Interview par Louis Matagne

Mike Horn : « Pour moi, la nature est le plus bel endroit ! »

Depuis 30 ans, Mike Horn fait rêver petits et grands avec ses explorations à travers le monde. D’Amérique du Sud en Arctique, il repousse constamment ses limites, parfois même au péril de sa vie.

Mike Horn, quelle est la plus vieille aventure personnelle dont vous vous souvenez ?

« La première expédition que j’ai faite, j’étais gamin. Je suis parti chez mon oncle pour un périple de 300 km à vélo sans rien dire à personne. J’ai grandi en voulant constamment sauter plus haut, courir plus vite et faire plus de vélo que les autres. Je voulais passer le plus clair de mon temps à l’extérieur, grimper aux arbres, jouer avec mon chien, faire du vélo. Aussi, je ne pense pas être devenu un explorateur. J’ai l’impression d’être né explorateur. »

Quelle est l’exploration qui vous a le plus marqué ?

« Le cercle arctique en hiver est l’endroit que j’ai le plus récemment exploré, et que j’ai trouvé le plus hostile dans ma carrière d’explorateur. Avec les températures extrêmes, la neige, l’obscurité, le terrain, le vent… Ce n’est pas un endroit fait pour qu’un être humain y survive. » Mike Horn explique.

Quel est le plus bel endroit du monde que vous ayez vu ?

« Chaque endroit a son propre charme. J’aime beaucoup le Groenland, la Nami- bie, les océans… Pour moi, la nature est le plus bel endroit ! J’adorerais explorer les fonds marins. Les océans couvrent la majorité de notre planète et c’est quelque chose que je n’ai pas encore fait. Il doit y avoir des merveilles à voir là-bas. »

Quand on part à l’aventure, qu’est-ce qui compte le plus entre la prépara- tion et l’adaptabilité ?

« Je dirais que l’un ne va pas sans l’autre. C’est en étant préparé que l’on peut s’adapter. Préparer une expédition est ce qui me prend le plus de temps autant physiquement que mentalement. Quand je suis parti en Amazonie la première fois, j’ai commencé à lire tous les livres possibles sur les espèces venimeuses que je pouvais rencontrer. Mais, il y en avait tellement que j’ai commencé à regarder uniquement celles qui ne l’étaient pas pour savoir lesquelles je pourrai manger. »

Mike Horn

Aujourd’hui, votre plus grand rêve, ce serait quoi ?

« Après avoir vécu tout ce que j’ai vécu, il m’arrive parfois d’avoir l’impression que le monde devient de plus en plus petit. Mais je n’en ai pas atteint les limites. Tant que je serai sur cette planète, tant que je serai en vie, il y aura toujours de nouveaux défis à relever : de nouveaux océans à traverser, de nouvelles montagnes à gravir, de nouvelles façons de faire le tour du monde ! Il me reste encore quelques ’’8000’’ à gravir, comme le K2 que j’espère retenter cet été, ainsi que le Nanga Parbat. Récemment, j’ai pris connaissance également d’une ri- vière encore jamais explorée en Amazonie. J’espère pouvoir m’y rendre cette année ! »

Lors d’une expédition dans l’Arctique en 2019, vous avez failli perdre la vie. Il n’y a pas un moment où vous vous dites : « Stop ! Cette fois je suis allé trop loin » ?

« Quand tu arrives, que tu as perdu 16 kg et que tu es allé au bout de toi-même, tu te dis ’’cette fois c’est bon’’. Mais l’Homme est con… (rires) Et il oublie vite ! Alors, quand tu te sens à nouveau en forme, tu n’as qu’une envie : repartir. C’est comme ça. J’ai besoin de vivre des sensations. Je dis souvent : tu peux choisir de vivre loin de la falaise, sans risques… Ou choisir de vivre au bord du vide, où tu as plus de chances de perdre la vie, mais où la vue est magnifique. Je préfère vivre une vie courte qui m’émerveille qu’une vie longue où je ne vis qu’à moitié. » dit Mike Horn.

En tant qu’explorateur, vous avez vu la planète et la nature changer lors des 30 dernières années ?

« Le plus grand signe du changement climatique que j’ai pu voir, c’est le changement des comportements des animaux. J’ai été témoin de l’attaque d’un grizzly sur un ours polaire. J’ai aussi vu la jungle amazonienne être détruite. Chaque onze secondes, l’équivalent d’un terrain de basket est coupé dans cette région. J’ai vu des océans de plastique partout où j’ai navigué. J’ai vu la glace se briser en Antarctique. J’ai vu la glace dériver au Pôle Nord et l’océan Arctique devenir impraticable en hiver. Pour moi, le climat change rapidement. La nature est mon terrain de jeux, l’endroit où je travaille. Et, aujourd’hui, il devient de plus en plus complexe pour moi de me lancer dans des expéditions. »

La mission mars 2020/Persévérance remet la conquête spatiale au goût du jour. Ça vous dirait d’explorer autre chose que notre planète ?

« Oui, je voudrais aller sur mars un jour si j’en ai la possibilité. Je suis un explorateur et découvrir des endroits encore jamais visités, il n’y a rien qui m’excite plus ! » explique Mike Horn.

Smart
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L’objet essentiel qui ne vous quitte jamais pendant vos aventures, c’est...

« Je pars toujours en expédition avec ma casserole. Sans elle, je ne serais plus là. Elle me suit depuis mes premières expéditions. Ce n’est pas un objet très fantasque, mais c’est utile ! J’ai aussi mon couteau suisse que j’ai développé avec
notre partenaire SWIZA. Il est toujours dans ma poche et m’a suivi au Pôle Nord. »

31.03.2021
par Louis Matagne
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