Interview par Thibaut Van Hoof

Pierre de Maere : « La Belgique, c’est un terrain de liberté »

Récent lauréat d’une Victoire de la Musique, Pierre de Maere enflamme les scènes belges et françaises depuis quelques mois. Exilé à Paris mais amoureux de son pays, notre compatriote a pris avec nous le temps d’un retour aux sources.

À l’image de la Belgique, Pierre de Maere est un artiste inclassable. Il navigue entre les bons mots, le second degré et la poésie pour créer des chansons et des mélodies qui s’impriment dans nos têtes. Et en bon ambassadeur de notre plat pays, il n’oublie pas ses racines, même s’il passe aujourd’hui plus de temps à Paris qu’à Bruxelles. Il a même pris le temps de nous parler de sa vie d’avant la célébrité, d’avant Paris, quand il vivait à Walhain avec sa famille. Rencontre d’un amoureux de la Belgique qui refuse de se prendre la tête.

La Belgique, cela représente quoi pour vous ?

« La Belgique, c’est avant tout un terrain de liberté. Ici, on fait ce qu’on veut dans tous les domaines, et en particulier artistiquement. La Belgique est un pays très libre et spontané, au contraire de la France où tout est plus scolaire. Quand on est belge, on se laisse la possibilité de rêver et d’aller vers l’absurde, par exemple, mais en toute simplicité. En fait, la Belgique est un pays beaucoup plus simple que son système politique. »

Dans votre art, comment pensez-vous représenter la Belgique ?

« Ce second degré à la belge illustre bien mon art. J’aime le kitsch, j’aime le “mauvais goût”, l’inavouable. Je suis excessif dans mes textes et mes musicalités et j’aime utiliser l’absurde dans mes paroles. Ma chanson “Enfant de”, par exemple, est une chanson très belge. En résumé, j’espère apporter de la spontanéité aux gens qui écoutent mes chansons. Je ne me pose pas trop de questions, je ne suis pas complexé et je ne me prends pas trop au sérieux, à l’image de la Belgique. Je trouve qu’il faut garder cette force pour grandir. »

J’aime le kitsch, j’aime le “mauvais goût”, l’inavouable.

Si vous deviez choisir parmi vos traits de caractère  le plus belge d’entre eux, ce serait…

« Je dirais ce recul que j’ai par rapport à moi-même et à la vie en général. J’ai beaucoup de second degré dans mon approche de la vie, mais aussi de ma carrière. C’est une forme de dilettantisme que j’apprécie, qui est très belge et qui participe à cette force qu’on a de ne rien prendre trop au sérieux. »

La Belgique, c’est aussi la Flandre. Vous voulez aussi toucher le public du nord du pays ?

« Oui, pourquoi pas. Mais c’est encore un peu tôt pour dire que je suis connu de ce côté de la frontière linguistique. Je commence seulement à faire de la promo là-bas, à donner des interviews. Disons que je suis encore en phase de découverte, mais les premiers retours et messages sont très sympathiques à lire suite à mes premiers passages là-bas. J’aimerais donc continuer à toucher ce public. En plus, il s’agit vraiment d’un challenge qui m’anime, car j’y serais davantage reconnu pour ma musicalité que pour mes textes. Ce serait évidemment magnifique de contribuer à fédérer les deux cultures, même si ce n’est pas facile. »

Belgique

Cet été, vous serez présent sur plusieurs scènes belges durant la période des festivals. C’est l’occasion pour vous de découvrir l’envers du décor ?

« Pour être franc, ce n’était pas trop mon truc (rires). J’ai toujours été très casanier et je passais plus de temps à travailler sur mes compositions plutôt que d’assister à des concerts ou à des festivals. Et puis il faut aimer l’inconfort pour aimer les festivals. Dormir dans une tente, cela ne me plaît pas trop. Je suis donc content d’être de l’autre côté de la foule et d’être un peu plus à l’aise ! »

Vous habitez à Paris et y passez le plus clair de votre temps. Quand vous êtes en Belgique, quelles sont les choses que vous faites en priorité ?

« J’en profite avant tout pour passer du temps avec ma famille et me reposer, tout simplement. Je passe du temps dans notre maison à la campagne et j’en profite aussi pour voir mes amis que je vois très peu. Cela fait d’ailleurs longtemps que je ne les ai plus vus à cause de mon rythme de travail effréné. Et puis cela fait du bien d’être entouré de Belges qui ont une mentalité simple et plaisante. Ce n’est pas toujours le cas en France, même si j’y ai aussi des amis. J’ai appris à ne pas m’entourer de gens relous (rires). »

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Qu’est-ce qui vous manque le plus de la Belgique quand vous êtes en France ?

« Mes amis, ma famille et… mon chat ! Cela fait sourire mais j’y suis fort attaché. En fait, les Belges me manquent au sens large. Et puis il y a de grandes différences entre Paris et Bruxelles. J’adore la capitale française, mais il y a beaucoup moins d’espaces verts là-bas qu’à Bruxelles. C’est un grand atout qui me manque. On ne se rend pas compte comme il est aisé de prendre un bol de verdure à Bruxelles grâce à tous ses petits et plus grands parcs. »

30.06.2023
par Thibaut Van Hoof
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