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Lifestyle

Slow living : Plaidoyer pour une vie plus lente

03.05.2023
par Heleen Driesen

Il y a beaucoup de choses dans nos têtes. Les échéances, les obligations sociales et les listes de choses à faire réclament notre attention. Plutôt que de baisser le rythme, nous l’augmentons, causant des épuisements et des troubles physiques. La tendance « slow living » nous invite à ralentir et à choisir l’oisiveté, car c’est là qu’émerge la créativité.

Cet « ami » que vous continuez à voir par politesse. Cette soirée que vous n’avez pas pu annuler. Cette leçon de tennis hebdomadaire à laquelle vous vous traînez. Nous sommes souvent bien conscients du gaspillage de temps et d’énergie dans notre vie, mais comment faire autrement ? Notre peur de l’ennui est incompréhensible, fait remarquer à plusieurs reprises le professeur de philosophie Ignaas Devisch (UGent). Nous avons besoin d’être occupés pour nous protéger d’une réalité existentielle qui nous effraie encore plus : la vie est essentiellement vide et dépourvue de sens. 

Se connecter au présent

Pourtant, pour beaucoup, notre existence trépidante commence à peser. Cindy Chapelle, auteure du livre La Slow Life, se réfère à une étude internationale réalisée par le bureau d’études Observatory Society and Consumption (OBSOCO). « Près des trois quarts des personnes interrogées pensent que le rythme de la société actuelle est trop rapide. Plus de la moitié d’entre elles déclarent manquer de temps pour réaliser ce qui est essentiel pour leur épanouissement personnel. 90 % des personnes interrogées aimeraient accorder plus d’attention à leurs proches, 80 % souhaitent ralentir leur rythme personnel. » 

Vivre à 100 km/h, ce n’est pas la même chose que de vivre à 100 %, a déclaré M. Chapelle. Pourtant, ne rien faire demande parfois plus d’efforts que de courir un marathon. « Le « slow living », appelé aussi ″art de ralentir″, vous invite à cesser de courir après le temps. Le temps est précieux pour ceux qui osent ralentir. Arrêtez-vous : cherchez d’où vient votre énergie et où elle va. Ainsi, vous pourrez bannir de votre vie les automatismes et les pertes de temps ».

Pour l’essentiel, l’art de ralentir est lié à l’instant présent, explique M. Chapelle. « Le pouvoir de ralentir permet d’apprécier tout le potentiel positif du “maintenant”. En substance, le « slow living », c’est faire moins de choses, mais les faire mieux. Apprécier les plaisirs simples. Prendre soin de soi, des gens et des choses qui nous entourent. Cette attitude vous ramène à vos véritables priorités et ambitions. En vivant plus lentement, vous êtes plus en phase avec vous-même, votre confiance en vous s’accroît et vous vous épanouissez davantage dans votre vie. »

Aimez-vous vraiment ce cours de natation hebdomadaire ? Réfléchissez à d’autres activités qui vous plaisent.

- Eva Krebbers, photographe et auteure

Donner la priorité à la lenteur

Cet épanouissement, c’est aussi ce que recherchait l’auteure et photographe Eva Krebbers. « À un moment, j’ai réalisé que je gaspillais mon énergie. J’ai commencé à réfléchir à ce qui était vraiment important dans ma vie : ne pas travailler sans cesse pour vivre, mais profiter des choses qui me procurent de la joie. J’ai quitté mon travail (j’étais auparavant psychologue du travail) et j’ai fait de ma passion, la photographie, mon métier. » 

Depuis, le temps et l’argent jouent un rôle beaucoup moins important, souligne M. Krebbers. « Je sais ce que je dois gagner pour pouvoir faire ce qui me donne de l’énergie : de belles vacances en famille, un cours d’orfèvrerie ou une journée à chiner dans le quartier des antiquaires. C’est pour cela que j’économise. S’il me reste de l’argent à la fin du mois, je le consacre aux loisirs plutôt qu’à mon épargne. »

Krebbers conseille à chacun de réfléchir. « Pensez à ce qui vous rend personnellement heureux. Aimez-vous vraiment ce cours de natation hebdomadaire ? Réfléchissez à d’autres activités qui vous plaisent. Il peut s’agir de jardinage ou de saut à la corde avec vos enfants. Vous n’avez pas envie de cuisiner sainement aujourd’hui ? Installez-vous dans le canapé avec un paquet de chips, sans culpabiliser. Demain, vous cuisinerez à nouveau avec attention et amour. Profitez du moment et soyez fier du résultat. »

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Ode à l’ennui

Krebbers a écrit une ode à la nature, à la création et à une vie plus simple avec le « slow living ». « Qu’il s’agisse de cueillette sauvage, de fabrication de papier ou de brassage de bière, il est important d’être conscient de l’environnement dans lequel nous vivons.

Pour ma part, j’aime beaucoup créer avec mes mains. J’aime aussi partager des moments avec mes enfants. L’autre jour, par exemple, nous étions toutes les trois assises ici à broder. Les enfants ont adoré pouvoir offrir leur travail à leurs amis. »

Cependant, ce qui est un passe-temps relaxant pour certains est une corvée pour d’autres. Même dans ce cas, il est bon de savoir que c’est justement dans l’ennui que réside la créativité. « Le psychologue américain Peter Gray, entre autres, a montré que l’ennui rend les enfants plus créatifs », cite Chapelle. « L’ennui stimule leur autonomie, les incite à la découverte et à faire des choses par eux-mêmes. Ils gagnent en persévérance et en confiance en eux. » Le Dr Sandi Mann, spécialiste des émotions, a également constaté que l’ennui nous rend plus créatifs. Dans le cadre d’une étude, elle a demandé à des sujets de copier des numéros dans un annuaire téléphonique pendant 15 minutes. Après ce travail ennuyeux, ils se sont montrés beaucoup plus inventifs dans la réalisation d’une tâche créative. »

Pour vivre plus lentement, toutes les méthodes sont permises : philosopher, méditer, se laisser aller à la créativité ou rechercher l’oisiveté totale. « Essayez de nouvelles choses, soyez curieux et expérimentez », encourage Eva Krebbers. » Aucun jugement n’est posé. Il n’y a pas de jury ″slow living″ qui vous tapera sur les doigts. Seul vous savez ce qui est bon pour vous. Chaque jour est un autre jour.

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