En quoi consiste Lab Box ?
Lab Box crée des sociétés et rachète des organisations existantes orientées vers la mobilité. Nous développons une dizaine de start-ups, dont le concept de véhicules partagés Poppy, le leasing de vélos Joule, ou encore la plateforme Mbrella qui aide les entreprises à gérer l’ensemble de leurs services mobilité. On vient également d’acquérir la compagnie de taxis Taxis Verts avec l’objectif de l’étendre à l’ensemble de la Belgique tout en redynamisant cette pièce essentielle du puzzle de la multimodalité auprès de la population.
Lab Box est rattaché à D’Ieteren. Quel est l’intérêt pour ce groupe de posséder son propre “laboratoire” ?
À travers cette filiale, D’Ieteren a pour ambition de passer de fournisseur de voitures à fournisseur de mobilité au sens large. La société familiale a conscience des changements à venir dans le domaine de la mobilité et désire prendre les devants afin de se renouveler et de perdurer pour les générations futures. La voiture reste le mode de déplacement le plus utilisé par les Belges mais les comportements sont en train d’évoluer, en particulier dans les villes, vers une mobilité multimodale. Le vélo a également beaucoup gagné en popularité au cours de ces dernières années. Le but de Lab Box est de permettre de tester de nouvelles idées.
Comment imaginez-vous la mobilité en Belgique dans 10 ans ?
Je pense que la mobilité aura continué à se complexifier, avec l’apparition de nouveaux modes de transport, et qu’elle se devra d’être résolument plus écologique, face aux enjeux environnementaux et aux réglementations qui ne font qu’augmenter. Au niveau des villes, il y aura certainement de moins en moins de place pour la voiture individuelle, avec une diminution des emplacements de parking et de plus en plus de taxes et de plans pour protéger les espaces de vie, tels que le plan Good Move à Bruxelles. Aujourd’hui, environ un ménage sur deux possède une voiture. D’ici dix ans, ce chiffre aura certainement fortement diminué.
Il y a 6 ans, on annonçait qu’en 2023, des véhicules autonomes circuleraient partout et que plus personne n’achèterait de voiture individuelle.
Cela veut-il dire que les véhicules partagés ont un bel avenir devant eux ?
Ils vont certainement continuer à se développer dans les centres urbains. Ce modèle économique fonctionne très bien là où il y a une forte densité de population. Mais ce n’est pas la panacée, car il s’agit d’un système difficile à mettre en place en périphérie et à la campagne. Idéalement, il faudrait toujours pouvoir trouver un véhicule partagé à 2 ou 3 minutes de sa localisation. Cela a moins d’intérêt si l’on doit marcher une demi-heure pour en récupérer un.
Et la voiture autonome, c’est pour quand ?
C’est une question sur laquelle les avis d’experts divergent fortement. Il y a 6 ans, on annonçait qu’en 2023, des véhicules autonomes circuleraient partout et que plus personne n’achèterait de voiture individuelle. Finalement, ce n’est pas le cas. Les développements prennent beaucoup de retard par rapport à ce qui était prévu. Certains spécialistes estiment qu’on roulera en voiture autonome chez nous dans un avenir très proche, d’autres pensent que ça n’arrivera pas avant minimum 20 ans. Le jour où ces robots-taxis apparaîtront, ce sera une véritable révolution, mais on ignore si elle aura lieu dans 5 ans ou dans 50 ans !
Les voitures thermiques sont-elles amenées à disparaître pour être remplacées petit à petit par des voitures électriques ?
Il n’y a aucun doute là-dessus. Via les nouvelles mesures fiscales, les législateurs belges “forcent” les entreprises à fournir des voitures de société électriques à leurs employés. Ce qui va convertir toute une partie du parc automobile thermique en électrique et encourager l’installation de bornes de recharge et d’infrastructures publiques adaptées à ce mode de transport. Le marché de la voiture électrique d’occasion va également se démocratiser, rendant le prix d’achat plus abordable pour le reste de la population.

Les entreprises ont-elles un rôle important à jouer au niveau de la transition vers une mobilité plus durable ?
Tout à fait. Passer par le B2B est une façon efficace de changer les habitudes de déplacements des gens. En général, tout ce qui part des entreprises se propage. L’idée du budget mobilité part du même principe. Le but est d’inciter les travailleurs à utiliser des modes de transport alternatifs, autres que la voiture de société. Imaginons qu’un employé reçoive un vélo électrique de son boulot et qu’il y prenne goût. Il y a des fortes chances qu’il utilise également son deux-roues dans son quotidien alors qu’il ne le faisait pas avant.
La voiture de société est-elle passée de mode ?
Non, car la voiture de société reste l’avantage fiscal numéro un proposé par les entreprises et choisi par les employés. Mais la tendance à opter pour un budget mobilité s’accentue d’année en année. On le constate au niveau des chiffres. Cela concerne surtout les entreprises évoluant dans un environnement très urbain et désirant recruter des jeunes talents qui sont davantage attirés par une politique de mobilité flexible que par une grosse voiture.
Pourquoi les entreprises ont-elles intérêt à adopter une mobilité axée sur la durabilité ?
Aujourd’hui, les autorités publiques, mais aussi les banques et les investisseurs exercent une pression sur les entreprises pour qu’elles diminuent leur impact environnemental. Celles-ci n’ont pas d’autre choix que de modifier leur flotte de voitures de société afin d’en diminuer les émissions de CO2 en l’électrifiant et en mettant en place des politiques de mobilité flexibles. C’est aussi une manière de soigner leur image, de se positionner comme un employeur attractif et, surtout, d’aller dans le sens où va le monde, tout simplement.
fact
Si vous étiez un moyen de transport, vous seriez...
« Un vélo partagé ! J’adore le vélo pour cette sensation de plaisir et de liberté qu’il me procure. Le fait qu’il soit partagé est synonyme de simplicité, ça évite le risque de se le faire voler ! ».