent être cohérentes et tournées vers l’avenir, plutôt que de viser un impact à court terme !” insiste Eric Piers, qui appuie également sur la nécessité de moderniser nos bâtiments publics tels que les écoles et les hôpitaux. Autre obstacle à cette transition énergétique : le secteur de la rénovation est confronté à une pénurie de main d’œuvre qualifiée. “Il semble que la jeune génération ne trouve que peu d’attraits dans nos métiers”, regrette le CEO de Techlink, “Ce sont pourtant des professions passionnantes, où les nouvelles technologies sont prédominantes et où l’emploi est garanti à long terme, peu importe le niveau académique !”.

“On rencontre effectivement ce problème chez Antargaz”, confirme Hugues Ninane, “On ne cesse d’engager et on cherche toujours des gens, que ce soit avec des profils administratifs ou techniques, qualifiés ou non : des chauffeurs pour nos camions, du personnel dans nos bureaux pour répondre aux questions de nos clients, etc. ». Pour recruter de nouvelles forces vives, la fédération professionnelle belge du secteur de l’installation a récemment lancé une campagne de sensibilisation auprès des jeunes de 13 à 18 ans baptisée Install Tomorrow. “Au niveau des autorités, il faudrait aussi se concentrer sur ce type de filière, c’est-à-dire mettre encore plus en adéquation les formations techniques et les entreprises” ajoute Didier Hendrickx.

Article précédent
Article suivant